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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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volumineuse carruca dormitoria. Strabo
et ses compagnons ravisseurs ne se gênèrent d’ailleurs pas, à plusieurs
reprises, pour m’inciter à chevaucher, mais j’étais obstinément décidé à ne
rien en faire. Puisque j’étais emmené quelque part en captivité, on me
transporterait. Après tout, j’étais censé être une princesse ; il fallait
donc me traiter comme telle. N’ayant traversé aucune localité suffisamment importante
pour nous proposer le plus rudimentaire pandokheíon, ni même, gasts-razna [8] ou krchma présentables, nous dûmes nous résoudre chaque soir à camper en
plein air. J’avais donc au moins l’abri de la carruca pour me préserver
du froid et des rigueurs croissantes du climat, et quand Strabo ne venait pas
se vautrer auprès de moi pour y passer la nuit – ce qui arrivait tout de
même une fois sur trois ou sur quatre –, je pouvais dormir tranquillement
jusqu’à l’aube, confortablement installé sur ma couche.
    Il nous arriva bien de croiser ici et là une voie romaine
praticable, mais elles étaient toujours orientées nord-sud, croisant
perpendiculairement notre route. L’une d’entre elles, celle traversant la
Shipka ou Passe Épineuse, m’était familière, puisque nous l’avions empruntée à
l’aller avec Amalamena, Daila et notre compagnie. Mais Strabo n’entendait pas
dévier de la route directe qu’il s’était tracée, même si un crochet empruntant
une meilleure route eût facilité et accéléré notre progression. Nous pressions
le pas vers l’est, continuellement. Je ne savais toujours pas vers quelle ville
ou forteresse nous nous dirigions, mais ce dont j’étais sûr, c’est que si nous
persistions à cheminer dans cette direction, nous finirions par atteindre la
mer Noire.
    Et ce fut ce qui arriva. Je l’avoue, je fus quelque peu
désappointé de constater que celle-ci n’est pas, comme on pourrait s’y
attendre, une étendue liquide d’un noir stygien. En vérité, c’est un très joli
morceau de mer, d’un azur passementé d’une dentelle d’écume blanche là où elle
vient lécher les côtes, et s’assombrissant du bleu au turquoise, puis au vert
sombre à mesure que ses eaux s’approfondissent vers le large, jusqu’à se fondre
progressivement dans le bleu du ciel, vers le lointain horizon du large. La
baignade y est aussi bien plus agréable que dans les eaux de la Méditerranée,
la salinité y étant deux fois moindre. Pour être franc, autant le préciser, la
mer Noire n’est belle que lorsqu’elle veut bien l’être. Elle tient son nom un
peu mélancolique du fait que de temps à autre, sans qu’on puisse le prévoir et
même par un jour de soleil, elle peut soudain décider de se couvrir d’un
brouillard si dense qu’il peut aveugler et confondre un marin aussi totalement
que la nuit la plus noire.
    La première fois que je découvris la mer Noire, ce fut sur
une étendue déserte de sa côte, en bordure de l’Haemimontus. Nous longeâmes
alors ce rivage en direction du nord, traversant bientôt l’invisible frontière
qui nous séparait de la Moesia Secunda, ou Mésie Supérieure : nous venions
donc de pénétrer sur le domaine propre de Théodoric. Strabo nous fit traverser
ces terres le plus rapidement possible, suivant une trajectoire strictement
septentrionale qui ne tarda pas à nous éloigner de la mer Noire. Après avoir
franchi une autre frontière invisible, celle de la province de Scythie, nous
tournâmes de nouveau nos pas vers l’est. Nous arrivâmes bientôt dans la cité
côtière de Constantiana [9] .
    Autre ville fondée naguère par Constantin le Grand, elle
tient son nom de la sœur de l’empereur, Constantia. À tort ou à raison, et tout
simplement peut-être parce qu’il l’occupait, Strabo utilisait cette ville comme
forteresse, et la considérait apparemment comme sa « capitale ». Il
faut dire que cette cité plutôt élégante, agréable et populeuse était, et est
toujours, digne d’un tel titre honorifique : son vaste port était aussi
bondé de vaisseaux divers (caboteurs ou navires de haute mer) que celui de
Perinthus, sur la Propontide.
    La résidence de Strabo abritait sous le même toit son praitoriaún [10]  ;
ce toit immense, assez semblable à celui du Palais de Pourpre de
Constantinople, en plus petit, recouvrait également de nombreux bâtiments
annexes, baraquements de caserne, entrepôts, maisons d’esclaves ou écuries. Ce
palais, combinant des fonctions

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