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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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simple cosmeta. Et
je suis maréchal d’un roi.
    Thor s’écarta encore de moi, et s’écria avec
pétulance :
    —  Akh, je vois ! Une simple cosmeta. Votre
humble domestique vous demande pardon, clarissimus. Vous m’êtes si
infiniment supérieur… Je me ferai un devoir de m’incliner à jamais devant vos
désirs.
    — Bon, bon, ça va. Je n’avais pas l’intention de te
rabaisser, ni…
    — Tu es d’un rang supérieur, Saio Thorn,
seulement lorsque tu portes ton titre, ton insigne, et tes vêtements. Tout ce
que je vois pour l’instant sur ce lit, ce sont deux mannamavjos nus,
tous deux aussi contrefaits l’un que l’autre, et proscrits du commun des
mortels. Aucun des deux ne se différencie d’un iota de l’autre, et nulle
différence de statut ne saute aux yeux.
    — Ce n’est pas faux, fis-je, un peu sèchement. Cela
dit, tu concéderas que tu avais moins à perdre que moi, titulaire d’un poste de
maréchal.
    Thor allait s’échauffer encore, mais il se contint.
    —  Vái ! Nous voilà en train de nous
quereller comme n’importe quel vieux couple. Nous ne devons jamais tomber dans
ce travers. Toi et moi sommes unis contre le monde entier. Viens… laisse-moi te
serrer encore…
    Un moment après, nous étions en train de faire ce que deux
êtres, quel que soit leur sexe, ne seront jamais anatomiquement en mesure
d’opérer. Et le point culminant en fut si sublime et paradisiaque qu’il serait
impossible à décrire à quiconque, excepté un mannamavi… Ou plutôt deux mannamavjos, comme Thor et moi-même, favorisés par la chance transcendante de
s’accoupler entre créatures semblables.
    Je dois ici avouer quelque chose d’autre, faute de quoi
beaucoup de mes futurs faits et gestes pourraient paraître incompréhensibles.
    Pour être vraiment sincère, avant même la fin de cette nuit
torride, je me retrouvai de façon perverse entiché de Thor. Je n’étais, je le
précise, en aucun cas tombé amoureux ; son personnage ne m’avait
absolument pas tourné la tête sur le plan sentimental ; simplement, je me
trouvais submergé et captivé par la surabondance de gratification sexuelle
qu’il me procurait. Inutile de dire que je n’avais jamais souffert de ma vie de
ce vice typiquement chrétien qu’est la pudibonderie. Jusque-là, je n’avais pas
fait preuve d’une grande sobriété en matière d’appétits sexuels, ni manqué
d’occasions de les combler. Mais je me trouvais un peu dans la position d’un
homme accoutumé à la frugalité d’une longue diète et qui, se retrouvant assis à
une table richement garnie de mets de qualité, pourrait sans vergogne assouvir
une gourmandise insatiable. Désormais enchaîné par une véritable addiction à la
réplétion sexuelle, je comprenais fort bien comment un ivrogne peut devenir
l’esclave du vin, et pourquoi le vieil ermite Galindo fuyait toute compagnie et
tout confort, à l’exception de sa détestable fumée de hanaf.
    Lorsque nous eûmes passionnément donné libre cours à notre
débauche et que nos deux corps se trouvèrent gisants, couverts de sueur, je lui
dis :
    — Sachant que tu m’as pisté jusqu’ici, Thor,
parfaitement informé du sujet de ma quête, j’aurais pu m’attendre à ce que tu
me suives, plutôt que de me suggérer de l’abandonner.
    Thor campa sur ses positions :
    — Je déteste les voyages, et les rudes sujétions de la
vie d’aventures. Je préfère de loin la quiétude et le confort de l’existence
domestique. Pour atteindre cet objectif, avec toi s’entend, je ne serais pas du
tout hostile à abdiquer les douteux avantages de mon identité duelle. Je ne
serais nullement effrayé à l’idée de vivre selon ma propre nature, quitte à
endurer toutes les avanies que cela pourrait me coûter. Pourquoi ne
considérerais-tu pas les choses de la même façon, Thorn ? J’ai appris qu’à
Novae, tu jouissais d’une assez coquette fortune, et j’ai aperçu ta belle
propriété. Pourquoi ne pas rentrer tout simplement là-bas tous les deux, et y
partager le bonheur confortable d’une retraite pleine de loisirs, en nous
moquant du qu’en-dira-t-on ?
    —  Liufs Guth ! m’exclamai-je. J’ai
travaillé, combattu, et même tué pour mériter le titre et l’influence d’un herizogo. Et tout cela pour maintenir mon rang. Si le roi Théodoric venait à
apprendre qu’il a conféré un titre de noblesse à un mannamavi, combien
de temps, selon toi, conserverais-je mon actuelle

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