Thorn le prédateur
occupait depuis si longtemps.
Quant à mon incessante insistance masculine à vouloir
insinuer que Juhiza n’était rien d’autre qu’un Thorn déguisé… dame, il est bien
connu que les hommes comme les dieux ont parfois revêtu la tenue du sexe
opposé, que ce soit pour se donner du bon temps, ou tout simplement pour
s’amuser. Les païens prétendent que Wotan chercha à séduire Rhind, la Reine de
l’Hiver, en s’habillant de vêtements féminins. Mais moi, je ne feignais pas.
J’étais une femme. La nature m’avait donné le droit d’apparaître comme la femme
que j’étais… et que je suis.
Longtemps avant ma naissance, le poète Térence avait
écrit : « Je suis un homme. Rien de ce qui est humain ne m’est
étranger. » Étant à la fois un homme et une femme, était-il présomptueux
de ma part de me croire encore plus qualifié que Térence pour affirmer la même
chose ? « Juhiza » alla donc à la rencontre de Gudinand en
laissant derrière elle doute et incertitude. J’étais une femme et j’agirais
comme telle. J’étais fermement convaincue que si j’avais été un homme, j’aurais
pu tomber amoureux de celle que j’étais en cet instant. Mais j’avais choisi de
laisser les circonstances en décider. J’attendrais simplement l’issue de cette
confrontation, et celle-ci prouverait ou infirmerait ma crédibilité en tant que
femme.
Gudinand avait avoué être un peu emprunté dans sa
conversation avec des inconnus, mais aujourd’hui, il ne tenait plus en place et
était rouge comme une pivoine. Pourtant, quand je me présentai devant lui, il
laissa échapper sans vraiment réfléchir à ce qu’il disait :
— Mon Dieu, mais tu es presque identique à mon ami
Thorn. Je veux dire ton frère Thorn. Sauf que… (il rougit encore davantage)
Thorn n’est qu’un joli garçon, alors que tu es une fille magnifique.
Je souris et inclinai ma tête en gracieux remerciement du
compliment, et il poursuivit :
— Tu es aussi un petit peu plus petite et plus svelte
que lui. Et… tu as des protubérances et des courbes qu’un garçon n’a pas.
À vrai dire, lui aussi avait une protubérance, assez
évidente du reste, vers le haut de son pantalon. Et je le confesse, j’étais
lourdement chargée de désir depuis la veille. Maintenant, mes organes féminins
n’étaient plus que palpitation. Aussi lui déclarai-je effrontément :
— Gudinand, nous savons tous les deux pourquoi nous
sommes venus. N’aurais-tu pas envie de les voir de plus près, ces courbes dont
tu parles ?
Son teint fonça au rouge brique. Je poursuivis :
— Je sais à quoi je ressemble, sous mes vêtements
intimes, mais toi, je ne t’ai vu qu’entièrement vêtu. Pourquoi ne pas nous
déshabiller maintenant, tous les deux en même temps ? Nous nous
épargnerons ainsi les minauderies et coquetteries effarouchées qui font en
général perdre un temps précieux à tous les nouveaux amants… N’es-tu pas de cet
avis ?
J’imagine que si Gudinand avait déjà vécu, au cours de sa
vie passée, des relations sociales normales avec n’importe quelle fille ou
femme, il aurait été scandalisé par mon impudence éhontée. Mais il sembla
considérer comme acquis que j’étais une femme du monde, et que je devais donc
être au fait des usages régissant ce genre de rencontre, aussi obtempéra-t-il
maladroitement mais docilement à mes objurgations, et commença à ôter ses
vêtements. J’en fis autant, mais avec une grâce et une provocation calculées. À
mesure que je lui révélais mon anatomie, les yeux de Gudinand lui sortaient des
orbites et sa respiration se faisait oppressée. Je m’efforçais de mon côté de paraître
maîtresse de moi-même, et de réprimer mes propres réactions à la vue de son
corps, entièrement nu pour la première fois. Mais c’était difficile. Au moment
où je vis son fascinum aussi rouge, massif et raide que l’avait été
celui de Pierre, je sentis une chaude et soudaine humidité envahir mon intimité
et couler sur une de mes cuisses. Un peu surprise du phénomène, je laissai une
de mes mains traîner négligemment à cet endroit, et me rendis compte que mon
sexe s’était ouvert comme une invite. Il était en même temps si sensible au
toucher que j’en frissonnai d’émotion.
Le regard émerveillé et fasciné de Gudinand me caressait du
haut en bas, de mon visage jusqu’à mes seins, et des seins jusqu’à mon
entrejambe, tandis que la rougeur
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