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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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sur le feu qu’elle
avait allumé. Mais instantanément, je perçus quelque chose d’inhabituel.
    Même en plein air, dans l’odeur âcre du feu de bois, je sentis que Geneviève avait eu une relation sexuelle. En soi, cela n’avait rien
d’exceptionnel : il se passait rarement une nuit sans que nous n’ayons un
rapport intime ; mais j’étais devenu suffisamment familier avec la moindre
de ses odeurs pour repérer sur elle une senteur étrangère. Celle que j’avais
détectée, plus proche de la noisette que de la laitue, trahissait une origine
masculine, et elle ne provenait ni de Thor, ni de Thorn.
    J’épiai Geneviève tandis qu’elle entamait le plumage de l’ auths-hana, et gardai dans un premier temps le silence. Je passais en revue les rares
personnes que nous avions croisées sur la piste durant la journée. En tout,
cinq : deux cavaliers, un couple à dos de mule, et un vieux marchand de
charbon de bois à pied, titubant sous sa lourde charge. Les hommes avaient jeté
un regard plus ou moins appuyé sur la femme élégante chevauchant à mes côtés.
Mais d’autres avaient pu les approcher durant mon absence.
    Geneviève était en train d’embrocher l’oiseau sur une
branche taillée bien droite quand je lui demandai d’un air crispé :
    — C’était qui ?
    — De quoi parles-tu ? répliqua-t-elle sans lever
les yeux, tout en plaçant la broche au-dessus du feu sur deux bâtons fourchus.
    — Tu as profité de mon absence, et ce tout récemment,
pour prendre du plaisir avec un homme.
    Elle me regarda alors durement, à la fois défiante et
circonspecte.
    — Aurais-tu rampé jusqu’ici pour m’espionner ?
M’as-tu vu faire une chose pareille ?
    — Pas besoin. Je sens un autre homme.
    —  Vái ! Je pensais avoir les sens bien affûtés,
mais tu as vraiment un nez de furet, pour le coup.
    Elle haussa alors les épaules, indifférente.
    — Oui, j’ai couché avec un homme.
    — Pourquoi ?
    — Pourquoi pas ? C’était un homme, j’en avais
l’occasion, et tu n’étais pas là. J’ai prétexté que mon cheval s’était coincé
une pierre sous un sabot, et j’ai demandé à Lombric de continuer sa route sans
m’attendre.
    Elle ajouta froidement :
    — Je n’ai pas eu beaucoup de temps, mais assez tout de
même.
    Ébranlé, je m’exclamai :
    — Mais pourquoi… pourquoi donc, Geneviève, as-tu fait
une chose aussi sordide ? N’avons-nous pas, ensemble, tout ce qu’aucun des
deux ne pourrait jamais…
    — Je t’en prie, coupa-t-elle, levant les yeux au ciel
comme si elle ne pouvait en supporter davantage. Épargne-moi tes grands sermons
de fidélité et de constance ! Je te l’ai dit, j’en ai assez d’être ton
faire-valoir. Je veux qu’on me remarque pour ce que je suis. Cet homme, lui,
m’a remarquée.
    — Qui ? hurlai-je. Quel homme ?
    Je la saisis par les épaules et la secouai rudement.
    — J’ai repensé à chacun de ceux que nous avions
croisés. Qui était-ce ?
    Elle eut du mal, tant je la remuais, à articuler une
réponse :
    — C’était… c’était le… le charbonnier…
    — Quoi ?! fis-je dans un rugissement, si abasourdi
que je la lâchai aussitôt. Des hommes que nous avons croisés aujourd’hui sur
cette piste, tu as choisi le plus crasseux, ce misérable paysan slovène
solitaire ?
    Elle eut un petit sourire narquois.
    —  Akh, ce n’est pas mon premier Slovène. Mais
d’aussi vieux, et surtout d’aussi sale, jamais je n’en avais essayé. Hormis la
nouveauté de l’expérience, je dois reconnaître qu’elle était assez décevante.
    — Tu mens ! Tu sais que je vais aller tuer le
coupable, et tu cherches à le protéger.
    —  Ni allis. Je me fiche de qui tu peux tuer,
tant que ça ne m’incommode pas.
    — Lombric ! criai-je. Ne desselle pas Velox.
Amène-le ici.
    Lombric avait vraisemblablement entendu nos éclats de voix.
Il avança, se cachant presque derrière le cheval et rampant avec appréhension.
Je lui ordonnai :
    — Veille à notre repas, et tourne la broche. Nous
serons rentrés avant la fin de la cuisson.
    Ensuite, je jetai presque Geneviève sur la selle avant de
bondir en croupe derrière elle, et lançai Velox au galop. Nous n’eûmes pas à
suivre bien longtemps la piste pour retomber sur le vieil homme. Il était
assis, voûté, auprès d’un petit feu de son propre charbon de bois, en train de
faire cuire des champignons à la broche. Il nous regarda les yeux

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