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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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découvrir l’entrée de la caverne,
assez haute pour que je puisse y entrer sans me baisser. Elle s’incurvait en
effet vers la gauche, comme s’en était souvenu Wyrd, et je trouvai trois de ses
flèches dans le terreau de feuilles moisies accumulé au-delà de la courbe, à
l’endroit où elles avaient heurté la roche du mur ; la pointe de fer de
l’une d’entre elles s’était fendue sous l’impact. Après le coude, la caverne
s’arrêtait et là, dans le fond, étaient douillettement accumulées des feuilles
mortes et une grande quantité de mousse sèche, le tout amassé par cet ours ou
d’autres qui y avaient dormi avant lui. Je fourrageai dans cet amas végétal,
prenant bien garde de ne pas l’enflammer de ma torche, et finis par y retrouver
les cinq autres flèches qui avaient manqué leur cible.
    Lorsque je revins à l’emplacement de notre camp, je compris
pourquoi Wyrd avait pris autant de soin à dépecer le bouquetin. Il avait laissé
aux quatre extrémités de la dépouille de l’animal des poches englobant un
sabot, et les avait fixées à quatre piquets plantés autour du feu. Celle-ci
était donc suspendue au-dessus du feu, côté fourrure tourné vers le sol. Dès
que cette dernière eut été roussie par les flammes, Wyrd se mit en devoir de
remplir d’eau la peau pendante, attendant que celle-ci commence de bouillir. Il
y versa alors les morceaux de la carcasse qu’il avait découpés de façon
pratique, poitrine, côtes, flanc et ainsi de suite, réservant à mon juika-bloth les petits déchets de découpe et les entrailles de la bête, dont il se régala
avec un plaisir évident.
    Nous dûmes patienter le temps de la cuisson, et pendant que
l’odeur délectable montant du contenu de la peau nous mettait l’eau à la
bouche, nous vîmes l’eau de cuisson s’assombrir et les parcelles de viande
secouées par l’ébullition passer du rouge au brun. Enfin, lorsque je fus sur le
point de défaillir à la fois d’inanition et de plaisir anticipé, Wyrd brandit
son couteau goth, le planta dans un morceau de viande et déclara :
« C’est prêt. »
    C’était cuit à la perfection, si tendre que nous n’eûmes pas
à mordre dedans, et à peine à mâcher, la viande glissant d’elle-même sur les
os… Nous nous en gorgeâmes avec délices. Il fut impossible, bien sûr, de tout
absorber. Wyrd en garda un peu pour le lendemain, et suspendit quelques
morceaux choisis au-dessus du feu pour les fumer afin qu’ils soient
transportables pour être consommés plus tard. Après quoi, repus et comblés,
nous nous roulâmes dans nos fourrures pour la nuit.
     
    *
     
    Cette même nuit, mais plus loin en Orient, dans la
« Nouvelle Rome » qu’était Constantinople, un garçon presque du même
âge que le mien devait selon toute vraisemblance avoir lui aussi bien mangé,
avant de gagner son lit. Cet enfant était Théodoric, fils et prince héritier de
Théodemir l’Amale, roi des Ostrogoths, aussi dormait-il avec toute la pompe
d’un invité d’honneur dans le splendide Palais de Pourpre de Léon, empereur en
titre de l’Empire romain d’Orient. Sans doute le jeune Théodoric dormit-il
cette nuit-là dans les draps de soie d’une couche chaude et veloutée, après
s’être délecté des plats exotiques les plus coûteux.
    J’ai plus tard connu ces plaisirs, moi aussi. J’ai savouré
des viandes de grand choix, participé à de délicieux banquets dans de luxueux salons.
J’ai même souvent festoyé, dans les palais qu’il avait conquis en toute
propriété, en compagnie de Théodoric en personne, avec de riches patriciens des
deux sexes, auprès desquels s’affairait un personnel nombreux. Mais je jure que
jamais de toute ma vie je n’ai autant apprécié le plaisir de manger que lors de
ce repas tout simple, préparé par Wyrd de manière primitive, par une nuit morne
et froide, au cœur des inhospitalières Hrau Albos.

 
12
    Le lendemain matin, bien qu’à nouveau réveillé au lever du
jour, je ne trouvai point Wyrd endormi à côté du feu de camp. Il était déjà
occupé à dépecer la carcasse de l’ours, à l’endroit où il l’avait abattu. Je le
saluai d’un timide god dags puis, sans qu’il me l’ait demandé, je
remontai de notre campement un peu de viande de bouquetin réchauffée, et du
ruisselet un peu d’eau, afin qu’il puisse déjeuner. Il marmonna des
remerciements, et prit à la dérobée des morceaux de viande tout en avalant
quelques

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