Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
Vom Netzwerk:
autres lieux, Wyrd y avait quelques vieilles
connaissances. Et là comme ailleurs, il se saoula avec eux, non sans avoir au
préalable vendu une certaine quantité de fourrures et de cornes, ainsi que du
castoréum au medicus local. Après quoi, pendant qu’il éclusait,
s’empiffrait et se vautrait dans une heureuse ébriété, j’achetai les
marchandises dont nous aurions besoin lors de l’étape suivante de notre voyage.
    Celle-ci, dès que Wyrd eut récupéré et que nous fûmes
repartis, nous mena d’abord le long de l’Aenus, dont nous descendîmes un temps
le cours, avant de nous en éloigner à partir du coude où la rivière oblique au
nord vers des terres simplement arrosées de plus modestes affluents. Nous
avions alors accéléré notre marche, car la période hivernale étant passée, nous
chassions les animaux à fourrure seulement pour nous sustenter. C’est ainsi que
vers la fin du printemps, nous ralliâmes la capitale de la province, ville
commerçante du nom de Juvavum [79] . Dès que nous y eûmes vendu nos
marchandises, pour une somme largement supérieure à celle que nous avions
récoltée à Constantia, Wyrd m’expliqua :
    — Je n’ai ici point d’amis avec lesquels prendre du bon
temps et boire à nos souvenirs, et sans eux, je ne suis guère attiré par les
villes. Cependant, je crois que nous avons mérité de vraies vacances. Passons
juste ici les quelques jours qui s’annoncent, gamin, à purifier nos corps
d’hommes des bois dans quelque bon bain langoureux, et à nous gorger à satiété
des voluptueuses viandes de la ville. Nous pourrons aussi y reconstituer notre
garde-robe, et faire le plein de marchandises de première nécessité. Puis nous
repartirons, et je t’emmènerai vers un des sites les plus enchanteurs où l’on
puisse imaginer se délasser. Qu’en dis-tu ?
    Désireux de me distraire des pénibles souvenirs de la
dernière ville où nous nous étions arrêtés un certain temps, j’acceptai avec
enthousiasme et une semaine plus tard, Wyrd et moi quittions Juvavum, où nous
laissâmes nos traîneaux vides. Sans reprendre l’une des nombreuses voies
romaines qui convergent sur la ville, nous nous engageâmes en direction du
sud-est, parmi les contreforts d’altitude croissante de ces « Alpes au
Toit de Pierre », ainsi que les désignaient les habitants de la région.
    Après quelques jours à peine d’une marche sans difficultés
majeures, nous gagnâmes la partie de Norique appelée en latin Regio
Salinarum, et dans la Vieille Langue le Salthuzdland, deux noms
signifiant : « la région saline ». N’allez pas imaginer pour
autant qu’il s’agissait d’un aride désert salé, tel qu’il en existe, m’a-t-on
dit, en Asie et en Libye. Loin de là. La région est amplement pourvue en mines
de sel, mais celles-ci sont toutes à de grandes profondeurs, et les entrées de
ces cavernes se fondent avec discrétion dans un paysage grandiose, l’un des
plus attachants qu’il m’ait été donné de voir. Les luxuriants massifs alpestres
de fleurs sauvages alternaient harmonieusement avec des forêts qui, j’ignore
pourquoi, ne ressemblaient en rien à celles que nous avions traversées
jusque-là. Elles avaient tout à fait l’air de ces parcs que les gens aisés
s’aménagent en guise de jardins : ni broussailles envahissantes, ni arbres
anarchiquement serrés les uns contre les autres. Là, chacun avait la place
d’épanouir sa généreuse couronne, et entre les arbres, les parterres de fleurs
et les parties gazonnées étaient si nettement délimités qu’on les aurait crus
taillés par de méticuleux jardiniers.
    — C’est vraiment la plus belle région que j’ai pu voir,
fis-je à Wyrd, émerveillé et véritablement sous le charme. Pensez-vous que ses
bois soient peuplés de centaures, de satyres et de nymphes ?
    — Sans doute autant qu’il peut y en avoir ailleurs,
fit-il avec une ironie désabusée.
    Mais il semblait heureux que j’approuve son choix de
villégiature pour nos vacances.
    Un seul malheureux incident troubla notre voyage. Nous
avions fait halte pour la nuit auprès d’un ruisseau cristallin coulant sous une
odorante tonnelle fleurie. Je m’étais éloigné pour rassembler des branches
mortes et des brindilles afin de lancer le feu, et j’étais en train d’en
revenir les bras chargés quand j’entendis Wyrd proférer une sourde exclamation
de surprise, immédiatement suivie d’un étrange cri animal

Weitere Kostenlose Bücher