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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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Théodoric le récit de mes aventures
depuis mon départ en mission. Dans les grandes lignes, je m’en tins à la
vérité, même si, sur bien des points, elle venait contredire les vieux chants
et autres légendes, fables et mythes ancestraux. Cependant, afin de ne pas
susciter de questions trop embarrassantes, je glissai très vite sur les raisons
qui avaient poussé un certain Thor à venir depuis les terres wisigothes se
joindre à ma quête. Je restai également très flou sur les circonstances dans
lesquelles, selon mon expression, la situation « avait tourné au
drame » entre ce personnage et Swanilda, l’ancienne cosmeta du
palais. Je lui parlai des gens que j’avais rencontrés en chemin, mentionnai les
noms des peuples mal connus dont j’avais pu entendre parler, et ceux chez
lesquels j’avais séjourné. Tout cela sans omettre de lui décrire nombre de
coutumes et pratiques étranges que l’on m’avait apprises, ou dont j’avais
moi-même été le témoin.
    — Maintenant, en ce qui concerne l’histoire des Goths,
continuai-je, elle semble remonter à la nuit des temps, lorsque cette très
vieille famille de dieux nommés les Aesir choisirent l’un des leurs comme
géniteur initial de tous les peuples germaniques. Et ce fut Gaut, apparemment
un peu moins qu’un dieu mais sans doute bien plus qu’un roi. De tous les
peuples auxquels il donna naissance, nous autres les Goths sommes les seuls à
avoir gardé son nom, bien qu’il se soit également perpétué sous la forme de
l’adjectif gut dans tous les dialectes de la Vieille Langue.
    — Ma parole, c’est pourtant vrai…, murmura Théodoric,
agréablement surpris. Je n’avais jamais songé à faire le rapprochement.
    — Le premier nom de mortel à apparaître dans l’histoire
des Goths, poursuivis-je, est celui du roi Berig, qui commanda les troupes
parties en bateau du Gutaland pour voyager au-delà des mers. Après un séjour
sur les côtes du golfe Wende dont je ne connais pas la durée exacte, c’est le
roi Filimer qui les mena durant leur longue migration vers le sud, à travers
tout le continent. Et il y a une chose que je tiens à te dire, Théodoric, pour
l’avoir personnellement observée et éprouvée. J’ai vu tous les endroits où ont
vécu les Goths et par lesquels ils sont passés, le Gutaland, la Côte de
l’Ambre, et d’autres terres encore. Eh bien je puis t’affirmer que je comprends
les raisons pour lesquelles ils n’y sont pas restés. Je suis sincèrement
heureux – et crois-moi, tu peux aussi t’en réjouir – qu’ils n’aient
pas décidé d’y demeurer, car alors nous-mêmes serions nés sur ces terres mornes
et stériles. Je me réjouis même que nos ancêtres aient abandonné les Bouches du
Danuvius, même si apparemment ils avaient trouvé nettement plus habitables ces
prairies et ces marécages. C’était un endroit tellement confortable, du reste,
qu’ils commencèrent à s’y amollir, et devinrent bientôt flegmatiques et
satisfaits d’eux-mêmes. On m’a dit, et je veux bien le croire, que les Huns
leur avaient rendu un fier service en les chassant de ces contrées de la mer
Noire ; sans cela, ils se seraient probablement dirigés vers leur propre
extinction, comme ce fut le cas des Scythes. Ou pis encore, ils seraient
devenus un peuple de pâles marchands.
    — Je suis bien d’accord, fit Théodoric, me saluant de
son verre levé avant de le vider d’un trait.
    — Pour en revenir à la succession des rois,
continuai-je, après Filimer s’ouvre une période extrêmement confuse quant aux
noms, aux dates et même à l’ordre des différents règnes.
    Tout en parlant, je compulsais les nombreuses notes que
j’avais prises en cours de route, ayant apporté au palais tous les parchemins,
tablettes de cire et feuilles de platane où elles étaient consignées.
    — En fait, on m’a révélé les noms de ces rois dans
l’ordre inverse, puisqu’à mesure que je progressais vers le nord, je remontais
en quelque sorte dans le temps.
    Je lui lus la longue liste de noms, et certains, qu’il
reconnut au passage, furent salués d’un signe de tête. À l’énoncé des autres,
en revanche, il se contenta de lever les sourcils, indiquant clairement par là
qu’il les entendait pour la première fois.
    — Il arrive parfois, fis-je remarquer, qu’on
reconnaisse nettement un nom wisigoth ou gépide. Uffo-le-Grand-Nigaud, par
exemple, fut probablement un Gépide, et

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