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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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l’autre, comme enchaînés par le sort d’une haliuruns ou une
conjuration de Dus, le skohl de la luxure. Et s’il ne fallait qu’un
exemple de notre nymphomanie réciproque, durant l’étreinte qui nous réunit
juste après, l’un de nous deux s’écria :
    —  Akh, j’aurais tant aimé pouvoir te donner un
enfant…
    Et l’autre lui répondit :
    —  Akh, j’aurais tant aimé pouvoir porter ton
enfant…
    Mais je ne me souviens plus lequel avait dit quoi.
     
    *
     
    —  Iésus Xristus !
    Elle n’avait pas parlé très fort, mais cela m’éveilla, et ma
première pensée fut que jamais je n’avais entendu Swanilda prononcer le nom de
Jésus comme un juron. Ma seconde pensée fut celle du soulagement : Thor et
moi étions bien entortillés dans nos couvertures. Les rayons du jour se
déversaient largement par la fenêtre de la chambre, et Swanilda venait sans la
moindre équivoque de nous surprendre, enlacés. La porte de la chambre claqua,
et elle prit la fuite. Je m’extirpai du lit, tandis que Thor se contentait de
rire.
    — Elle te surveille de près, niu ?
    —  La ferme, grondai-je, tout en tâtonnant
fébrilement pour enfiler mes vêtements.
    — Ma foi, si elle ne partageait pas encore ton secret,
c’est chose faite. Et comme je connais les femmes, tu peux me croire, elle ne
tardera pas à le divulguer à toute la création.
    — Je ne pense pas, marmonnai-je. Mais je dois m’en
assurer.
    — Il n’y a qu’un moyen de fermer la bouche d’une
femme ; c’est de la remplir avec la terre de sa tombe.
    — Tu vas la fermer, oui ? Damnation, où est passée
mon autre botte ?
    Thor se leva, tâtonna sous le lit, puis traversa la pièce,
un grand sourire aux lèvres, et me tendit ma botte. Même au milieu de ce
mélange de vexation, de culpabilité et d’anxiété qui était le mien, je ne pus
qu’admirer de nouveau la beauté du corps nu de Thor, éclatante au soleil du
matin. Et bien que cette pensée manquât de la plus élémentaire galanterie, je
dus admettre qu’il se déplaçait avec encore plus de grâce et de souplesse que
Swanilda. Mais je grimaçai lorsqu’il se retourna et que je vis dans son dos
cette cicatrice cadavérique en forme de marteau de Thor.
    — Je vais raccompagner Swanilda jusqu’à la demeure de
Meirus, fis-je. Toi, reste ici. Habille-toi, déjeune, fais ce que tu veux.
Reste juste hors de vue. Laisse-moi le temps de calmer Swanilda et de réaliser
ce qu’elle vient de découvrir. Je te retrouverai plus tard dans l’entrepôt de
Meirus, le long des docks.
    Je me tournais pour prendre congé quand Thor me retint le
temps d’un geste de possession typiquement féminin, et préleva sur ma tunique
un morceau de peluche, histoire de me rendre plus présentable. Je me précipitai
hors de la pièce et du bâtiment. Je pensais que Swanilda aurait fui à toutes
jambes et serait déjà loin, mais je la trouvai traînant misérablement des pieds
dans la cour de l’écurie du pandokheíon. Arrivé à sa hauteur, je lui
lançai la première phrase qui me passa par la tête :
    — Tu as déjeuné, Swanilda ?
    Elle répondit durement :
    — Bien sûr. Il est presque midi. Meirus m’a servie.
    Lorsqu’elle tourna son visage vers moi, je vis qu’elle
n’était pas en colère ; elle ruisselait de larmes.
    Je décidai de ne pas différer la nécessaire explication qui
s’imposait.
    — Ma chère, tu m’as dit toi-même, avant que nous
n’entamions ce voyage, qu’à l’instant où je le voudrais, je pourrais te
dire : « Swanilda, assez. »
    Elle s’essuya les yeux.
    —  Akh, Thorn, mon chéri, je m’étais endurcie à
l’idée de te perdre un jour. Peut-être pour une autre princesse blonde comme
Amalamena. Mais jamais je n’aurais imaginé de te perdre pour un homme.
    J’exhalai un discret soupir de remerciement. Ainsi, Thor et
moi avions été suffisamment protégés par nos couvertures. Swanilda n’était
témoin que de ce qu’elle avait pu voir.
    — Tu sais, comme je te l’ai dit, Thor et moi avions
beaucoup à discuter la nuit dernière. Aussi, quand le sommeil nous est tombé
dessus, nous nous sommes tout simplement effondrés…
    — Dans les bras l’un de l’autre. Inutile de travestir
la vérité, Thorn. Je ne te reproche rien. Après tout, rien ne m’obligeait à
conquérir ton cœur. Simplement, ce qui me trouble, c’est que… je croyais bien
te connaître.
    Elle essaya de rire, mais ne parvint qu’à

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