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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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indigne de ce diamant conservé si jalousement dans votre boîte
à bijoux.
    Elle leva un sourcil, se recula un instant et me dévisagea
froidement.
    — Pourquoi pensez-vous cela ?
    — Écoutez, j’ai répondu à vos questions avec la plus
grande honnêteté. Je ne prétends nullement être un patricien ou quelque éminent
personnage de ce genre. Et vous devez avoir compris également que je ne suis pas
non plus l’un des plus grands débauchés de la ville.
    — Vous pensez donc ne pas mériter ce qu’il y a de mieux
ici ?
    — Cette demeure est la vôtre, c’est à vous d’en juger.
Est-ce le cas ?
    — Prenez le temps de vous en rendre compte par
vous-même.
    Elle avait, je ne sais quand, émis un signal secret, car
l’une des portes situées derrière elle s’était ouverte dans un glissement
silencieux et je vis se tenir sur le seuil la fameuse jeune fille issue des
Sères. Comme j’avais pu le découvrir quelques années auparavant, les créatures
de cette race ne portent aucune trace de poils pubiens et la fine tunique de
duvet d’oie transparente qu’elle portait ne dissimulait en effet rien de tel.
Chacun de ses traits avait été conçu pour déclencher une admiration sans bornes
et elle semblait maîtriser à la perfection l’art de donner aux courbes de son
corps à la peau de pêche les poses les plus séduisantes.
    — Voilà donc la rareté ? fis-je. La perle de votre
collection ? Pour moi ? Jamais je n’aurais osé nourrir un tel espoir.
Vraiment, je suis comblé.
    Et comme pour démentir mes propos, je laissai échapper un
vigoureux bâillement.
    La jeune femme debout sur le seuil sembla choquée, et
Melania déclara d’un ton aigre :
    — Vous ne paraissez pas précisément comblé.
    Je relevai la tête d’un petit air de défi et rétorquai, sûr
de mon effet :
    — Je pense… je pense que quand vous aviez son âge, Caia Melania, vous avez sans doute été bien plus belle.
    Elle cligna des yeux et hésita un instant, puis cracha d’un
ton sec :
    — Je ne suis pas à vendre. C’est de cette jeune Sère
qu’il s’agit. Voulez-vous me faire croire que vous pourriez lui résister ?
    — Tout à fait. J’ai toujours essayé de me conformer aux
préceptes du poète Martial. (Et non sans une certaine pédanterie, je lui
récitai l’aphorisme : « Avoir vécu de façon à se remémorer sa vie
avec plaisir, c’est comme avoir vécu deux fois. ») Aussi voyez-vous, je
n’ai pas manqué l’occasion de jouir au moins une fois, par le passé, du charme
de l’une de ces jeunes femmes Sères. Je la conserve en mémoire avec tous les
souvenirs de ma seconde vie, pour ainsi dire. Je vous suggère de réserver cette
jeune fille à quelqu’un de moins blasé, et d’un peu plus novice, par exemple…
    Melania siffla entre ses dents :
    — Elle ne doit être la femme que d’un seul homme.
    — Et je suis censé être celui-là ? Pourquoi
moi ?
    Elle sembla cette fois légèrement déconcertée.
    — Je veux dire… une vierge ne l’est qu’une fois. Si
vous deviez décliner cette opportunité, et qu’un autre devait la saisir…
    J’acquiesçai de la tête.
    — Il bénéficierait de cette occasion unique. Vous avez
raison. Mais c’est que voyez-vous… les risques ne sont pas rares, en ce monde.
    Melania jeta un regard sur la jeune Asiatique, qui arborait
maintenant une moue boudeuse, puis me dévisagea longuement. Elle décida sans
doute que ma réticence et mon flegme apparent ne cachaient qu’une nervosité un
peu puérile et fit un effort visible pour maîtriser son agacement.
    — Peut-être vous ai-je un peu pris de court, Saio Thorn.
    Elle fit un geste et la porte se referma sur la fille.
    — Prenons donc le temps de converser un peu plus
tranquillement, tous les deux. Tenez, partageons ensemble une de ces pêches
rebondies.
    Elle attrapa le minuscule couteau doré, mais attendit
courtoisement que je prélève une pêche dans le bol et la lui tende. Avec un
soin scrupuleux, elle découpa le fruit en deux, en ôta le noyau, et poussa une
moitié devant moi sur la table. De manière bien significative, j’attendis
qu’elle commençât à déguster la sienne avant d’y toucher, ce qu’elle fit avec
une délectation non feinte. Elle sourit, mastiqua consciencieusement la chair
brillante du fruit et conclut, le jus perlant au coin des lèvres :
    — Délicieux. Elle est si juteuse qu’on la boirait
presque.
    Je me saisis alors de ma part.

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