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Thalie et les âmes d'élite

Thalie et les âmes d'élite

Titel: Thalie et les âmes d'élite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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au goût du jour, bien plus faciles à entretenir, occupaient tout le rez-de-chaussée de cette nouvelle section, alors que
    deux
    grands
    logements
    et
    des
    pièces
    de
    service s’étendaient au premier étage. Son pari lui donnait le vertige. Si sa décision n’était pas la bonne, sa situation en souffrirait cruellement.
    Le sort allait servir ses intérêts. De petits coups la sortirent de sa rêverie. Elle revêtit sa robe de chambre, la serra d’une main contre son cou et ouvrit de l’autre la porte de deux pouces.
    — Madame, dit Jeanne d’une voie alarmée, le Château Frontenac est en flammes.
    — ... Tu es certaine ?
    La stupeur affectait son ton.
    — Du salon, nous voyons la lueur.
    Le grand hôtel de luxe se trouvait tout près, dangereusement près. Sans se soucier de sa tenue, Elisabeth traversa le couloir pour aller voir elle-même. A cette heure, le soleil n’était pas encore levé. Une lueur orangée apparaissait distinctement au-dessus des toits des résidences d’en face.
    — Grands Dieux ! s’exclama-t-elle. Cela semble un incendie important.
    Parfois, dans les restaurants, un feu de cuisine éclatait.

    La mésaventure récente du Kerhulu imprégnait toutes les mémoires. Mais un endroit comme le Château Frontenac comptait sur un personnel important, capable de maîtriser bien vite un début d’incendie. Pareille catastrophe semblait inexplicable.
    — C’est le drame de nos hivers, commenta l’un des locataires, un député originaire de Montréal. Nous surchauffons, et les gros poêles à bois ou à charbon deviennent de vraies bombes incendiaires.
    L’homme avait bien raison. Tout au long de la mauvaise saison, les journaux évoquaient régulièrement des conflagrations importantes.
    D’abord,
    le
    vieux
    séducteur
    ne
    parut
    pas se rendre compte que sa voisine se trouvait en peignoir.
    Le vêtement révélait ses jambes nues jusqu’au milieu des mollets. C’était compter sans le retour rapide du naturel.
    — Vous savez, on voit mieux de ma chambre. Si vous voulez venir...
    — Non merci, sans façon, fit-elle en retournant chez elle pour s’habiller.
    Ou celui-là dominerait bien vite son démon de fin d’après-midi, ou il chercherait très bientôt un nouveau logis.

    *****
    Le déjeuner s’était déroulé dans une atmosphère fiévreuse. Un pareil brasier risquait de lancer dans le ciel des tisons susceptibles de mettre le feu aux immeubles voisins.
    Personne ne pouvait prendre cette menace à la légère.
    Vers huit heures, Elisabeth revêtit son manteau de fourrure, un souvenir de ses années fastes, pour aller constater elle-même la situation. Elle descendit sur la terrasse Dufferin et, d’une distance de mille pieds peut-être, contempla la scène dantesque. Si les murs du grand hôtel tenaient toujours, toutes les fenêtres avaient éclaté et le toit n’existait plus. Les flammes montaient vers le ciel. Heureusement, le vent très faible soufflait vers le fleuve.
    — C’est une perte complète, chère madame.
    La femme se retourna pour voir à ses côtés un autre membre du trio de députés comptant parmi ses locataires.
    Celui-là, plus jeune, ne donnait pas dans le genre énamouré.
    Aussi n’hésita-t-elle pas à engager la conversation.
    — Les murs..., glissa-t-elle.
    — Il faudra les abattre afin de tout reconstruire.
    — Si les propriétaires décident de le faire. Cela doit représenter plus d’un million de dollars.
    — Mais regardez le point de vue.
    Machinalement, la femme effectua un demi-tour sur elle-ême pour
    voir
    le
    magnifique
    paysage
    de
    l’île
    d’Orléans, le fleuve et la rive sud au-delà.
    — Il y aura un hôtel à cet endroit grandiose, insista l’homme. Il ne reste plus qu’à savoir si le Canadien Pacifique se lancera dans l’aventure. Je parierais que oui... Mais le nouvel établissement ne sera pas prêt avant de nombreux mois.
    Ce
    délai
    servira
    vos
    intérêts,
    si
    vous
    saisissez
    l’occasion.
    — Que voulez-vous dire ?
    — Madame Picard, là, vous voulez me faire parler.
    Comme elle ouvrait sur lui de grands yeux innocents, il continua :
    — J’ai au moins six collègues qui habitent au Château Frontenac en permanence. Ils vont chercher un nouveau logis, ce sera un vrai jeu de chaise musicale. Puis l’été prochain...
    — ... Les touristes trouveront quelques centaines de chambres en moins.
    — Voilà!
    L’homme porta ses deux mains sur ses oreilles pour les réchauffer un peu, puis il

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