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Thalie et les âmes d'élite

Thalie et les âmes d'élite

Titel: Thalie et les âmes d'élite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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salle à manger complétée par un boudoir jouissait d’une vue sur le jardin.
    — Ici, précisa le jeune homme, la cuisine se trouve au sous-sol. Comme la rue est fortement inclinée, des fenêtres permettent d’en éclairer une section.
    — Le personnel montait les plats par l’escalier?
    — Non, regarde.
    Son guide alla vers une sorte de garde-robe, dont la présence paraissait tout à fait saugrenue à cet endroit.
    Derrière la porte apparut un large monte-plat.
    — En tirant sur cette corde, nous pouvons faire monter les assiettes, les plats de service, n’importe quoi, en fait.
    — Je ne suis pas certaine que ce soit si pratique, remarqua la femme.

    — Les maisons bourgeoises construites à cette époque comportent souvent des aménagements semblables. Cela permettait d’isoler les bruits de la cuisine et le personnel domestique, du reste de la maison.
    — Je verrai si une meilleure organisation ne serait pas possible. Nous montons, ou nous descendons ?
    Ils choisirent de visiter les étages supérieurs d’abord. Au premier et au second, des chambres se répartissaient de part et d’autre d’un couloir, certaines assez vastes, les autres plus modestes.
    — Les lieux se prêtent à un aménagement identique à celui de l’autre côté, expliqua Mathieu, pour une clientèle d’étudiants et de notables.
    — D’abord, il faudra décrotter la maison, repeindre les murs et mettre un nouveau papier peint là où ce sera nécessaire.
    Sous les combles, sans surprise, ils découvrirent les humbles quartiers des domestiques. Ils gardèrent l’exploration du sous-sol pour la fin. Une cuisine équipée à l’ancienne en occupait une
    section.
    Le
    reste
    de
    l’espace
    ne
    servait à rien d’autre qu’à entreposer le bric-à-brac des propriétaires.
    — Ce sont là les trésors de deux ou trois générations, remarqua Mathieu. Une fois vidée, la pièce pourrait être utilisée de manière profitable. Les fenêtres permettent même de voir la rue et je peux sans mal me tenir debout.
    Comme il mesurait six pieds, cela signifiait que tout le monde pourrait y circuler sans se frapper la tête contre les poutres soutenant le plancher. En s’approchant d’une fenêtre, la femme remarqua, gouailleuse :
    — Une vue parfaite pour des étudiants, tu veux dire : les jambes des femmes en contre-plongée et les pneus des voitures.
    Le jeune homme s’inquiéta de nouveau de voir tous ses projets partir en fumée. De retour au rez-de-chaussée, il formula, un peu d’inquiétude dans la voix:
    — Alors ?
    Pour le faire languir un peu, Elisabeth revint dans le salon, fit mine de s’intéresser aux fenêtres. Puis elle se retourna, un sourire moqueur sur les lèvres.
    — L’endroit me paraît plein de promesses... si le propriétaire accepte de réduire un peu son prix. Car je devrai procéder à de nombreux aménagements. Si l’inspecteur en bâtiments consent à me sacrifier son dimanche demain, j’aimerais bien revenir avec lui et vérifier le réalisme de certaines idées qui me sont venues au gré de la visite.
    — Il acceptera, sans aucun doute. Je peux même le contacter et lui demander de se présenter cet après-midi.
    Je vais te laisser les clés, le vendeur ne m’en voudra certainement pas.
    La femme songea à taquiner son compagnon pour son dévouement intéressé. Elle le remercia plutôt et partit avec un nouveau trousseau de clés en poche.

    *****
    Depuis le début de leurs rencontres hebdomadaires, jamais Buteau n’avait abordé de nouveau le sujet du cilice et des coups de griffe. A ce garçon qui confessait être sans cesse harcelé par le démon, qui trouvait tous les jours sur son chemin de multiples tentations, il donnait des directives, un mode d’emploi de la vie, en quelque sorte.
    Chaque fois, la rencontre s’ouvrait sur une généralité.
    — La mortification des yeux est la garde du cœur. Tu comprends ce que cela veut dire ?
    — ... Les yeux fermés, je ne verrai pas les occasions de péché ?
    — Les yeux fermés, tu ne feras pas cent pieds sans te casser une jambe.
    La voix contenait une ironie suffisante pour devenir un peu blessante. Raymond se souvint d’une recommandation formulée lors de l’un de leurs rendez-vous précédents: châtier sa langue, ne pas répondre aux moqueries.
    — Les tenir baissés en tout temps me semblerait plus prudent, poursuivit l’ecclésiastique.
    — Oui, vous avez raison.
    La démarche de l’adolescent vers la sainteté

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