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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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signifier qu’il n’y avait rien à dire. Nos
nuits furent donc actives. Tant en Thorn qu’en Veleda, je m’ingéniai à
récompenser la chasteté de Thor-Geneviève, et la vivacité de ses attentions me
rassura : son énergie n’avait pas été dépensée avec d’autres.
    Les eaux du Tyras s’étant avérées plus tumultueuses à mesure
que nous progressions vers l’ouest, tandis que sa largeur se rétrécissait, nous
comprîmes que nous approchions de sa source. Dans la dernière krchma que
nous rencontrâmes sur cette piste, je demandai conseil à son tenancier, qui
nous recommanda de traverser le Tyras, ce que nous pouvions faire sans
difficulté, et de poursuivre vers le nord sur une quarantaine de milles
romains. Là, nous tomberions sur les sources d’une autre rivière appelée la Buk [43] en langue slovène – la seule, à ma connaissance, à couler du sud au
nord –, que nous pourrions alors redescendre jusqu’à la Côte de l’Ambre.
    Nous avions parcouru environ la moitié de cette distance,
sur une route étonnamment bonne et au trafic conséquent, quand nous arrivâmes
dans un bourg que ses habitants appelaient Lviv. Le nom slovène était
imprononçable, mais l’escale s’avéra confortable. Située à égale distance du
Tyras et de la Buk, cette bourgade constituait une véritable ville : les
bergers, artisans et fermiers de la région y trouvaient un débouché commercial
d’où ils pouvaient écouler leurs produits, embarqués sur un des deux cours
d’eau. Nous y trouvâmes un hospitium fréquenté par les plus riches
marchands et visiteurs et qui offrait, chose appréciable, des thermes séparés
pour hommes et pour femmes.
    Le confort relatif de l’endroit, et la faible probabilité
d’en retrouver un comparable dans un proche avenir, me convainquirent de
prolonger notre séjour au-delà d’une simple nuit. Dès que Geneviève et moi
eûmes déposé nos bagages dans notre chambre d’hôtel, elle me déclara sans
ambages :
    — J’ai bien compris, Thorn, que tu n’entendais pas
renoncer à ta double dignité de maréchal et d ’herizogo. Cela dit, je
puis parfaitement adopter pour ma part la personnalité de mon choix, et compte
bien le faire. En prenant l’un ou l’autre de mes deux visages, je pourrai
visiter à ma guise les boutiques de l’endroit, et y acheter les articles qui me
plairont. Tu sais aussi que j’ai été habituée à un certain luxe et que je suis
assez délicate. Or, voici déjà trop longtemps à mon goût que je me contente de
bains succincts à la rivière. J’entends donc aller me prélasser avec volupté
dans les thermes locaux ouverts aux deux sexes. Vu la quantité de gens qui se
promènent de par les rues et le nombre de clients de notre hôtel, il y a peu de
chances que l’on repère la ressemblance entre mes deux identités. Et si cela
arrivait, qu’importe ? Je ne vois pas en quoi les cancans de ces minables,
dans ce trou perdu au milieu de nulle part, pourraient te nuire ou
t’embarrasser d’aucune façon.
    J’aurais dû m’insurger devant le côté comminatoire de ses
propos, mais de voir ce voleur, fornicateur et meurtrier d’un vieux paysan sans
défense se targuer soudain de délicatesse m’amusa, et je répondis avec
indulgence :
    — Comme tu voudras.
    Je n’en allai pas moins trouver Lombric à l’écurie, et lui
expliquai qu’à nouveau pour « raison d’État », la fráujin Geneviève serait amenée à s’habiller de temps à autre en homme, et
redeviendrait Thor. Il devrait cependant en toutes circonstances surveiller de
près ses allées et venues et m’en faire un rapport détaillé dès que je
l’exigerais.
    — Je ferai de mon mieux, répondit-il, l’air peu
enchanté de cette tâche. Mais… il y a des endroits où une femme peut entrer, et
pas moi.
    — La belle affaire ! Tu n’auras qu’à attendre à
l’entrée jusqu’à ce qu’elle en ressorte, fis-je exaspéré, plus énervé au fond
par ma vile indiscrétion que par sa répugnance à jouer les espions.
    Dès lors, ce fut seulement pour le repas du soir à l’hôtel
que Geneviève se montra à mes côtés sous son apparence féminine, ainsi qu’une
fois ou deux, quand nous partîmes ensemble nous promener dans les rues. Le
reste du temps, il sortit sous les traits et les vêtements de Thor, et lorsque
je venais à le rencontrer, par exemple dans les thermes masculins, nous
faisions bien entendu comme si nous étions de parfaits

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