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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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je vous parle, ils se trouvent sûrement largement au sud d’ici.
    — Pardon ? En marche, vous dites ?
    —  Tak [48] , répondit-il. Lors de notre
arrivée à Bsheshch, nous avons été doublés par le roi Feva et ses troupes, qui
se dirigeaient elles aussi vers le sud. Même à cheval ou à pied, ils étaient
plus rapides que nous qui devions lutter contre le courant. Et puis leur
chargement était bien sûr largement plus léger que le nôtre.
    — Ils étaient en route pour rejoindre Strabo ?
    — Que voulez-vous dire, avec votre Strabo ?
    — Je vous parle de Théodoric Triarius, enfin ! m’exclamai-je,
impatienté. Celui qui prépare sa campagne contre Théodoric l’Amale.
    Le capitaine ouvrit les bras d’un air désolé ; il
n’avait entendu parler ni de l’un ni de l’autre. J’aurais dû m’y attendre.
Durant sa vie, cet homme avait parcouru des milliers de milles romains sur
cette rivière, mais il n’en avait pas arpenté un seul sur les berges.
    — Tout ce que je puis vous dire, Pana Thorn, c’est
qu’ils se dirigent au sud. Et que tak, ils avaient bien l’air de partir
en guerre.
    — Vous avez dit à l’instant que bien sûr, leur
chargement était plus léger que le vôtre. Qu’entendiez-vous par là ?
    — Nous exécutions les ordres du roi Feva :
plusieurs barges telles que la nôtre devaient transporter des vivres et des
armes et les déposer de façon échelonnée en plusieurs points des rivières Viswa [49] et Buk.
    Ainsi ses chevaux et ses troupes trouveraient de la
nourriture au fur et à mesure de leur avancée.
    Les préparatifs de la campagne avaient été soigneusement
étudiés, songeai-je, et mis en route sans que j’en aie eu la moindre
connaissance. Les Ruges avaient dû s’élancer vers le sud durant ma captivité
chez les Amazones. Cette découverte me chagrina un peu, mais ne m’incita pas
pour autant à sauter de la barge ou à exiger mon débarquement sur la berge. Je
n’avais aucun intérêt à pister cette armée, ni même à tenter de la dépasser
pour aller prévenir Théodoric. Si même ces simples mariniers étaient au courant
de l’expédition en cours, nul doute qu’il l’apprendrait bien vite à son tour.
    L’important à mes yeux était que dès le lancement de
l’attaque, je me trouve aux côtés de mon roi, et je ne doutais pas d’y
parvenir. Les guerriers les plus hardis répugnent en effet à engager les
hostilités au cours de l’hiver, et pour les mêmes raisons ne combattent jamais
la nuit, l’obscurité gênant leurs mouvements aussi sûrement que le froid et la
glace. Même si Strabo rassemblait ses forces avant le début de l’hiver, et
profitait de cette période pour leur faire prendre des positions stratégiques,
l’assaut ne serait pas donné avant le printemps. Cela me laissait suffisamment
de temps. De toute façon, même si je rejoignais Théodoric, je ne serais jamais
qu’un simple combattant de plus dans ses rangs. En attendant, je pouvais me
rendre bien plus utile là où je me trouvais. Théodoric me l’avait dit, un
jour : il ne dédaignerait pas d’avoir un Parménion à sa solde derrière les
lignes ennemies.
    Je restai donc à bord, mettant à profit le reste du voyage
pour tirer du capitaine et de ses compagnons le maximum d’informations sur les
Ruges. Le trajet jusqu’au confluent de la Buk et de la Viswa, plus large, étant
long de cent cinquante milles, auxquels s’en ajouteraient encore deux cent
cinquante jusqu’à l’embouchure, j’avais le temps de découvrir pas mal de choses
à leur sujet, et de me poser un certain nombre de questions.
    Les Ruges, ainsi que je ne tardai pas à l’apprendre, étaient
un peuple germanique vaguement relié aux Vandales, ayant toujours habité les
terres bordant l’Océan Sarmate. Ils pratiquaient encore la Vieille Religion, le
christianisme n’ayant jamais été à l’honneur parmi les tribus du Grand Nord.
Ils partageaient ces terres avec des tribus slovènes appelées les Kachoubes et
les Wiltses [50] . Ces Slovènes étaient des paysans s’occupant de
leurs fermes, adeptes de la pêche et des rudes activités agraires, et les Ruges
étaient en quelque sorte leurs suzerains, exploitant leur travail et
s’accaparant la majeure partie des profits générés par l’ambre ramassée par les
paysans le long des côtes. Ainsi, depuis des siècles, les Ruges se contentaient
d’exercer leur domination, dans ce petit royaume peuplé de semi-esclaves.

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