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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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jusqu’en bas pour aller attraper la queue de cet autre loup qui m’a
mordu hier soir.
    J’avais entendu dire que l’ hundswoths, qui signifie
la « folie du chien », entraîne en général la mort, mais jamais je
n’avais vu d’animal infecté. Nul doute que je me serais fait comme lui un sang
d’encre si j’avais été au courant de sa morsure, et quand je vis avec quelle
désinvolture il en parlait désormais, je fus soulagé qu’il n’ait pas jugé bon
de m’en informer.
    Je rejoignis Wyrd dans la taverne, où il était en train de
déjeuner d’un peu de pain noir avec un verre de vin. Il semblait visiblement
prêt à siroter tranquillement en compagnie de son ami le caupo le
restant de la journée. Je me hâtai d’avaler une saucisse, un œuf de cane
bouilli et un gobelet de lait, car j’avais hâte de sortir dès le lever du
soleil estival et d’explorer le site.
    On aurait pu craindre qu’un endroit si isolé et reculé ne
présentât que peu d’attraits pour un jeune homme comme moi, mais je le trouvai
très à mon goût, ce jour-là comme les suivants, au point que j’aurais
volontiers passé tout l’été ici. En cette première matinée, je décidai
d’explorer la région du haut en bas, pour ainsi dire, aussi remontai-je à pied
la piste longeant le torrent que nous avions suivie la veille avec Wyrd pour
descendre. Cela faisait un bon bout de chemin, mais me donna l’occasion de
faire quelques haltes pour admirer le paysage, le temps de me décontracter les
muscles et de reprendre mon souffle. Passé l’endroit où Wyrd et moi avions
contourné la montagne, je pris une piste à gauche qui m’emmena un peu plus
haut, et finis par atteindre la mine de sel qui justifiait l’existence de la ville.
    Les mineurs clopinaient au sortir d’une arche voûtée servant
d’entrée, le dos chargé de longs paniers coniques remplis de morceaux de sel
brut grisâtre, tandis que leurs camarades, ayant vidé leurs sacs, y revenaient le
dos voûté, en traînant des pieds. La mine, cœur d’un véritable village,
alimentait aussi une considérable manufacture. Une grande maison abritait le
directeur de la mine, d’autres plus petites ses principaux assistants et
contremaîtres, et autour s’élevait un village entier de huttes grossières et de
petits jardins appartenant aux ouvriers. Sur les pentes alentour, partout où
s’étendaient ces petites prairies étagées, ses bords étaient hérissés de digues
et le champ rempli d’eau. La roche saline y était mise à dissoudre, et
lorsqu’elle en sortait, purifiée et décolorée, on la faisait sécher pour
obtenir le sel blanc et granuleux prêt à être consommé. Il y avait un hangar
pour le mettre en sacs, et des enclos destinés aux mules qui le
transporteraient à travers les Alpes jusqu’à ses différentes destinations.
Qu’il s’agisse des mineurs ou des conducteurs de mules, tous étaient des
hommes, mais les travaux de la maison étaient accomplis par leurs femmes et
enfants ; il y avait donc là une ville aussi peuplée que celle du bas,
dans la vallée. Certains travailleurs, je l’appris bientôt, étaient des
esclaves récemment assignés à cette tâche, mais la plupart descendaient
d’autres esclaves ayant depuis longtemps épargné sur leurs maigres gages pour
racheter leur liberté, et leurs arrière-petits-enfants poursuivaient cette
tâche, pour la bonne raison que c’était l’unique travail qu’ils aient jamais su
faire.
    J’étais debout à regarder tout cela quand une voix assez
autoritaire, au timbre pourtant jeune, retentit derrière moi :
    — Vous cherchez du travail, étranger ? Êtes-vous
un travailleur libre, ou l’esclave de quelqu’un ?
    Je me retournai, et dévisageai la jeune fille qui allait
être mon amie et ma compagne tout le temps qui me restait à passer à Haustaths.
Je me hâte de le préciser, il n’y eut jamais entre nous aucune attache
amoureuse, car c’était juste une enfant d’environ la moitié de mon âge, une
jeune Romaine brune aux yeux de biche, à la peau de faon, ma foi très jolie.
    — Rien de tout cela, lui répondis-je. Je ne cherche
aucun travail, et suis simplement monté de la ville pour voir à quoi
ressemblait la mine de sel.
    — Alors vous devez être un voyageur venu de l’autre
versant de ces montagnes. Tous ceux qui vivent ici connaissent déjà par cœur
l’endroit où nous sommes. (Elle poussa un soupir douloureux.) Dieu sait si je
suis bien

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