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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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Galindo, acquiesçant à mes
propos. Thor aime faire tournoyer ses marteaux, par ici.
    À la prononciation de ce nom, mon irascibilité se réveilla
et je lui demandai :
    — Alors vous croyez en Thor, c’est ça ? Dois-je
comprendre que vous pratiquez encore la Vieille Religion ?
    — Oh, si je devais choisir, je serais mithraïste,
compte tenu de mon passé de légionnaire romain. Mais il n’y a pas de mal, je
pense, à reconnaître l’existence d’autres dieux. Et si Thor n’est pas le dieu
de la Foudre, alors qui est-ce, niu ?
    Comme si Galindo l’avait invoquée, une fourche de feu perça
l’horizon vers l’est, et l’air vibra du grondement qui s’ensuivit. Les
premières gouttes de pluie commencèrent à tomber, et je poussai un juron.
    Le vieil homme me jeta un regard.
    — Craindriez-vous la colère de Thor ?
    — Pas plus la sienne que celle de quiconque,
répliquai-je, cinglant. Mais je n’aime pas les tempêtes quand elles viennent me
déranger.
    — Moi, elles ne me dérangent nullement.
    Et à ma grande surprise, je le vis ôter sa peau de loup,
puis les hardes qu’il portait par-dessous.
    — La pluie me dispense de me traîner jusqu’à un
lointain ruisselet pour me baigner, expliqua-t-il. Vous n’en profitez pas,
Maréchal ?
    —  Ne, thags izvis.
    Je détournai les yeux de son vieux corps décharné et velu,
exposé nu à la pluie qui le lavait à présent à grande eau. Je ne voyais plus
Lombric et les chevaux près du fossé où je les avais laissés. Je n’avais qu’à
espérer que les bêtes seraient sauves… ainsi que Lombric, bien sûr, sans lequel
elles se seraient évidemment enfuies. En attendant, je demeurai
inconfortablement assis devant un Galindo très à l’aise, et sous la pluie qui
continuait de nous inonder copieusement, j’écoutai la suite de l’histoire de
son peuple.
    — Rien que pour vous montrer que les Gépides ont toujours
été les égaux des autres Goths, je vous donnerai deux exemples de batailles qui
se sont déroulées pas loin d’ici, mais il y a fort longtemps, puisque cela
remonte au règne de Constantin le Grand. Il n’avait pas encore mérité, à
l’époque, son glorieux qualificatif, mais avait déjà montré quelques signes de
sa puissance en écrasant une armée combinant les forces des Ostrogoths et des
Wisigoths. C’est alors que huit ou neuf ans plus tard, tandis que les Gépides
affrontaient les Vandales, Constantin fit alliance avec ces derniers contre
nous… et subit la première défaite de sa vie. L’une des rares qu’il eut à
encaisser.
    —  Ja, voilà qui témoigne de façon éclatante de
l’honneur des Gépides, fis-je, avec tout l’enthousiasme dont je pouvais faire
preuve sous ces trombes d’eau.
    — Vous constaterez, Maréchal, à quel point ma propreté
est désormais irréprochable. Voilà que la tempête de Thor semble se calmer, à
présent. D’ici quelques instants, je sécherai au soleil bienfaisant de Mithra.
    — Je me réjouis de vous savoir en bons termes avec tant
de dieux.
    Perçant du regard le rideau de pluie, je constatai avec
soulagement que Lombric et nos montures se trouvaient toujours debout là où je
les avais laissés.
    — Mais enfin, mon bon Galindo, pourquoi vous
obstinez-vous à vivre ainsi à l’écart, alors que votre esprit est toujours
assez clair pour faire votre trou dans le monde ?
    Il cracha de nouveau sur le sol.
    — J’en ai vu assez, en trente ans de marche avec
l’armée romaine.
    — Vous pourriez au moins couler une retraite paisible
sans vivre dans cet isolement et ce dénuement intégral…
    — Isolement ? Dénuement ? Alors que je suis
perpétuellement béni des faveurs de la pluie de Thor et du soleil de
Mithra ? Je me nourris des œufs des oiseaux, des grenouilles, des
sauterelles et de feuilles de pourpier. J’ai la fumée de hanaf pour
réconfort. De quoi d’autre un homme aurait-il besoin, à mon âge ?
    — La fumée de hanaf ?
    —  Un des rares legs que nous ont laissés ces
Scythes décadents. Vous n’avez jamais essayé ? Je dois avoir un peu de bois
sec par là dans ma hutte, Maréchal. Ayez la bonté d’allumer un feu sur mon
âtre, je vous montrerai.
    Tout en m’exécutant, je l’entrepris à nouveau :
    — Je sais désormais beaucoup de choses intéressantes
sur ce qu’il est advenu des Goths après leur installation par ici, dans les
Bouches du Danuvius. Mais pouvez-vous me raconter un peu comment ils ont

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