Thorn le prédateur
à avaler. Mes cuisses, autour des hanches de
Gudinand, furent elles aussi secouées d’une contraction qui m’était inconnue.
Leurs tendons et leurs muscles palpitaient et frémissaient brutalement, par
saccades incontrôlables. Toutes ces sensations continuèrent à se conjuguer
jusqu’au moment où mon extase culmina en une éruption à la fois tempétueuse et
incomparablement bienfaisante, une libération exquise, surpassant tout ce que
je connaissais.
Gudinand dut atteindre un stade similaire, bien que, tout
occupée à ressentir l’incroyable vague de plaisir qui me submergeait, je sentis
à peine le geyser qu’il fit alors jaillir en moi. Son explosion à lui dut en
tout cas être simultanée, car nous poussâmes ensemble une série de cris, de
gémissements et d’exclamations si puissants qu’ils parvinrent peut-être, assez
loin sur le lac, jusqu’aux oreilles de quelques pêcheurs dans leurs barques.
Son paroxysme atteint, Gudinand s’effondra sur moi comme
s’il avait réellement perdu connaissance, mais je ne sentis pas son poids.
Légère comme une plume, euphorique et vaguement désincarnée, jen’aurais
pas été surprise de m’entendre soudain ronronner tel un matou comblé d’aise.
Mais la surprise survint de là où je ne l’attendais pas. Sans que Gudinand y
fut pour rien (son organe était devenu si discret que je ne le sentais plus),
je ressentis soudain à nouveau cette sensation de montée progressive suivie
d’une irrésistible explosion, qui me bouleversa une seconde fois. Bien qu’un
tout petit peu plus douce et moins intense, elle ne m’inonda pas moins d’un
bonheur renouvelé, surprise qui fut évidemment fort appréciée.
Je m’interrogeais sur ce phénomène lorsque, contre toute
attente, il se renouvela pour la troisième fois quelques minutes après, et une
quatrième au bout d’un instant encore. Chaque fois, l’intensité de ces répliques
diminuait, mais le plaisir qu’elles procuraient restait un pur bonheur.
Finalement, cet étrange phénomène s’éteignit de lui-même, mais je venais de
découvrir un aspect entièrement inédit de ma nature féminine. Cette capacité de
jouir ainsi d’un renouvellement de volupté après un premier pic jubilatoire
était pour moi une véritable bénédiction, et je ne saurais mieux la comparer
qu’à l’écho sporadique qui résonne après le tumultueux fracas de la foudre,
puis décroît graduellement, avant de s’évanouir dans le lointain. Cette
merveilleuse capacité à aligner les uns aux autres plusieurs plaisirs
m’était-elle spécifique, ou toutes les femmes en bénéficiaient-elles ?
N’ayant jamais posé la question à aucune autre, je l’ignore toujours. Je sais
en revanche que jamais pareille chose ne m’est arrivée quand je jouais le rôle
de l’homme.
Ce que j’appris aussi c’est qu’il existe une chose que la
femme ne peut en aucun cas simuler.
Une femme peut en effet pour différentes raisons –
qu’elle veuille flatter un amant ou au contraire le duper – faire semblant
d’éprouver une grande quantité de sensations dans l’acte amoureux. Il lui est
facile de se donner des expressions de visage correspondant à n’importe quel
degré de volupté. Elle peut faire en sorte que ses mamelons pointent davantage,
ou ceux-ci peuvent innocemment le faire d’eux-mêmes, lorsqu’ils sont soumis au
froid, ou tout simplement qu’un homme les regarde. Une femme peut réussir à
ouvrir en guise d’invite les pétales intimes de ses organes sexuels, ou à leur
donner une moiteur attrayante, rien que par une habile manipulation secrète.
Bien que là aussi, ces choses puissent se produire spontanément en fonction du
mois ou de la phase de la lune. Une femme peut feindre tous les stades de
l’excitation sexuelle, depuis la rougeur juvénile montant aux joues jusqu’à
l’ultime jouissance, qui fait hurler et battre des bras, tout cela de manière
suffisamment convaincante pour abuser jusqu’à son vieux mari ou le plus
expérimenté des séducteurs.
Mais il est une chose qu’elle ne peut simuler, même si elle
s’efforçait de le faire. Je veux parler des contractions de ses muscles les
plus intimes, de cette palpitation rythmique qui les fait se convulser en
pulsations successives que j’ai moi-même expérimentées. La femme n’a aucun moyen
de contrôler ces manifestations particulières du plaisir ; elle ne peut ni
les empêcher lorsqu’elles arrivent, ni les provoquer si
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