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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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vue de la cité, dans la barge qui
nous emmenait tous deux à Novae, je lui avais conté en détail le siège de
Singidunum et la défaite de Babai, roi des Sarmates.
    — Et donc à présent, Saio Thorn, déclara-t-il
avec empressement, tu vas me décrire en situation tout ce que tu as vécu à l’époque.
    — D’accord, fis-je, tandis que nous déambulions. Devant
nous s’élèvent les portes, maintenant reconstruites, que nous avons écartées à
l’aide de nos « trompettes de Jéricho ».
    Un peu plus loin, je racontai :
    — Et c’est sur cette place que je me souviens avoir
embroché un guerrier sarmate en armure d’écailles, tandis que de l’autre côté,
Théodoric a éventré le traître Camundus.
    Je poursuivis mes commentaires :
    — Derrière ce mur, on jetait les cadavres pour les
brûler, et cette place centrale fut celle où nous célébrâmes le banquet de la
victoire.
    Je conclus notre visite par ces mots :
    — Je te remercie, Frido, de m’avoir projeté ainsi dans
la peau du vétéran revisitant les lieux favoris de ses exploits. Mais
maintenant, fais-moi plaisir, trouve-toi un amusement de ton goût. Moi, il faut
que j’aille m’adonner à l’un des plaisirs traditionnels des vieux soldats en
campagne.
    Il rit d’un air de connivence, et dans une joyeuse
révérence, s’éclipsa.
    On imagine en général – du moins chez ceux de mes
compatriotes qui n’ont jamais fait la guerre en territoire étranger – que
les officiers de l’armée occupent leurs loisirs à aller transpirer dans de
respectables thermes pour leur toilette, tandis que seuls les vigoureux et
grossiers hommes du rang se rendent dans les lupanars pour culbuter les filles
et se saouler sans vergogne. Ce que j’ai pu observer pour ma part, c’est que
les deux groupes se répartissent tout à fait équitablement entre ces deux types
d’activités.
    Je me rendis ainsi en premier lieu dans les meilleurs
thermes masculins. Tout en m’y prélassant confortablement, je m’imbibai d’assez
de bon vin pour me sentir agréablement éméché. Puis je sortis arpenter encore
une fois les rues, avide de plaisirs nouveaux. Je n’avais pas l’intention
d’aller m’encanailler dans un lupanar, et n’en avais pas besoin non plus.
J’étais assez bien fait de ma personne pour séduire des femmes un peu plus
distinguées qu’une simple ipsitilla [75] même si je n’arborais pas l’élégant
uniforme et les insignes conformes à mon rang. J’étais encore proche des
thermes quand je captai le regard admiratif d’une jeune femme aussi joliment
vêtue que bien dotée par la nature. Comme l’avenir le montra, elle disposait
également d’un intérieur confortable, où il ne manquait rien de ce qu’une
épouse puisse rêver, excepté un mari, le sien étant un marchand du fleuve parti
vers l’aval pour affaires. Ce n’est que fort tard dans la soirée que nous
fîmes, elle et moi, une pause pour nous présenter l’un à l’autre. Elle se nommait
Roscia.
    Deux jours plus tard, remontant du camp, je revins me
promener dans la ville. Je portais alors dans un sac mes vêtements de Veleda,
ainsi que tous les bijoux et produits de maquillage nécessaires au changement
d’identité. Je trouvai une allée retirée où je pus me changer sans attirer
l’attention. Puis je me rendis dans les meilleurs thermes féminins de la cité
et y passai un long et voluptueux moment. Je quittai l’endroit à la tombée de
la nuit, marchant languissamment avec la même assurance – et l’œil aussi
alerte – que Roscia l’avait fait l’avant-veille au soir. Tout comme elle,
je ne tardai pas à captiver l’œil d’un mâle de belle prestance. Lorsqu’il
approcha d’une démarche hésitante, je dus faire un effort pour demeurer impassible.
Ce n’était pas un citadin local, mais l’un de nos guerriers, et il était très
jeune. De plus, à en juger par son haleine, il avait dû absorber une bonne
quantité de vin pour trouver le courage d’accoster une femme dans la rue.
    Il balbutia gauchement :
    — S’il vous plaît, gracieuse dame… puis-je marcher un
peu avec vous ?
    Je le dévisageai froidement et répliquai, avec une sévérité
feinte et un véritable amusement intérieur :
    — Tu n’as pas encore fini de muer, mon garçon. As-tu la
permission de ta mère, de sortir ainsi la nuit tombée, niu ?
    Frido – car il s’agissait bien de lui –
tressaillit d’un air coupable et, comme je m’en

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