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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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première semaine de
« travail », je réglai d’avance à Dengla le prix exorbitant qu’elle
exigea pour la semaine suivante. De fait, je n’avais pas dormi chez elle la
nuit précédente, passée avec une très jeune clarissima dont les parents
s’étaient absentés de chez eux. En acceptant mon argent, Dengla me gratifia
d’un sourire gangrené, ajoutant suavement qu’elle ne voyait aucun inconvénient
à ce que je « complète » mes gains ainsi qu’il me plairait de le
faire.
    — Les vertueux censeurs aiment à croire qu’une fille de
petite vertu vend son corps, mais je ne suis pas d’accord avec cette vision des
choses. Une occasionnelle, et même la plus modeste des « filles à la
lanterne », ne se donne pas plus contre de l’argent que le ferait
n’importe quelle dame comme il faut. Elle est récompensée par de l’argent pour
s’être donnée de son plein gré, tout comme le ferait une respectable femme
mariée. Si jamais tu devais éprouver un jour une honte passagère, jeune Veleda,
envisage simplement les choses sous cet angle. Si je le fais, c’est que j’ai
moi aussi, fut un temps, joué de mes charmes. Précisément une fois, avec un
Suève velu nommé Denglys, qui m’a à tout jamais dégoûté des hommes. Sois
tranquille, j’ai emmené le contenu de sa bourse en le quittant. J’ai même gardé
son nom, un peu plus distingué que… (elle gloussa d’un rire sot)… que les
autres noms que je portais. Mais tu le vois, la seule récompense tangible de
mon inconduite a été ceux-là.
    Elle gesticula en direction de ses jumeaux, qui reculèrent
timidement.
    — Toi qui n’as pas eu le malheur d’enfanter, Veleda, et
à qui les hommes ne répugnent pas, je te le dis, batifole à ta guise. N’oublie
surtout pas, par contre, de leur tirer jusqu’au dernier nummus de ce
qu’ils te doivent. Les prêtres, prêcheurs de tout poil et autres philosophes
qui sont tous des hommes voudraient que tout le monde, et plus spécialement les
femmes, considère les sept vertus morales comme le plus précieux héritage
qu’une mère puisse transmettre à sa fille. Mais nous, les femmes, nous savons
bien mieux que cela. Toutes les vertus n’existent que pour être vendues, soit
au plus offrant, soit au premier. Pour ce qui me concerne, je refuse de voir la
moindre immoralité dans tout acte qui me profite un tant soit peu. Veleda, ma
petite, je te conseillerai comme si tu étais ma fille. Je peux te proposer
certaines petites astuces pour te rendre encore plus jolie, et tu ne t’en
porteras que mieux. Par exemple, lorsque tu sors le soir, emporte un mouchoir
saturé d’essence de thym. Dès que tu rencontres un stuprator en
puissance, porte-le à ton visage. Cela fera scintiller et étinceler tes yeux,
et de donnera une de ces allures… ! De même, lorsque…
    — Je ne suis pas un article qui se vend et s’achète, Caia Dengla, dis-je pour mettre un terme à son avalanche verbale. Je gagne jusqu’à
mon dernier nummus par mon honnête labeur. Et j’imagine que si je devais
être mère, je serais fière d’avoir mis au monde deux garçons aussi adorables.
    — Adorables ! grogna-t-elle. Si j’avais eu des
filles, elles m’aimeraient à l’heure qu’il est de toute la tendresse possible.
Mais ceux-là ! Depuis leur plus tendre enfance, j’ai dû me faire violence
pour les nourrir, et ils me répugnent. Un petit homme suçant chacun de vos
seins… beurk ! Je n’ai pas pu les vendre comme charismatiques, ils sont
laids comme des poux, ni comme esclaves, car ils ne sont pas assez
intelligents. Heureusement, Bacchus en soit remercié, ils auront bientôt douze
ans, et je pourrai m’en débarrasser.
    Il paraissait évident qu’elle ne voulait pas croire et ne
croirait jamais que j’étais autre chose qu’un papillon de nuit prêt à s’offrir
à tous les coins de rue, surtout que je continuais à découcher au moins une
nuit sur deux. Pour ma part, j’inclinais assez à croire, à la façon goulue dont
elle se léchait les lèvres en évoquant les hypothétiques filles qu’elle n’avait
pas eues, qu’elle et sa cuisinière étaient sorores stuprae [112] , bien
qu’elles n’aient jamais devant moi échangé de caresses, de mots ni de regards
équivoques, et que je n’aie jamais constaté de cohabitation significative, le
jour ou la nuit, dans une chambre. Elles partaient cependant ensemble chaque
vendredi après la cena, et ne rentraient pas de la nuit.

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