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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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chrétienne, petite mais
entière, creusée dans l’épaisseur et remeublée ensuite d’un autel en blocs de
sel, sur lequel trônaient un grand ciboire et un calice encore plus important,
tous deux également sculptés dans le sel.
    — Tout comme les meilleurs d’entre nous à Haustaths,
certains mineurs sont depuis longtemps chrétiens, précisa Livia. La plupart
d’entre eux sont cependant demeurés païens, et ils ont cru bon d’ajouter
quelque chose de leur cru.
    Dans le côté opposé de la caverne, ils avaient taillé un
temple. Cet espace évidé ne contenait qu’une statue de sel de la taille d’un
adulte, grossièrement sculptée mais qui représentait sans doute un dieu sous
des traits vaguement humains. Puis je remarquai que la main droite de cette
silhouette bosselée tenait le manche en bois d’un marteau, auquel on avait lié
par des lanières une tête en pierre, et je compris que la statue était celle du
dieu Thor. Ce temple portait par ailleurs des traces de suie et sentait la
fumée. C’était le seul endroit de la mine à être ainsi terni. Je demandai à
Livia d’où cela pouvait provenir.
    — Les mineurs païens font ici des sacrifices,
répondit-elle. Ils y amènent un agneau, un chevreau ou un goret. Ils allument
un feu, sacrifient l’animal au nom d’un dieu quelconque, et le font cuire avant
d’en manger la chair.
    Et haussant ses sveltes épaules, elle ajouta :
    — Les dieux ne récoltent que la fumée.
    — Et votre père chrétien laisse les païens faire
cela ?
    — Nos anciens chrétiens s’assurent même que c’est fait.
Cela contente les ouvriers sans rien coûter à la mine. Maintenant, Thorn, te
sens-tu en forme ? C’est qu’il y a du chemin pour remonter, et nous ne
pouvons glisser vers le haut.
    Je souris largement et rétorquai :
    — Je pense que je pourrai supporter l’épreuve des
échelles. Veux-tu que je te porte, jeune fille ?
    — Me porter ? répondit-elle dédaigneusement. Vái ! Essaie déjà un peu de m’attraper !
    Et elle se rua dans le corridor par lequel nous étions
venus. Mes longues jambes me permirent de la rattraper facilement et de
remonter avec elle, et je ne la quittai pas d’une semelle car sans cela, je
crois que j’aurais eu un peu de mal à retrouver mon chemin. Je dois en outre
admettre que lorsque nous eûmes gravi la dernière échelle et que nous
émergeâmes de l’entrée de la mine, j’étais suant et soufflant, et pas elle.
Mais enfin, j’avais gravi deux fois la montagne, ce jour-là. Une fois de
l’extérieur, l’autre de l’intérieur.

 
25
    Quand je rentrai à la taverne, le caupo Andréas
m’annonça, entre deux hoquets, que Wyrd s’était endormi, et qu’il avait rejoint
son lit. Je dus le regarder d’un air surpris, car il précisa :
    —  Ja, dans cet ordre. Il s’est endormi sur la table,
aussi ma femme et moi l’avons-nous transporté en haut. J’ai donc mangé tout
seul, et de bon appétit. Quand j’étais sur le point de monter me coucher moi
aussi, j’ai entendu Wyrd ronfler : on aurait dit un combat à mort entre un
sanglier et un aurochs, et la pièce fleurait bon les vapeurs de vin. Mais pour
ma part, j’étais si fatigué que ça ne m’a pas empêché de m’endormir.
    Le lendemain, quand nous nous retrouvâmes au déjeuner, je
laissai le temps au vin du matin d’éclaircir un peu les idées du vieux Wyrd,
puis je lui racontai mes faits et gestes de la veille. Je lui décrivis ma
visite dans la mine, ma rencontre avec Livia et Georgius, et les lui dépeignis
sommairement.
    Il grogna, et conclut :
    — D’après ce que j’entends, si elle est assez
supportable, son père m’a l’air d’une des médiocrités autosatisfaites les plus
achevées qui se puissent rencontrer dans une ville de campagne.
    — C’est aussi ce que je pense, admis-je. Mais il me
semble que je devrais au moins affecter un certain respect. Après tout, c’est
un Honoratus.
    —  Balgs-daddja ! Ce n’est qu’une grosse
huître dans une petite coquille.
    — Vous avez l’air plus grincheux que d’habitude, fráuja. Votre vin est-il donc si amer ?
    Il se gratta la barbe, et dit d’un ton plus posé :
    — Pardonne-moi, gamin. Mais je me sens d’humeur un peu
abattue et découragée, ces temps-ci. Ça va passer. Le vin va m’aider à soigner
tout ça.
    — Pourquoi cette morosité ? En arrivant ici, vous
sembliez très bien, non ? Considérons notre situation, fráuja.

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