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Thalie et les âmes d'élite

Thalie et les âmes d'élite

Titel: Thalie et les âmes d'élite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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Trois-Rivières.
    Cela se passait de toute précision. Alors que les deux autres se glissaient dans leur lit, le visiteur commença à déboutonner sa chemise. Le jour déclinant laissait une clarté blafarde pénétrer dans la chambre. Se dénuder devant des gens l’intimidait au plus haut point, aussi il se hâta afin de se cacher le plus vite possible sous les draps.
    «Une paillasse», se dit-il au contact du sac en grosse toile. Tout de même, la paysanne s’était mise en frais, le chaume embaumait la terre fertile et le soleil.
    Pour la première fois de l’été, il éternua.

    *****
    Le soleil tapait fort sur les dos et les nuques, collant les vêtements à la peau. Tout le monde était là : le père, la mère et les enfants. La fenaison nécessitait tous les bras disponibles.
    Toute la journée, Octave Tousignant mania la faux avec de grands gestes réguliers, rappelant ceux d’un métronome.
    Tôt le matin, Raymond s’était essayé à cette tâche, pour se faire chasser bien vite. Il se montrait tellement maladroit qu’il risquait de gâcher la récolte. Dans les circonstances, une fourche à la main, il s’était plutôt affairé à former des amoncellements de foin assez petits pour qu’on puisse plus tard les soulever. Dix longues heures de cet exercice le laissèrent épuisé. Le labeur avait été interrompu pendant une demi-heure, pour un repas consommé à l’ombre d’un arbre isolé.
    Le foin coupé le matin était assez sec pour être ramassé en fin d’après-midi, passé cinq heures. Le citadin comprit bien vite qu’il aurait mieux valu faire des bottes un peu plus modestes. Lui et le propriétaire de la ferme étaient les plus robustes. Il leur revenait donc de courir dans le champ, une fourche à la main, pour épingler ces amoncellements et, d’un geste combinant l’effort de tous les muscles du corps, les projeter sur la charrette conduite par la mère de famille.
    L’exercice exigeait en fait une force limitée pour une personne rompue à ce genre de besogne. Raymond, sans expérience, suait à grosses gouttes. Pire, son nez rappelait un érable au printemps, coulant maintenant sans discontinuer.
    Pendant la manipulation du foin, il devait s’arrêter souvent pour essuyer cette morve abondante. Chaque fois, cela signifiait se laisser distancer par la voiture et courir ensuite pour la rattraper. A la fin, découragé, il tortilla les coins de son mouchoir pour se les enfoncer dans les narines et les laisser là.
    — Hé, saint Raymond ! cria Léon depuis le haut du voyage de foin, tu feras une belle statue comme ça.
    Joignant les mains, les yeux tournés vers le soleil, il affectait la plus grande piété, reproduisant assez bien l’attitude de son cousin au moment de la prière du matin. La moquerie provoqua un rire généralisé. Raymond serra les mains sur le manche de la fourche, puis saisit une autre botte de foin pour la propulser de toutes ses forces vers le haut. La moitié lui retomba sur le dos, provoquant une hilarité redoublée des plus jeunes enfants qui couraient autour de la voiture.
    — C’est assez, les jeux, clama la mère en tirant sur les rênes afin d’arrêter le cheval. Il reste encore le train à faire.
    L’adolescent eut l’occasion de reprendre un peu son souffle en ramassant les tiges éparpillées sur le sol. Dans la charrette, sur un amoncellement de foin haut de plusieurs pieds maintenant, Léon devait répartir la charge et la fouler un peu. Sa sœur de quatorze ans l’aidait habilement. Au gré des bottes de foin lancées vers elle, Raymond avait eu tout le loisir de voir sous sa robe, et même sous la culotte plutôt lâche. Tantôt il essayait de garder les yeux au sol, ce qui n’améliorait pas la précision de son travail, ou alors il les laissait s’attarder sur les cuisses juvéniles... Pendant ce temps, il entendait
    Octave
    Tousignant
    jurer
    de
    l’autre
    côté
    de la charrette, car le travail n’avançait pas assez vite à son goût.
    — Nous en avons assez comme ça, déclara-t-il finalement. Si le voyage
    se
    renverse
    avant
    d’arriver
    à
    la
    grange,
    nous ne serons pas plus avancés.
    — Est-ce qu’on peut aller se baigner ? demanda Léon en se penchant vers lui.
    — ... D’accord, accepta le père. Mais demain, ce sera le tour des filles.
    Le garçon s’accrocha à une ridelle pour rejoindre le sol en douceur.
    — Tu viens ? cria-t-il sans se retourner.
    Raymond regarda son cousin courir vers une ligne

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