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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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m’empêcher de pouffer. Il dort. À présent…
    Je leur présentai ma main ouverte, paume tournée vers le
haut.
    D’un air complice, quoiqu’un peu méprisant, ils me
retournèrent mon sourire et l’un d’eux laissa choir une bourse de cuir
richement garnie dans la main en attente. L’autre me restitua ma mallette de
cosmétiques et les bijoux qu’on m’avait confisqués. Sans me presser, j’ajustai
le collier autour de ma gorge, fixai la fibule sur l’épaule de ma tunique, puis
refermai toujours aussi posément la porte de la chambre avant d’ajouter, un
petit sourire salace au coin des lèvres :
    — Bien entendu, le dux est rassasié pour
l’instant. Vous savez, coquins que vous êtes, où me trouver quand il me
réclamera de nouveau, ce qui ne saurait tarder. Maintenant, si vous voulez bien
me raccompagner…
    Ils s’exécutèrent, rouvrant devant moi les différentes
portes et portails que nous avions franchis pour pénétrer au palais, et me
saluant de «  gods dags  » en atteignant la rue, assortis de
bienveillants sourires entendus. Je m’éloignai, affectant une attitude calme et
nonchalante, mais morte de peur intérieurement à l’idée que la femme de Tufa ou
l’un de ses domestiques n’ose aller voir ce qui lui prenait tout ce temps.
    Je réussis à prendre le large et rejoignis Hruth, qui
m’attendait avec les deux chevaux. Il jeta un œil à mes cheveux emmêlés et mon
visage encore légèrement souillé, d’un regard mêlant l’interrogation,
l’inquiétude, et un soupçon de désapprobation morale.
    Je dis simplement :
    — C’est fait.
    — Et le maréchal ?
    — Il arrive. Je vais tenir son cheval. Avancez, Thorn
vous rattrapera.
    Thorn le fit effectivement, dès que j’eus trouvé le temps de
me changer et de me nettoyer le visage. Le cheval de Hruth avançait au petit
trot quand Velox le rejoignit d’un galop élancé sur la Via Aemilia. Il accéléra
l’allure pour se mettre au diapason, et ce ne fut que lorsque nous eûmes
largement dépassé les faubourgs occidentaux de Bononia et que j’eus ralenti le
pas que Hruth trouva l’occasion de demander :
    — Dame Veleda ne vient pas avec nous ?
    —  Ne, elle va rester là-bas, bien cachée chez
nos ennemis, au cas où Théodoric aurait de nouveau besoin de faire appel à ses
services.
    — Drôles de services, en l’occurrence, dit Hruth d’un
air songeur. Elle ne semble pourtant éprouver aucun dégoût personnel à remplir
ce genre de mission pour le roi. Je pense qu’elle mérite d’être louée pour son
courage et sa loyauté, de manier avec une telle adresse la seule arme
spécifique des femmes. Franchement, en voyant cela, on ne regrette pas d’être
né homme plutôt que femme. N’est-ce pas, Saio Thorn ?

 
28
    — C’était à moi de tuer Tufa, fit Théodoric d’une voix
mesurée, chargée de bien plus de colère qu’un hurlement. Cette obligation et ce
privilège, c’est à moi qu’ils appartenaient, Saio Thorn. Tu as
contrevenu à l’autorité de ton roi, et gravement outrepassé la tienne. Seul un
roi peut prétendre être à la fois un judex, un lictor et un exitium [105] .
    Nous étions rassemblés au milieu d’un cénacle d’officiers
supérieurs dans la basilique Saint-Ambroise, que Théodoric s’était appropriée
comme praitoriaún à Mediolanum. Les hommes qui assistaient à la scène
restaient assis, l’air sévère et silencieux, tandis que notre souverain
continuait à me réprimander, et je me tenais tête baissée, endurant cette
fustigation avec soumission, car j’en avais encouru le risque en connaissance
de cause. Je me souvenais cependant de la cassante brusquerie avec laquelle
Théodoric avait déjà exprimé par le passé sa réprobation envers d’autres
contrevenants. Lorsqu’il avait expéditivement tiré son épée contre Camundus, le
légat de Singidunum, ou sur le prince Recitach, fils de Strabo, il n’avait pas
perdu de temps en mots inutiles et en vaines délibérations. Le fait qu’il ne me
châtie qu’en paroles me parut donc être un témoignage éloquent de notre longue
amitié.
    Je me contentai de rester debout, inerte et laissai les mots
pleuvoir sur moi, réfléchissant à des choses plus heureuses. Chaque fois que je
retrouvais Théodoric au terme d’une longue absence, je ne pouvais m’empêcher de
constater qu’il était devenu avec l’âge encore plus royal, dans son apparence
et dans son comportement. Sa barbe, d’un or

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