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Thalie et les âmes d'élite

Thalie et les âmes d'élite

Titel: Thalie et les âmes d'élite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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belles à raconter à son confesseur.
    En faisant le tour de la voiture, l’homme fit disparaître le rumble seat , puis il se mit au volant. L’instant d’après, malgré la neige lourde et collante réduisant la visibilité, il effectua un virage en « U » pour retourner à la maison.

    *****
Jeanne se tenait à l’extérieur, debout dans l’allée permettant de stationner la voiture, une valise au bout de chaque bras. Les yeux fermés tournés vers le ciel, elle laissait la neige se déposer sur ses traits, fondre bientôt en effaçant les larmes. Le bruit du moteur la força à ouvrir les paupières.
    Fernand descendit et prit les bagages de ses mains, toutes ses possessions accumulées en dix-sept ans de travail domestique, pour les poser sur la banquette arrière.
    Puis, revenu derrière le volant, il eut envie de se tourner vers sa compagne pour lui demander de nouveau «Tu es certaine?» comme il l’avait fait au cours des jours précédents. Une pensée le retint : s’il aimait cette femme au point de vouloir son bien, il devait l’aider à quitter la maison.
    Eugénie avait réussi à lui créer un enfer.
    Malgré le temps qui se dégradait rapidement, le trajet jusqu’à la pension Sainte-Geneviève ne prit que quelques trop courtes minutes. En mettant le frein à main, il murmura comme dans une prière :
    — Dis-moi que nous continuerons à nous voir.
    — Bien sûr, c’est ce que nous avons convenu, n’est-ce pas?

    Le ton ne paraissait pas vraiment convaincant. Afin de s’en assurer, en quelque sorte, Fernand se pencha vers elle pour l’embrasser sur la bouche. Elle l’arrêta de la main, le corps soudainement rigide.
    — Non, pas dans la rue. Quelqu’un pourrait nous voir.
    — Oui, bien sûr, fit-il en se redressant.
    La neige tombait de plus en plus fort, pas une âme ne se promenait à cette heure. Ceux qui n’assistaient pas à la messe se gardaient d’affronter le mauvais temps. Comme elle ouvrait la portière, il proposa :
    — Je m’occupe des valises.
    Alors que la jeune femme déverrouillait la porte de la pension, il les récupéra à l’arrière, puis entra dans la bâtisse à sa suite.
    — Le mieux est de les poser là, dit Jeanne en lui montrant l’espace libre devant le petit comptoir. Je les monterai tout à l’heure.
    Fernand fit comme on le lui disait, se pencha encore pour l’embrasser. Un bruit leur parvint de la cuisine.
    — Il y a quelqu’un.
    Toute insistance serait déplacée. Un long moment, ils se regardèrent, puis l’homme prononça à voix basse :
    — A bientôt, Jeanne.
    — Au revoir.
    Les mots sonnaient comme un adieu. Il sortit sans rien ajouter.

    *****
    Fernand revint devant l’église Saint-Dominique juste à temps pour voir les paroissiens sortir du temple. La neige tombait toujours, de plus en plus dense. Octobre prenait, cette journée-là, des allures de décembre.
    Quand les membres de sa famille se montrèrent sur le parvis, le notaire descendit pour aller au-devant de sa mère et lui offrir son bras. Un regard rapidement échangé entre eux suffit pour faire comprendre à la vieille dame que les événements suivaient leur cours. L’homme l’aida à monter dans la voiture, ferma la portière, puis passa à l’arrière pour soulever Charles et lui permettre de prendre place dans le rumble seat .
    — Je vais finir par partager l’avis de grand-maman, déclara Antoine. Cette température est un peu étonnante, pour un 11 octobre.
    — Demain, toute cette neige aura sans doute fondu à l’heure du midi, dit le notaire. Un caprice de notre pays.
    «Un linceul, plutôt», songea-t-il en prenant le volant.
    Une fois rue Scott, l’homme assista de nouveau sa mère pour entrer dans la grande demeure, laissant les autres se débrouiller seuls. La vieille dame et sa domestique s’esquivèrent bien vite dans la pièce réservée à la première, au fond de la maison. Quand chacun eut enlevé son manteau et ses couvre-chaussures, Fernand déclara:
    — Les enfants, nous allons dîner un peu plus tard, aujourd’hui. Jeanne n’est plus là. Votre mère devra s’occuper de préparer le repas.
    Il planta ses yeux durs, haineux même, dans ceux de sa femme.
    — Quand va-t-elle revenir? ronchonna Charles. J’ai faim, moi.
    Le gamin ne pouvait imaginer sa mère préparant un repas. Elle ne se donnait même pas la peine de faire son propre thé.
    — Elle ne reviendra pas, expliqua Antoine d’une voix placide.
    La scène du matin prenait

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