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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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remarquer le regard intéressé d’autres hommes fort
acceptables ; mais je détournai sagement les yeux et marchai jusqu’à une
allée de traverse pour me changer à nouveau, avant de rentrer vertueusement au
camp.
     
    *
     
    Notre armée se remit en marche et, un jour ou deux après, le
prince Frido vint chevaucher à mes côtés. Après avoir échangé quelques
plaisanteries, il me fit timidement remarquer :
    — Je crois bien, Saio Thorn, que nous avons
maintenant quelque chose en commun. De plus qu’auparavant, je veux dire…
    — Vraiment ?
    — Une amie commune. Une dame du nom de Roscia, à
Singidunum.
    Je répondis d’un ton léger :
    —  Akh, pas si commune que ça, si je me souviens
bien. Plutôt généreuse, même.
    Il opina du chef, en signe d’approbation.
    — On m’a dit qu’elle portait un collier de Vénus, et je
ne savais pas ce que c’était, aussi le lui ai-je demandé. Elle a ri, mais elle
m’a montré… Après quoi, elle m’a montré… eh bien… ce que cela signifiait…
    Il attendait que je dise quelque chose, et je n’allais pas
le décevoir :
    — Tu sais Frido, cela ne se fait pas, entre hommes
galants, d’ébruiter les grâces, talents ou enthousiasmes des femmes que nous
connaissons par leur nom. Nous ne discutons librement que des jeunes filles qui
nous sont restées anonymes.
    — Oh vái ! D’accord, j’accepte le reproche,
fit-il d’un air contrit. Mais… s’il est permis de parler des femmes anonymes,
il en est une autre que j’ai vue à Singidunum, aussi. Celle qui m’a présenté à
Roscia. C’était la nuit, et j’étais un peu éméché à ce moment-là, mais je me
souviens d’un détail, à son sujet. Elle portait une petite cicatrice lui
entaillant le sourcil gauche.
    J’aurais pu lui répondre pas mal de choses, mais je dis
simplement :
    — Et alors ?
    — Eh bien, c’était une marque exactement semblable à la
tienne, qui est clairement reconnaissable. Je me demandais si tu l’avais vue,
toi aussi.
    Je décidai simplement d’en rire.
    — Un sourcil fendu, c’est cela ? Écoute, Frido, si
tu étais imbibé comme il convient, je suis surpris que tu n’aies pas vu cinq ou
six sourcils sur chaque visage. Allons, m’accompagneras-tu à la suite de nos
éclaireurs ? Nous allons voir s’il n’y aurait pas quelque chose de bon à
lever pour le nahtamats.
    En partant de Singidunum, l’armée avait suivi la rive nord
de la Savus. À présent, nous étions bel et bien profondément entrés en
Pannonie, et nous pouvions profiter de ses richesses sans mettre à mal les
conventions établies. Mais nous trouvâmes peu de monde à rançonner, et pas
grand-chose à voler. Le bruit de notre approche s’était répandu devant nous, et
il est bien connu que ceux qui se trouvent sur le trajet d’une armée en marche
n’ont que deux partis possibles : « fuir ou jeûner ». Les
paysans locaux avaient déjà engrangé leurs récoltes automnales et presque tous
avaient préféré s’enfuir, emportant tout ce qu’ils pouvaient, y compris leurs
volailles et leurs troupeaux. Nous ne manquions pas pour autant de provende.
Nos réserves de victuailles placées le long de la Savus nous attendaient à
intervalles réguliers, et le gibier sauvage abondait, tandis que nos chevaux
trouvaient amplement de quoi brouter sur les rives, même si l’herbe était un
peu sèche.
    Environ quatre-vingts milles en amont de Singidunum, quand
nous approchâmes de la cité de Sirmium, Théodoric envoya en avant l’un de nos
hérauts porteur de l’avertissement jadis utilisé par nos ancêtres en
maraude : Tributum aut bellum. Gilstr aíththau baga. « Le
tribut ou la guerre. » Bien que le gros de notre armée ne soit pas encore
en vue de la ville, nous étions sous le vent par rapport à elle, et bientôt, un
concert d’exclamations et de grossières plaisanteries s’éleva parmi nos hommes,
concernant l’épouvantable odeur qui leur parvenait aux narines. Une fois
parvenus dans la ville, nous eûmes l’explication de cette puanteur. En fait, la
région se prêtait idéalement à l’élevage et à l’abattage des porcs. Sirmium est
renommée dans toute la Pannonie – et peut-être même dans toute
l’Europe – comme le plus grand abattoir de cochons et le principal
exportateur de viande porcine, de peaux, de poils de verrat et tous les autres
produits issus de cet animal.
    La cité avait prudemment accédé au premier des deux

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