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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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t’accompagner, et t’ai fait adjoindre deux archers,
pour le cas où tu rencontrerais en route des pirates ou quelque autre obstacle.
La barge est assez vaste pour vous et vos chevaux. Quoi qu’il en soit, je
souhaiterais que tu arrives à Constantinople entouré d’une garde rapprochée un
peu plus impressionnante. Aussi je te confie une seconde missive, adressée à ma
sœur Amalamena, à Novae. Elle contient des instructions pour qu’elle te
fournisse davantage de guerriers, avec leurs chevaux. Peut-être même
souhaitera-t-elle t’accompagner à Constantinople avec sa suite, puisque comme
toi, elle n’a encore jamais visité la capitale d’Orient. Tu apprécieras sa
compagnie ; c’est une fille charmante, gracieuse, aimée de tous ceux qui
la connaissent, moi le premier. Elle fera en outre son possible pour que ton
escorte ne manque de rien pour le voyage par voie de terre qui t’attendra vers
le sud-est de Novae. Dans ces conditions, cette mission te semble-t-elle plus
supportable, Thorn ? Ou crains-tu toujours d’être mon maréchal auprès de
la cour impériale ?
    —  Ne, ne, ni allis.
    Que pouvais-je lui répondre de plus ? Comme il venait
de l’expliquer, une simple femme envisageait sans appréhension ce même voyage,
assorti d’une confrontation avec l’empereur Léon. Je me contentai donc
d’ajouter :
    — Avez-vous d’autres instructions à me donner ?
    — Non, si ce n’est d’ardents espoirs. Que tu reviennes
bien vite, porteur de ce pactum que je t’ai chargé d’obtenir. Qu’il en
soit ainsi !
     
    *
     
    Le grisonnant optio Daila, qui de par ma stature et
mon rang militaire, me voyait encore la veille comme le moins expérimenté et le
plus méprisable des guerriers de son escadron, ne m’en salua pas moins avec
tous les égards lorsque je conduisis Velox dans la barge. Accompagné des deux
archers, des vétérans aussi costauds que lui, il m’accueillit sans le petit
sourire narquois que j’aurais pu craindre, et je leur rendis leur salut d’un
air peu assuré, évitant soigneusement par la suite de leur donner des ordres
qui les auraient contraints de me saluer de nouveau. Ce ne fut de toute façon
pas nécessaire, car le voyage se déroula sans anicroche, et nulle attaque ne se
produisit, venant de pirates ou lancée depuis les berges du fleuve. Je n’eus
pas non plus à user de mon autorité sur les bateliers, ceux-ci connaissant bien
mieux que moi leur métier et les caprices du Danuvius.
    Le fleuve sur lequel j’avais navigué jusque-là s’était
caractérisé par son débit rapide, ses eaux brunes et une largeur
impressionnante.
    Mais la Save l’ayant rejoint à Singidunum, il s’était encore
considérablement agrandi. Son cours mesurait désormais plus de sept cents
mètres de large, de sorte que l’on distinguait à peine les forêts sur la berge
la plus éloignée. Pourtant, après une petite journée de voyage, la rivière,
soudain obligée de forcer le passage entre deux massifs montagneux – les
Carpates au nord et la chaîne du Grand Balkan au sud – changea
complètement de caractère.
    Étirée dans un étroit défilé, coincée entre deux
vertigineuses falaises de rocs grisâtres, elle s’était réduite à une largeur
inférieure à un stade et ses eaux brunes, transformées en une mousseuse écume
blanche, rugissaient dans ce mince passage telle une véritable cascade
horizontale.
    Les chevaux s’étaient arc-boutés sur leurs pattes écartées,
et Daila, les archers et moi-même cherchions tous anxieusement un endroit
solide auquel nous agripper, la barge s’étant mise à tressauter, chahutant et
bondissant en tous sens, faisant s’entrechoquer nos mâchoires, nous secouant le
cou d’avant en arrière, opérant de soudains arrêts, de brusques embardées et
d’incessants changements de direction. L’équipage n’en garda pas moins un calme
imperturbable tout le long de ce périple sauvage, maniant ses perches avec une
science experte et pilotant les rames de manière à nous maintenir au centre du
fleuve, à distance suffisante des murs rocheux qui nous auraient fait voler en
éclats.
    Ayant moi-même expérimenté le combat, je peux attester qu’il
pousse les sens à son paroxysme, exacerbe les émotions, amplifie les réactions
de l’organisme. Mais je puis ajouter aujourd’hui qu’être pris dans un conflit
entre des éléments tels que la terre et l’eau peut vous plonger dans la même
tumultueuse excitation que

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