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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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écarquillés
de surprise, tandis que je traînais Geneviève à bas du cheval et l’envoyais
rouler devant lui. Puis je fis jaillir mon épée et posai son tranchant sur sa
gorge, grondant à Geneviève :
    — Dis-lui de tout raconter. Je veux l’entendre de sa
bouche.
    Le vieux drôle bredouillait lamentablement Prosím…
prosím…, mot slovène signifiant « s’il vous plaît », les yeux
exorbités de terreur, mais au lieu de mots, ce fut du sang qui jaillit de sa
bouche, inondant sa barbe et la garde de mon épée. Presque au même instant, il
bascula en arrière et je vis la pointe du poignard de Geneviève dépasser de son
dos.
    — Là, fit-elle, me gratifiant d’un sourire charmeur. Me
suis-je rachetée, Thorn ?
    — Je n’ai aucune preuve que c’était bien lui.
    — Tu l’as. Prends la peine de le regarder. Cette
expression de sérénité qui envahit son visage. C’est celle d’un homme mort heureux.
    Elle se pencha pour récupérer son couteau, l’essuya avec
désinvolture sur le manteau en loques du vieux paysan, et le rengaina dans son
étui de ceinture.
    — Si je choisis de te croire, fis-je, glacé, ce sera
donc la deuxième fois que tu me dupes avec le même homme. Je voulais l’exécuter
moi-même.
    Je pointai mon épée sous son menton. De l’autre main,
j’attrapai sa tunique et rapprochai son visage du mien.
    — Je voulais que tu saches que je te ferai subir le
même sort si jamais tu recommences.
    Je vis passer une véritable frayeur dans ses yeux bleus, et
elle sembla sincère lorsqu’elle répondit :
    — Je te crois.
    Sentant soudain sur ses lèvres l’odeur de noisette du
sperme, je la repoussai rudement, et ajoutai :
    — Et c’est autant à Thor qu’à Geneviève que je
m’adresse. Je ne te partagerai pas plus avec d’autres femmes qu’avec d’autres
hommes.
    — Je te crois, je te crois. Tu vois ? Je continue
de me racheter.
    Ayant trouvé un sac vide appartenant au vieil homme, elle le
remplissait de morceaux de son charbon de bois.
    — Cela compensera pour le bois que j’ai fait gaspiller
pour notre feu. Maintenant, jetons ce corps dans la rivière et rentrons au camp
prendre notre dîner. Toutes ces émotions m’ont donné une faim de loup.
    Elle mangea de bon cœur, en effet, et pépia durant tout le
repas, de façon très féminine, abordant différents sujets sans intérêt, aussi
gaiement que s’il s’était agi d’un jour comme les autres. Lombric se contenta
de sucer la carcasse, comme s’il tentait de se rendre totalement invisible. Je
ne mangeai qu’une bouchée ou deux : j’avais perdu tout appétit.
    Avant que nous ne nous préparions à dormir, je pris Lombric
à part, à l’écart de Geneviève, et lui donnai de nouvelles instructions pour
l’avenir.
    — Mais fráuja, gémit-il, qui suis-je pour
espionner la fráujin  ? Et de quel droit désobéirais-je à ses
ordres ? Je ne compte pas plus qu’un bagage, dans cette expédition.
    — Tu le feras parce que je te le demande, et parce que
je suis le chef de ce groupe. Si je dois à nouveau m’absenter, tu seras mes
yeux et mes oreilles.
    J’ajoutai plus bas, d’un ton rogue :
    — J’aurais pourtant pensé que ton gros nez serait
capable de…
    — Mon nez ? s’écria-t-il atterré, comme si je
menaçais de le lui couper. Pourquoi parlez-vous de mon nez, fráuja Thorn ?
    — Rien, rien, fis-je. Garde-le pour renifler l’ambre.
Contente-toi d’être mes yeux et mes oreilles. Arrange-toi pour garder Dame
Geneviève à portée de regard et d’écoute.
    — Mais vous ne m’avez pas dit ce que je devais observer
et écouter…
    — Aucune importance, grognai-je, répugnant à admettre
que j’étais à présent cocu et rongé par la jalousie. Contente-toi de me
rapporter le plus petit incident, et laisse-moi en juger. Maintenant, allons
dormir.
    Cette nuit-là, je perdis également tout appétit pour le
reste. Ce fut donc l’une des rares nuits où ni Thorn ni Thor, ni Veleda ni
Geneviève ne s’autorisèrent la moindre gambade.
     
    *
     
    Au cours de la semaine qui suivit, je fis en sorte de ne pas
m’éloigner de Geneviève, pour ne point lui laisser le temps ni l’occasion de
fauter, sauf à trois reprises. Chaque fois, je la trouvai à mon retour
rayonnante d’innocence, ne sentis sur elle aucune odeur étrangère, et Lombric
n’eut aucune remarque particulière à formuler. Il se contenta de lever les
sourcils, écartant les mains pour me

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