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Thalie et les âmes d'élite

Thalie et les âmes d'élite

Titel: Thalie et les âmes d'élite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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Ses parents seraient peut-être surpris de la voir se rendre si souvent au gymnase, mais ils ne feraient jamais la moindre remarque.
    — Vendredi matin..., suggéra-t-elle.
    — Je me rendrai disponible. Nous verrons alors s’il est possible d’en faire une belle habitude.
    Elle accepta la main tendue, mais le contact dura bien peu. Fernand regarda longtemps son amie qui rejoignait la rue, une jolie silhouette dans une robe d’un jaune clair, avec un chapeau de paille tout neuf. Elle lui parut terriblement séduisante.

Chapitre 23

    La période d’étude s’allongeait indûment. Les dizaines d’élèves s’entassaient dans une grande salle, chacun assis à une petite table. A l’avant, sur une estrade surélevée, un surveillant maintenait l’ordre. Il s’agissait d’un étudiant du Grand Séminaire désireux de payer de cette façon une partie de sa scolarité. Un peu avant quatre heures, les écoliers s’agitaient sur leur siège au point où le planton frappa sur son bureau à quelques reprises avec une brosse à tableau, pour les rappeler à plus de discipline.
    Depuis quelques semaines, Raymond Lavallée négligeat un peu ses études afin de s’absorber dans des biographies pieuses. Il venait de mettre de côté La Vie de Gemma, afin de revenir, pour la quatrième fois peut-être, à La Vie de la petite sainte Thérèse.
    A quinze ans, celle-ci écrivait: «J’ai soif de Dieu.»
    — Moi aussi, j’ai soif de Lui, murmura l’adolescent assez fort pour attirer l’attention des occupants des tables voisines.
    Un toussotement sec, un seul, s’accompagna alors d’un petit jet de sang, qui cacha complètement le nom de Dieu sur la page. La scène attira une grimace de dégoût sur le visage de son voisin immédiat. L’adolescent chercha dans sa poche un mouchoir déjà un peu souillé pour essuyer soigneusement son livre.
    Le surveillant consulta l’horloge au mur, sonna la cloche comme la grande aiguille toucha le XII. Il fronça les sourcils devant le désordre d’une horde de jeunes gens se dirigeant vers la porte. Raymond toutefois prenait son temps. Il rangea son livre dans son petit sac en toile, s’accorda le temps d’essuyer la sueur de son front sur la manche de sa jaquette.
    Lorsqu’il passa la porte, il se retourna pour dire :
    — Au revoir, l’abbé.
    Le titre précédait d’au moins deux ans l’ordination. Les élèves du Petit Séminaire désignaient pourtant de cette façon les étudiants en théologie, un peu pour les flatter, un peu par dérision. L’autre répondit distraitement, sans remarquer que le garçon jetait un dernier regard circulaire à la grande pièce, comme pour mieux se la rappeler.
    Dans la cour, Raymond fit la même chose, soucieux de fixer les lieux dans sa mémoire. En passant devant la basilique, il traça un signe de croix, puis il descendit la pente douce de la rue de la Fabrique. Rendu à l’intersection de la rue Saint-Jean, il s’immobilisa. Le cœur lui manquait: rentrer à la maison par l’escalier situé un peu plus bas parut au-dessus de ses forces. À la place, son sac accroché à l’épaule, sa casquette un peu rejetée vers l’arrière sur sa tête, il s’engagea sur sa gauche.
    Malgré la fraîcheur du 6 avril, la sueur coulait entre ses omoplates, atteignant la hauteur des reins. Une bouffée de chaleur colora son visage, rougissant ses joues. Même si sa destination ne se trouvait pas bien loin, il y arriva seulement un peu avant cinq heures, après s’être arrêté à deux reprises pour reprendre son souffle.
    L’écurie se trouvait toujours là, un édifice d’un seul étage plutôt bas dans la petite rue Simard. Il passa la large porte pour se retrouver devant le bureau de la réception.
    — Monsieur Lavallée, n’est-ce pas ? demanda sœur Sainte-Sophie.
    Cette fois, elle se souvenait de son nom. Sa dernière visite lui avait laissé une forte impression.
    — Oui... Je peux voir madame Picard?
    La religieuse eut envie de dire avec un peu de dépit:
    «Vous avez de la chance, bientôt elle ne viendra plus ici. »
    Mais les progrès de la construction du nouvel hôpital, et l’absence de la jeune femme dans les plans d’avenir, ne regardaient pas le garçon.
    — Le docteur Picard se trouve ici aujourd’hui. Mais quelques personnes sont arrivées avant vous.
    — Ça ne fait rien. Je vais attendre.
    Docilement, Raymond alla occuper une place sur un banc de la salle d’attente.

    *****
    Quand une malade sortit de la

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