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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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autorisé d’évêques
catholiques, et l’on comprend donc le ressentiment que peut nourrir à leur égard
l’Église de Rome. Aussi, depuis que les Vandales sont venus assiéger et mettre
à sac cette ville, les Romains ne se sont pas privés de leur faire une
réputation plus noire que celle qu’ils méritent, et c’est l’Église catholique
qui s’est chargée de faire courir à leur sujet ces malveillantes assertions. Je
suis fermement persuadé que lorsque vous serez parmi eux, vous ne les trouverez
pas pires que n’importe quel autre peuple chrétien.
    J’ignore si ma prédiction se vérifia, car je n’eus jamais
l’occasion d’aller visiter personnellement Carthage, ni de me rendre en Libye
ou dans n’importe quel autre lieu d’Afrique. Mais je sais qu’Amalafrida demeura
la femme de Thrasamund jusqu’à sa mort, quinze ans plus tard, ce qui pourrait
laisser penser qu’elle n’y trouva pas la vie si intolérable.
    J’avais rallié Ravenne lorsque la princesse Thiudagotha se
prépara à se rendre en Aquitaine pour épouser Alaric II, roi des
Wisigoths. Je demandai à Théodoric l’autorisation de l’escorter, elle et sa
considérable suite, jusqu’au port de Gênes, où j’espérais contempler pour la
première fois la mer ligurienne, en Méditerranée. En chemin, Thiudagotha, comme
elle l’avait fait dans sa jeunesse, me confia sans détour ses pensées et
sentiments, singulièrement ses appréhensions de jeune fille quant à certains
aspects de ce mariage. Je fus en mesure, comme une tante eût pu le faire envers
sa nièce, de lui distiller certains conseils intimes que n’auraient pu lui
donner ni son père aimant, ni les femmes si attentionnées de sa suite –
son père n’ayant jamais été une femme, et ses servantes n’ayant pas mon
expérience en la matière. Je n’eus jamais droit aux remerciements du roi Alaric
mais j’ose espérer qu’il sut apprécier à sa juste valeur la virtuosité hors du
commun dont fit montre la jeune reine, sa nouvelle épouse.
    Quand je revins à Ravenne, au retour de Gênes, la nièce de
Théodoric, Amalaberga, se préparait à son tour à un long voyage vers les
lointaines contrées de Thuringe pour son propre mariage avec Hermanafrid.
Lorsque son convoi s’ébranla, je l’accompagnai, ayant de bonnes raisons
personnelles de me rendre dans la même direction. Je voulais en effet faire un
saut dans ma ferme de Novae, négligée depuis tant d’années par son maître. Je
n’avais pas avec Amalaberga l’intimité que j’avais pu avoir avec Thiudagotha.
Je n’échangeai avec elle aucune confidence, aussi fut-elle sans doute moins
bien préparée à la vie maritale que ne l’avait été sa cousine. Mais je doutais
fort qu’Hermanafrid fût en mesure de goûter aux subtilités féminines raffinées
de sa nouvelle épouse. Les Thuringiens étant un peuple de nomades, d’un degré
de civilisation assez limité, leur capitale Isenacum [125] ne devait
être qu’un méchant village et j’imaginai que leur roi ne devait avoir en la
matière que des goûts de campagnard, relativement rudimentaires.
    Cependant, sur notre route du nord, nous notâmes avec
satisfaction, Amalaberga et moi, les équipes de terrassiers travaillant à la
réfection de la Via Popilia, naguère décrépite : ceux-ci comblaient les
ornières de pierre de fer, scellaient à la truelle des pavés neufs dans le
mortier et tassaient du pied une couche de marne par-dessus le tout,
contribuant à lui donner l’apparence d’une voie romaine digne de ce nom. Depuis
la route, nous distinguâmes plus à l’ouest, dans l’intérieur des terres,
d’autres nuages de poussière là où des équipes s’affairaient à réparer
l’antique aqueduc destiné à alimenter de nouveau Ravenne en eau pure.
    Nous nous séparâmes à Patavium [126] . Son
convoi poursuivit sa route vers le nord, et j’obliquai pour ma part vers l’est,
reprenant le chemin que nous avions suivi avec le peuple ostrogoth jusqu’en
Italie. Je m’acheminais sans me presser vers Venise et vis d’autres ouvriers en
train de remettre sur pied la fabrique d’armes de Concordia, tombée en ruine
depuis l’époque d’Attila. À Aquileia, le port de Grado était rempli de
travailleurs qui replantaient des pilotis et disposaient les planches de
nouveaux embarcadères destinés aux bateaux de la flotte romaine. Celle-ci
venait du reste de passer sous le contrôle d’un nouveau commandant en chef en
charge

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