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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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n’étaient
plus faits que de chiffons. Le seul rappel de l’antique cérémonie consistait à
lâcher des petits garçons nus dans les rues, munis de ces inoffensifs « fouets ».
De nombreuses femmes en mal d’enfants croisaient alors exprès leur chemin afin
de se faire « fustiger », la superstition voulant que ces fouets
issus du bouc, animal puissant s’il en fut, leur rendît immanquablement leur
fécondité perdue. En dehors de cette tradition, les Lupercales étaient
simplement une occasion de fêtes conviviales et de divertissements.
    Au mois de mars, à Vindobona comme dans toutes les bourgades
de l’Empire, une autre célébration eut lieu un jour où rien de spécial n’avait
pourtant été prévu sur le calendrier. Au cours de la première semaine de ce
mois, des messagers parcoururent toutes les provinces pour annoncer qu’un
certain Glycérius endosserait la pourpre impériale le seizième jour précédant
les calendes d’avril. Personne ne savait grand-chose de cet homme, si ce n’est
que c’était un soldat sorti du néant destiné à assumer le rôle de gardien par
intérim de l’Empire, après les décès presque simultanés de l’empereur
Anthemius, du faiseur de rois Ricimer et de l’éphémère Olybrius. Mais dans la
mesure où Glycérius allait être investi du titre suprême, tous les citoyens
romains devaient célébrer son accession au trône en ce jour de mars, et lui
souhaiter tous en chœur : salve atque flore ! [109] Quelque anonyme qu’il puisse être, Vindobona accueillait
toujours dans la joie l’occasion de festoyer. L’occasion étant là, ou du moins
toute proche, les femmes participant aux festivités porteraient une stola [110] ,
et les hommes une toge, aussi me félicitai-je que mon stator ait insisté
pour m’en fournir une.
    Cela dit, pour être franc, je commençais à me lasser de
cette vie régie par une suite continue de fêtes et de réunions mondaines.
Partout où je me rendais, je retrouvais à peu près les mêmes têtes, et n’avais
rien d’autre à faire que de m’ingénier, comme le disaient eux-mêmes ces gens, à
« tisser la toile de Pénélope », c’est-à-dire à perdre plus ou moins
mon temps.
    Je décidai que j’avais à présent acquis ce que pouvaient
m’apprendre ces gens des hautes classes de leurs mœurs, traditions et
préoccupations. Leur conduite et leur conversation m’apparaissaient désormais
artificielles, affectées et triviales.
    Je conçus l’envie de rencontrer des gens moins raffinés,
mais peut-être plus authentiques. L’un des meilleurs amis que j’avais eus
antérieurement, ce vieux coureur des bois de Wyrd, avait commencé comme soldat
colonial de base. Gudinand, le meilleur ami sensiblement de mon âge, était
quant à lui sorti de la lie de la société. Je me plus donc à imaginer que si je
descendais à ces échelons inférieurs, j’y retrouverais peut-être des gens d’un
caractère tout aussi admirable, dont je pourrais me faire d’estimables
compagnons.
    Akh, je n’allais pas pour autant disparaître tout bonnement
de la haute société de Vindobona ; la compagnie de certaines amies femmes
que j’y avais connues était loin de m’avoir lassé. Par ailleurs, il m’était
difficile d’aller me promener d’un air nonchalant, comme si de rien n’était,
dans les quartiers peu recommandables de la ville fréquentés par le vulgus
pecum. La populace pouvait bien admirer, envier ou détester ses supérieurs,
elle les reconnaissait toujours, et l’illustre Thornareikhs ne passerait pas
inaperçu. Ce qu’il me fallait, c’était une nouvelle identité me permettant de
me glisser partout sans être reconnu. Il m’était facile de me changer en
femme ; un nouveau nom me suffirait avec ce qu’il fallait de maquillage,
d’habits adaptés et un zeste de grâce féminine. J’en étais capable plus que
quiconque.
    Il me faudrait aussi prévoir un domicile bien distinct du
mien. Je me souvins que lorsque Thiuda avait demandé un logement bon marché,
Amalric l’avait dirigé vers l’établissement d’une certaine veuve. Je retournai
donc m’en enquérir auprès de lui.
    — La gargote de la veuve Dengla ? fit-il avec
répugnance. Vái ! Votre Sérénité, mais que voudriez-vous aller y
faire ?
    — Simplement y récupérer certains messages secrets,
mentis-je, et y donner quelques réponses. Je me suis arrangé avec Thiuda, mon
serviteur et agent, pour en faire notre quartier

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