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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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endommagée.
Comme il fut impossible, après dispersion de la foule en furie, de trouver les
véritables incendiaires ayant allumé le brasier, Théodoric annonça qu’il tenait
l’intégralité de la communauté chrétienne pour responsable du sinistre. Il leva
donc un impôt de réparation sur le dos des chrétiens, qu’ils soient catholiques
ou ariens, l’argent récolté étant consacré à la reconstruction du bâtiment
détruit. Cela provoqua un tollé général chez les prêtres de l’Église de Rome,
du pape Gélase au dernier ermite de l’arrière-pays, lesquels accusèrent
Théodoric d’avoir renforcé la persécution des bons catholiques, qui plus est
cette fois au bénéfice de diaboliques Juifs, d’impardonnables et irréductibles
ennemis jurés de la foi chrétienne !
    C’est à cette époque que le saint pontife publia le Decretum
Gelasianum assorti de son index des livres autorisés aux croyants chrétiens
et de ceux qui leur étaient interdits. Nous autres, conseillers de Théodoric,
l’avisâmes qu’il convenait peut-être d’agir contre cette ingérence dans la
liberté de ses sujets.
    —  Vái ! répondit-il, rejetant la requête.
Combien de croyants chrétiens savent-ils vraiment lire ? Et s’ils sont
crédules au point de n’avoir aucun esprit critique, puis-je empêcher qu’ils se
laissent piétiner par leurs prêtres ?
    — Le décret de Gélase s’adresse à tous les chrétiens,
pas seulement aux catholiques, pointa Soas. Ce n’est qu’une occasion de plus
pour l’évêque de Rome de s’affirmer comme le seigneur de toute la chrétienté.
Ce décret stipule un peu plus loin qu’il l’a d’ailleurs toujours été.
    — Gélase peut bien affirmer ce qu’il veut. Je ne puis
prétendre à mon tour parler au nom de toute la chrétienté pour réfuter sa
parole.
    — Théodoric, insista Soas, il n’est un secret pour
personne que depuis que Constantin leur a donné le droit de prêcher librement,
les évêques de l’Église n’ont cessé d’insister sur un point : il n’y a
pour l’humanité aucun espoir de salut s’ils ne peuvent décider eux-mêmes qui
portera la couronne. Les rois et les empereurs ont fini par être leurs propres
créatures, adoubées par le sacre. Si encore ce genre de décision appartenait à
une forme de conclave réunissant les évêques, on pourrait à la rigueur tolérer
la chose. Mais nous avons ici un évêque qui prétend parler et décider au nom de
tous les autres !
    — Suggérerais-tu que je promulgue une loi, que je
prononce un édit ou publie un décret condamnant le sien ? J’ai affirmé que
je n’interviendrais en aucune façon dans les affaires religieuses.
    — Dans le cas qui nous occupe, c’est une manœuvre
ouvrant la porte à une mainmise religieuse sur les affaires séculières et
l’autorité royale. Il est de ton devoir de t’y opposer pendant qu’il en est
encore temps.
    Théodoric soupira.
    — Si je le pouvais, j’imiterais Lycurgue. Ce grand
homme de l’Antiquité, dont la sagesse était proverbiale, avait imposé à son
pays une seule règle : qu’aucune loi écrite ne soit jamais édictée. Ne,
Saio Soas. Gélase tente simplement de me piquer au vif pour m’inciter à lui
répondre, afin de pouvoir mieux fustiger ensuite mon ingérence. Ignorons-le,
cela ne fera qu’attiser son courroux.
     
    *
     
    Je dois le dire en toute honnêteté, tous les hauts
dignitaires catholiques ne cherchèrent pas à mettre des bâtons dans les roues
de Théodoric. L’évêque de Ticinum, nommé Épiphane, vint le voir pour lui faire
une proposition digne d’intérêt. Je pourrais suspecter cyniquement cet évêque
d’avoir eu surtout envie d’améliorer sa popularité parmi le peuple ou sa
position dans l’Église, mais il se trouve que son projet bénéficia également à
Théodoric. Épiphane vint lui rappeler le millier de paysans italiens enlevés
par les maraudeurs burgondes du roi Gondebaud. L’évêque expliqua qu’une
opération visant à les ramener dans leur pays natal vaudrait à Théodoric une
bienveillance accrue parmi ses sujets et proposa d’aller lui-même négocier leur
libération. Théodoric ne se contenta pas d’accepter l’offre ; il confia à
Épiphane une escorte de cavalerie et une ample provision d’or pour payer la
rançon. Il envoya aussi, en compagnie de l’évêque, un bien plus précieux que
l’or. Il s’agissait de sa fille Arevagni, qu’il proposait en mariage

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