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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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l’intention de garder cette,
euh… venefica  ?
    — N’ayez pas d’inquiétude, fráuja. Elle a rempli
sa mission, comme j’ai rempli la mienne. Je suggère qu’à présent, vous et moi
nous nous occupions de la nôtre, et ailleurs. Dès que nos bagages seront prêts,
je suis disposé à quitter Constantia. À jamais.

 
LA VALLÉE AUX ÉCHOS



23
    Durant le reste de l’automne, l’essentiel de l’hiver et une
bonne partie du printemps qui suivit, je travaillai, ainsi que je l’avais promis
à Wyrd, plus dur que jamais pour nous procurer les peaux et fourrures, les
cornes d’ibex et les sacs de castoréum nécessaires à reconstituer notre
fortune. Il aurait bien sûr été difficile de chasser avec plus d’habileté et
d’abattre davantage de gibier que ne le faisait Wyrd, qui me surpassait
toujours de très loin dans l’art de la survie en forêt et l’acuité de
l’observation. Toutefois, ainsi que je commençai à le remarquer – et Wyrd
dut bien l’admettre, mi-grognon, mi-résigné –, l’âge avançant, sa vision
diurne déclinait dès que la lumière n’était pas suffisante.
    — Par Wotan, le père tout-puissant, grognait-il, je me
demande combien de gens espéreraient, souhaiteraient et prieraient le ciel de
vivre longtemps, s’ils réalisaient pleinement que ça signifie tout simplement
devenir vieux.
    Aussi chaque soir, quand venait le crépuscule, je délaissais
ma fronde et Wyrd me passait son arc hunnique, afin que je puisse continuer de
chasser bien plus tard qu’il eût pu le faire seul. Avec la pratique, ayant utilisé
cette arme un peu chaque jour, j’acquis à son maniement une certaine habileté.
Sans être aussi expert que Wyrd, je fus en mesure de surseoir à sa vision
durant une ou deux heures chaque soir et d’accroître d’autant nos prises, tant
pour leurs peaux que pour le repas vespéral.
    Que ce soit à l’aide de ma fronde ou de l’arc de Wyrd –
et même une fois de mon glaive court, quand un ibex particulièrement curieux ou
stupide fit irruption dans un bosquet où je me reposais – j’abattis durant
ces quelques mois au moins un spécimen de tous les animaux munis de fourrure… à
l’exception de deux. N’ayant jamais réussi à enchaîner, comme le faisait Wyrd,
plusieurs jets de flèches en cascade, c’est toujours lui qui se chargea de
l’exploit consistant à réveiller un ours en train d’hiberner et à le faire
sortir de son antre, pour l’achever d’un seul trait mortel. De même, bien
qu’une peau de loup, riche et lourde comme elle l’est en hiver, vaille le prix
de celle d’un carcajou, jamais Wyrd, l’Ami des Loups, ne me permit d’en abattre
un.
    Je dois avouer que sans devenir moi-même leur véritable ami,
je commençai néanmoins à les admirer, spécialement pour leur hardiesse. Un
vieux dicton débute par les mots : « Qu’arrive l’hiver et les
loups… » et cette association est justifiée. Les loups affectionnent en
effet l’hiver, plus que toute autre saison. Chaque fois que, pataugeant
jusqu’aux cuisses dans d’épaisses congères et glacé jusqu’aux os, je tombais
sur un loup tapi sous un arbre, je ne pouvais que m’émerveiller de le voir toujours
allongé intentionnellement, – et semble-t-il avec bonheur – du côté
ombragé de l’arbre.
    Bien avant le printemps, Wyrd et moi fûmes contraints de
marcher à côté de nos chevaux, tant leurs selles se retrouvèrent lourdement
chargées d’impressionnantes piles de peaux, alors que nous continuions d’en
ajouter chaque jour de nouvelles. Nous fabriquâmes donc des traîneaux à l’aide
de branches à la fois solides et flexibles, liées entre elles par des cordes de
cuir, et aux extrémités incurvées vers le haut pour faciliter le franchissement
des obstacles du parcours.
    Ayant quitté Constantia et fait le tour du lac Brigantinus
par le sud, en poursuivant notre route vers l’est, nous avions pénétré dans une
province appelée en latin la Rhétie Secondaire, ou Bajo-Varia dans la Vieille
Langue. Comme nous l’avions fait l’hiver précédent, nous suivions les pentes de
ces collines qui forment les contreforts alpins. Mais l’hiver étant plus
clément, nous gravîmes à plusieurs reprises les hauteurs afin d’aller y traquer
l’ibex, ou d’explorer quelques cavernes dont Wyrd se souvenait, dans lesquelles
nous trouvâmes plusieurs ours.
    Bajo-Varia est l’une des moins peuplées de ce qui reste de
provinces à

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