Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
Vom Netzwerk:
autoritairement à
bord en aboyant des questions d’un air aussi suffisant qu’officiel.
    — Les officiers portuaires, souffla le capitaine. Ils
viennent inspecter ma cargaison. Mais ils aimeraient également savoir qui vous
êtes et ce qui vous amène à Pomore.
    Je répondis la vérité, du moins en partie :
    — Informez ces hommes que je suis le Saio Thorn,
envoyé en mission au service de Théodoric (je me gardai bien de préciser
lequel), et venu remercier la reine Giso d’avoir envoyé ses compatriotes les
Ruges participer à cette guerre entre rois.
    J’exhibai le document dont j’étais porteur, persuadé que ces
sous-fifres ne seraient pas en mesure de le déchiffrer, mais que son aspect
prestigieux suffirait en revanche à les impressionner. Et ce fut le cas,
puisqu’ils cessèrent aussitôt leurs aboiements. Le capitaine lui-même me
témoigna un degré de considération supérieur lorsqu’il se fit leur interprète :
    — Ils disent qu’un personnage aussi éminent ne doit pas
loger dans une vulgaire auberge du port. Ils vont vous escorter jusqu’à vos
appartements au palais, et vous faire annoncer à la reine.
    Certes, j’aurais préféré qu’on me laissât diriger mes
affaires à ma guise, mais je n’allais quand même pas dédaigner d’être traité
comme un dignitaire. Je les suivis donc par les rues froides jusqu’au palais,
où ils mandèrent un majordome pour s’occuper de moi. Je laissai ce dernier
réclamer un palefrenier pour Velox et me conduire dans une petite maison du
palais, où il me présenta une brochette de serviteurs kachoubes à face de lune
tout dévoués à ma personne, et me fit commander un repas.
    Le palais n’était pas aussi luxueux que ma propre ferme à
Novae, et les domestiques n’en avaient pas la qualité. Le repas s’avéra
exclusivement composé à base de hareng, même si de savantes préparations
avaient pour objet de le dissimuler. Je me réjouis donc, en mon for intérieur,
d’avoir échappé aux krchmas de niveau inférieur. Quoi qu’il en soit, la
suite des événements me donna un bon avant-goût du comportement de la reine
Giso. Une hôtesse consciente de la faiblesse relative de l’accueil de son
palais aurait pu avoir à cœur de la compenser par un déploiement de courtoisie
supérieur à la normale. Mais la hautaine Giso ne m’accorda audience que le
lendemain.
    L’impression d’avoir affaire à une vaniteuse se confirma
lorsque je fus convié à me rendre dans le bâtiment principal du palais. La
« salle du trône » était, dans sa vaine prétention à la splendeur,
des plus pathétiques. La reine articulait la Vieille Langue avec un accent
rustique déplorable, ses vêtements et bijoux n’avaient rien d’étincelant ;
elle me reçut néanmoins avec une pompe digne de l’empereur Zénon dans son
Palais de Pourpre. Giso ne devait pas être bien vieille, car le prince Frido,
qui assistait à l’audience, n’avait pas plus de neuf ans. Mais sans doute pour
compenser son physique ingrat – ses dents proéminentes empêchaient presque
ses lèvres de se refermer –, elle affecta la condescendance ombrageuse
d’une vénérable douairière dérangée par un adolescent impubère.
    — Quelle est exactement votre mission auprès de nous,
Maréchal ?
    Je lui tendis mon document, mais elle le repoussa d’un geste
négligent de la main, comme pour signifier qu’elle était très largement
au-dessus de ça… et démontrant en réalité qu’elle ne savait pas lire. Elle n’en
continua pas moins à se mettre en scène, usant du pluriel royal dans ses
propos.
    — Nous voudrons bien admettre que vous venez de la part
de notre cousin Thiudareikhs Triarius. Nous espérons qu’il ne vous a pas envoyé
pour nous réclamer davantage que notre contribution actuelle.
    Je fus un moment tenté de faire fondre sa pompeuse
suffisance en lui avouant quel Théodoric je représentais, et en lui faisant
savoir combien les Ruges, à son instigation, avaient placé ladite
« contribution » entre de mauvaises mains. Mais reprenant la parole,
elle m’en empêcha :
    — Si l’on excepte ces pauvres hères de Slovènes, qui ne
sauraient en aucun cas combattre comme de véritables guerriers, nous vous avons
déjà envoyé tous les hommes plus aptes et plus âgés que mon cher fils Frido ici
présent.
    L’enfant prit un air sinistre, montrant clairement que cette
exemption ne lui seyait guère.
    — Et nous avons dangereusement

Weitere Kostenlose Bücher