Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
Vom Netzwerk:
choix
offerts par le message de Théodoric. Lorsque nous pénétrâmes dans les faubourgs
malodorants, notre accueil, en revanche, ne fut pas particulièrement
chaleureux. Les citadins n’étant pas aussi enclins que les campagnards à
rassembler leurs biens et à fuir, nous trouvâmes leurs entrepôts bien garnis en
provisions variées – en plus du porc, il y avait aussi du grain, du vin,
de l’huile et du fromage – et cette abondance, dont nous profitâmes
grassement, permit à nos troupes de passer l’hiver dans un confort tout à fait
acceptable. Cependant, la principale arme défensive de la ville – son
infecte odeur – nous tint à bonne distance. Rien ne fut dévasté, les
maisons n’étant pas occupées par nos troupes, et aucun habitant ne fut même
molesté, notre campement ayant été installé loin de la ville, hors d’atteinte
de son infection olfactive.
    Nous dûmes également nous passer des divertissements que
nous avions tant appréciés à Singidunum. Car même lorsque nous eûmes dévoré le
dernier porc, la dernière truie et le dernier cochon de lait, et même quand
nous eûmes nettoyé tous les garde-manger de la ville de leurs ultimes vestiges
de lard et de jambon séché, la cité empestait encore la porcherie et les abats.
Au point que les eaux thermales, les demoiselles des lupanars et autres
papillons de nuit de la ville restèrent inapprochables, et nul d’entre nous,
Frido et moi inclus, ne fut tenté d’aller en ville se baigner, ou goûter aux
plaisirs de la chair. Durant tout l’hiver, nos hommes préférèrent rester
sagement cantonnés à leur poste et vaquer à leurs tâches militaires dans l’air
plus sain des campements.

 
23
    Le printemps ramena un temps plus clément, et nous reprîmes
notre marche vers l’ouest. Mais pour atteindre la frontière de la Vénétie, les
choses ne furent pas aussi faciles que nous l’avions escompté. À une
soixantaine de milles en amont de Sirmium, en un lieu nommé Vadum, nous fûmes
pris dans une embuscade par des forces hostiles. Vadum n’est pas une ville, pas
même un village. Ce lieu signifie juste « le gué », car c’est
précisément l’endroit où la route traverse le fleuve, menant de la berge
septentrionale parsemée de collines à l’autre rive, au sud. Pour nos
assaillants, il était évident que c’était là, durant la lente et difficile
traversée du gué par les hommes, les chevaux et les convois de notre grande
armée, que nous serions les plus vulnérables à un assaut inopiné.
    Dissimulés, les guerriers attendirent qu’une bonne moitié de
nos troupes aient atteint la rive sud, trempées, à moitié gelées, fatiguées et
hors d’état de se battre. Un quart d’entre nous se trouvait alors dans l’eau,
l’autre quart étant occupé aux derniers préparatifs de la traversée. Ce fut le
moment que choisirent nos agresseurs, embusqués dans les bois sur les deux
côtés du fleuve, pour lancer plusieurs volées successives de flèches suivant
une trajectoire précise. Lorsque ces averses sifflantes fondirent sur nous,
décimant ici et là hommes et chevaux, nous pensâmes immédiatement que les
légionnaires d’Odoacre avaient trouvé le moyen de nous prendre de vitesse. Mais
dès que nos assaillants émergèrent du couvert des arbres, nous pûmes distinguer
ces archers et hommes d’épée à l’assaut et ces lanciers à cheval fonçant vers
nous au grand galop, hurlant force cris de guerre. Nous fûmes alors frappés par
la ressemblance de leurs équipements avec les nôtres : mêmes armures,
mêmes casques et mêmes boucliers. Cette constatation nous surprit plus encore
que l’embuscade proprement dite : ceux qui nous attaquaient étaient des
frères de sang, des Goths comme nous ! Il s’agissait – nous
l’apprîmes peu après – d’une tribu de Gépides, commandés par un roitelet
du nom de Thrausila.
    Bien sûr, aucune tribu n’était assez nombreuse pour caresser
le moindre espoir de vaincre une armée comme la nôtre, même compte tenu de
l’avantage stratégique donné par l’embuscade. Notre arrière-garde, toujours
positionnée sur la rive nord, et par conséquent pas encore mouillée,
frigorifiée ou épuisée, était constituée des Ruges du roi Feletheus. Ils
avaient quitté Pomore depuis longtemps et pour une tout autre guerre. Depuis
lors, ils s’étaient trouvés quasiment inoccupés, ce qui ne les avait guère enchantés.
Théodoric n’avait pu leur

Weitere Kostenlose Bücher