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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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progressivement, jusqu’à l’en saturer
complètement. Les épines de ces hérissons de mer exsudent leur venin en
quelques minutes seulement, et il m’a pratiquement fallu entretenir une flotte
de pêche à plein temps pendant que je m’occupais de tout le reste. (Elle haussa
les épaules.) Tout cela pour rien.
    — Les vrais assassins ont été épargnés par ta vindicte
envers moi, observai-je. Mais tu as bien dû apprendre que je ne faisais
qu’exécuter les ordres de Théodoric ? Pourquoi n’as-tu pas voulu
m’épargner moi aussi et t’en prendre directement à lui ?
    — Je l’aurais fait, si j’avais trouvé un moyen de
l’atteindre par-delà ses nombreuses défenses. J’y serais certainement parvenue,
ajouta-t-elle, songeuse, si j’avais réussi avec toi. C’est du reste encore
possible.
    Je me tournai vers l’ optio de mon escorte.
    — Vous avez entendu. C’est une menace envers le roi.
    — J’ai entendu, Saio Thorn.
    Il avança d’un pas.
    — Faut-il la tuer maintenant ?
    Je retins son bras, au moment où la femme intervenait pour
dire :
    — Je préférerais cela, Thorn, plutôt que le Tullianum.
    Je différai mon commentaire à ce sujet, et demandai :
    — Et ce nom ? Pourquoi Melania ?
    — Simple déguisement. J’ai pris le nom de la femme que
tes soldats ont tuée en la prenant pour moi. C’était la sœur de mon mari.
    Je hochai la tête, me remémorant les circonstances qui
m’avaient été rapportées. Puis je m’enquis :
    — Et le nom par lequel je t’ai connue… es-tu retournée
à la rivière de glace, pour voir si nos deux noms étaient descendus par rapport
à l’endroit où je les avais gravés ?
    — Non. J’ai attendu longtemps, espérant que tu
reviendrais un jour. Quand j’ai finalement épousé Alypius, je l’ai suivi dans
le sud et ne suis jamais retournée à Haustaths. Nous avons alors monté un
fructueux commerce à Tridentum.
    — C’est ce que j’ai appris. Je me souviens t’avoir
entendu dire un jour que tu ferais ton chemin dans le monde.
    — J’y suis parvenue. J’ai travaillé dur pour cela. Je
n’ai pas simplement été une Caia Alypia, jouant les vieux loups de mer
pour guider la prospère galère de mon mari. J’ai agi et partagé avec lui toutes
les peines du labeur quotidien. C’est d’ailleurs parce que j’étais occupée à négocier
dans un verger assez éloigné l’acquisition d’une récolte d’olives, que je
n’étais pas là le jour où tes soldats sont venus. En rentrant, j’ai trouvé
Alypius et Melania morts. Les voisins m’ont appris que l’on avait aussi emmené
mon père en captivité, sans doute pour le mettre à mort lui aussi. Ce n’était
déjà pas facile à supporter, mais alors ils m’ont montré mon frère, dans le sac
de sel. Tout racorni, desséché et grisâtre, comme une flèche de lard fumé. Ce
fut le jour le plus pénible de ma vie, hormis peut-être…
    Mais sa voix s’éteignit.
    Je repris alors :
    — Alypius a sacrifié sa sœur pour te sauver la vie, ce
jour-là. N’avez-vous jamais songé à avoir des enfants ?
    Avec un reste du tempérament qu’elle avait eu naguère, elle
répliqua, cinglante :
    — Est-ce qu’ils seraient morts, eux aussi ?
    Je ne répondis rien, aussi continua-t-elle :
    — Non, nous n’avons pas eu d’enfants. Si j’en avais eu,
peut-être auraient-ils fait vaciller ma détermination à me venger. Mais quand
j’ai su que non seulement mon père mais aussi mon autre frère étaient morts,
cela n’a fait que me fortifier dans ma résolution. Je sais, Thorn, que tu ne
les as jamais tenus en très haute estime. Peut-être étais-je d’accord avec toi
au fond, mais ils étaient tout ce que j’avais. J’aimerais maintenant aller les
rejoindre. Pouvons-nous en finir, désormais ?
    — Tu as dit que le jour où tu es revenue à Tridentum a
été le plus dur de ta vie, hormis… Qu’a-t-il pu y avoir de pire, Livia ?
    Après un instant d’hésitation, elle murmura :
    — Le jour où j’ai appris l’identité de l’assassin que
je poursuivais. Et que j’ai su que c’était toi.
    Elle se leva et me regarda en face, sans crainte apparente.
    — Puis-je mourir, à présent ?
    — Je ne crois pas. Tu as eu la bonté de me souhaiter
une mort facile. Le moins que je puisse faire en retour, comme Alypius
autrefois, c’est d’épargner ta vie. Tu comprendras cependant que je ne puisse
laisser en liberté une opposante aussi

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