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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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des profondeurs aux muscles
impressionnants qui avaient toujours dû vivre dans ces cavernes, mais dont les
vêtements de cuir étaient semblables à ceux des mineurs d’aujourd’hui. D’où
l’idée bien ancrée chez les habitants d’Haustaths que leur mine avait dû être
exploitée depuis que les descendants de Noé s’étaient dispersés sur la terre.
    Elle fournit encore en tout cas d’inépuisables quantités
d’un sel de la plus grande pureté, qui garnit confortablement la bourse des
riverains. Tous vivent ici depuis des générations, et leur sang est mêlé
d’origines si diverses – tribus germaniques variées et colons romains
venus d’Italie – qu’il serait difficile aujourd’hui de préciser leur
nationalité ; mais tous sont indistinctement des citoyens romains de la
province de Norique.
    Wyrd et moi nous dirigeâmes vers les faubourgs de la ville,
où sont situées ses seules écuries. Nous laissâmes nos chevaux dans l’une
d’elles, et y réglâmes leur pension. Nous prîmes ensuite sur notre dos nos
paquets personnels, et suivîmes la seule rue du village assez large, la
promenade du bord du lac, où je pus enfin voir ce qu’étaient ces fameux objets
flottant en surface. Il s’agissait de hérons gris et pourpres, errant sur les
hauts-fonds ou méditant immobiles, sereinement perchés sur une jambe. Un peu
plus loin voguaient avec la même tranquillité sur le lac plusieurs cygnes
éblouissants. Enfin, plus loin encore, on distinguait des embarcations de
pêcheurs d’une forme étrange, que je n’avais vue nulle part. Les locaux les
appellent des faúrda, ce qui veut dire les « marcheurs », bien
qu’il soit peu probable qu’ils puissent se rendre bien vite quelque part. Ils
ressemblent ni plus ni moins à une part de melon coupée exactement en son
centre. La proue remonte au-dessus de l’eau, et la poupe, où se tient le
batelier muni de sa rame, est plate et coupée abruptement. Nul n’a su
m’expliquer l’origine de cette forme bizarre, mais je doute que de tels bateaux
soient de fins « marcheurs ».
    Ce soir-là, Wyrd et moi dînâmes de délicieuses tranches de
sandre grillé péché une heure plus tôt. Notre taverne était située sur la
place, et son caupo, un costaud du nom d’Andréas, était une vieille
connaissance de Wyrd. La façade de l’édifice était décorée de fioritures
peintes à la main et sa porte flanquée de bacs à fleurs, mais son mur du fond,
adossé au lac, était constitué de panneaux que l’aubergiste pouvait abaisser
par beau temps. Nous eûmes donc le plaisir de déguster notre repas avec une vue
splendide sur le lac au coucher du soleil et les sommets enneigés embrasés des
rayons du couchant, tout en jetant aux cygnes qui glissaient à nos pieds de
petits morceaux de pain ; nous lançâmes aussi sur l’eau quelques cris
sonores, afin d’entendre la nymphe Écho nous répondre faiblement d’un pic à
l’autre. Une fois le repas terminé, nous montâmes nous allonger dans de
confortables lits matelassés. Je restai longtemps éveillé, la tête tournée vers
la fenêtre, à regarder la lune, surgie des montagnes, nacrer de ses rayons
argentés les profondeurs bleutées du lac, et mes yeux se fermèrent enfin sur
l’un de ces jours paisibles et heureux qui vous restent en mémoire toute une
vie.
     
    *
     
    À mon réveil, le lendemain matin, je trouvai Wyrd déjà
debout, lavé et en train de s’habiller. Il fit une pause avant d’enfiler ses
jambières, pour inspecter un de ses jarrets nus, où l’on distinguait une petite
lésion rouge.
    — Vous vous êtes blessé, m’enquis-je d’une voix
ensommeillée.
    — C’est cette louve, marmonna-t-il. Elle m’a donné un
petit coup de dent avant que je ne la tue. J’étais un peu préoccupé de voir
comment cela évoluerait, mais ça m’a l’air de guérir joliment.
    — Qu’avez-vous à craindre d’une égratignure comme
celle-ci ? Je vous ai vu bien plus à l’agonie après avoir descendu un
pichet de vin.
    — Aie un peu plus de respect pour tes anciens,
gamin ! Cette femelle était atteinte de l’ hundswoths, et cette
terrible maladie peut s’attraper par une simple morsure. J’espérais que ses
crocs, en traversant le cuir épais de mes jambières, auraient été nettoyés de
leur venin… ce qui semble être le cas. Crois-moi, c’est pour moi un grand
soulagement que de voir la croûte s’en aller aussi facilement. Je vais pouvoir
tituber

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