Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
Vom Netzwerk:
deux, comme les Burgondes d’alors,
puisqu’ils en ont une multitude. Ils appellent en effet « roi » le
moindre chef de tribu secondaire. Ces bandes alamanes rôdent constamment dans
les forêts, elles vivent en pleine nature de leur ingéniosité et de leur
connaissance des bois, et j’allais devoir en faire autant.
    Jusqu’à cet instant de mon voyage, l’hiver avait été
supportable. Mais j’avais désormais atteint les contreforts des immenses pics
formant ce que l’on nomme les Alpes. Ces montagnes moyennes que j’avais
entrepris de traverser étaient dans la Vieille Langue les Hrau Albos, c’est à dire les Alpes Froides, du fait de leur hiver ravageur. Cette
année-là, le terme de « ravageur » était mérité, et sa rigueur ne fit
que croître au fil de ma progression vers l’est. Même au beau milieu du jour,
les forêts étaient sombres, blêmes et glacées, la neige recouvrait la neige, et
je n’inhalais qu’un air constellé de morceaux de glace qui eussent écorché la
carne d’un bœuf.
    Ma seule connaissance de la vie des bois se réduisait à ce
que j’avais appris par l’expérience, en rôdant dans le Balsan Hrinkhen. Je
savais comment garder bien calés dans ma besace l’amadou et le silex, sur
lesquels je veillais avec la même précaution que sur ma fiole du lait de la
Vierge. J’étais capable de trouver suffisamment de bois mort pour allumer un
feu, et je savais qu’on ne le lance jamais sous un arbre ou un abri rocheux
couvert de neige, laquelle en fondant viendrait noyer les flammes.
    J’avais réussi, à l’aide de ma fronde, à abattre ici ou là
un occasionnel écureuil ou un lièvre des neiges, mais les premiers s’étaient
faits rares, et les seconds se confondaient désormais avec la neige. Les
ruisseaux de montagne étaient trop petits pour contenir plus que du menu
fretin. Aussi étais-je plus souvent qu’à mon tour affaibli et tourmenté par la
faim, mais je n’attaquais qu’exceptionnellement mon rouleau de saucisses
fumées. D’une part je tenais à le faire durer le plus longtemps possible,
d’autre part cela me donnait une soif inextinguible. J’avais pensé que manger
de la neige calmerait cette soif, mais curieusement ce n’était pas le cas.
C’est pourquoi je n’eus recours à mes saucisses que lorsque je campais au bord
d’un ruisseau assez large pour qu’un peu d’eau fût accessible sous le manteau
de glace.
    C’est mon juika-bloth qui me montra comment trouver
plus facilement de la nourriture. L’aigle, resté robuste, dodu et en bonne
santé, n’avait jamais à voler loin ni longtemps pour dénicher une proie. Je
l’observai, et remarquai qu’il se contentait d’inspecter les crevasses
rocheuses, au creux desquelles il trouvait toutes sortes de serpents et de
lézards en profonde hibernation, parfois agglomérés en grappes impressionnantes
pour se tenir plus chaud.
    Je suivis donc son exemple, et me mis à marcher avec un
grand bâton que j’enfonçais sans cesse dans la neige au rythme de mon pas
lourd. Grâce à cette méthode, il m’arriva parfois de dénicher une anfractuosité
dans la roche abritant celle-ci un hérisson, celle-là un loir ou une tortue en
sommeil. Je fus cependant comblé le jour où je tombai sur la tanière d’une
marmotte. Outre que la chair de cet animal est savoureuse et grasse, ce qui
aide le corps à conserver sa chaleur, son repaire est en général empli d’une
bonne réserve de noisettes, de racines, de graines et de baies desséchées
qu’elle amasse pour un éventuel repas si elle venait à s’éveiller ; je
m’en fis une délicieuse garniture pour accompagner sa viande.
    J’avais cependant la prudence de ne pas pousser
l’investigation dans les grottes trop larges que je rencontrais, pour ne pas
risquer de déranger un ours en pleine hibernation. Je n’étais pas du tout
certain de pouvoir le tuer du premier coup de mon couteau, même engourdi dans
un profond sommeil… Et je savais qu’un seul coup me serait permis. J’eus soin
aussi de me méfier d’autres animaux de mon gabarit, restés éveillés et actifs
malgré l’hiver. Il m’arriva de devoir me réfugier dans un arbre pour me mettre
hors d’atteinte d’un élan à la ramure puissante ou d’un bison à la bosse
trapue. Il me fallut y rester une nuit tout entière, lorsqu’un gigantesque
aurochs, furieux de ne pouvoir m’attraper, se déchaîna en mugissant, labourant
le sol de ses sabots et secouant le tronc

Weitere Kostenlose Bücher