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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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dire vrai, je suis d’avance résigné
à l’idée que chaque Hun sur le camp aura violé ma femme. Mais je la ramènerai,
et continuerai à l’aimer quoi qu’il advienne.
    Wyrd secoua la tête.
    — S’il y a bien une chose sur laquelle tu peux te tranquilliser,
Fabius, c’est au sujet de la chasteté de ta femme. Nul n’aura abusé d’elle. Pas
parce que les Huns sont galants, certes, simplement parce qu’ils sont
superstitieux. Ils sont prêts à tout violer, depuis une chèvre jusqu’à un
sénateur, mais jamais ils ne flétriront une femme enceinte, ou ayant ses
règles. Ils pensent que cela déteindrait sur eux.
    — Eh bien…, soupira l ’optio. Ce sont là les
meilleures nouvelles qu’on m’ait données depuis le commencement de cette
terrible épreuve.
    Je notai au passage que Wyrd ne s’étendait pas sur l’affaire
des doigts sectionnés, et en déduisis que nul n’avait encore informé Fabius de
ce pénible détail. Wyrd ne dévoila pas non plus à Fabius qu’il n’avait jamais
vraiment envisagé de libérer sa femme.
    Pendant ce temps, j’étais pour ma part absorbé dans la
contemplation du splendide cheval qui était devenu le mien. C’était un jeune
étalon noir musculeux, avec une marque blanche sur le museau. Il avait l’œil
vif et une grande élégance d’allure. Même son nom, Velox, était comme une
promesse de mouvement, de vitesse. L’animal n’avait apparemment qu’un seul
défaut, une creux semblable à une large fossette en bas et à gauche de son
encolure. Lorsque j’en fis la remarque, l’ optio daigna oublier un
instant ses griefs pour m’éclairer avec condescendance :
    — Pauvre ignorant que tu es, Torn. Loin d’être un
défaut, cette marque est au contraire une plus-value estimée pour un cheval. On
l’appelle « la trace de pouce du prophète ». De quel prophète, je
l’ignore, mais c’est assurément la promesse d’une monture de premier choix, et
un signe de bon augure. De toute façon, nos chevaux descendent tous de
l’inégalable lignée des Kehailan, originaires du Désert d’Arabie. On dit que
cette race de pur-sang remonterait à Baz, l’arrière-arrière-petit-fils de Noé.
    J’étais proprement stupéfait d’avoir été le récipiendaire
d’une monture à la lignée aussi ancienne, et m’apprêtais à le faire savoir,
quand Wyrd nous fit taire d’un geste subit. Nous le rejoignîmes là où il se
trouvait, couché et scrutant les abords par une fissure dans le torchis du mur
de l’écurie. Nous entendîmes alors, encore lointain mais se rapprochant peu à
peu, le bruit cadencé des sabots d’un cheval cheminant d’un pas lent sur la
neige fondue de la route. Nous l’aperçûmes bientôt. C’était un cheval hirsute,
bien plus petit que nos trois montures.
    — C’est un de ces miteux poneys Zhmud…, marmonna
Fabius, et Wyrd lui enjoignit de nouveau de se taire.
    J’étais pour ma part davantage intéressé par le cavalier,
mon premier Hun. Il ressemblait assez à son cheval : plus petit que la
moyenne – il ne dépassait même pas ma taille – et excessivement laid.
Son teint était d’un brun-jaune sale. Ses cheveux étaient longs, gras et noirs,
à la fois fins et rugueux, et ses yeux me semblèrent des poches percées d’une
simple fissure. Il ne portait pas de barbe, tout juste quelques brins de
moustache épars. En dépit de son apparence peu avenante, il était superbement
beau en selle, et semblait né pour chevaucher ainsi, ses jambes arquées
épousant parfaitement le ventre arrondi de sa monture. Le Hun était vêtu de
haillons comparables à ceux du jeune Becga lorsque nous l’avions découvert, et
son cheval efflanqué semblait usé par l’hiver. L’homme était armé d’un arc
identique à celui de Wyrd, mais le sien était démuni de corde, et il le tenait
haut, afin d’arborer de façon visible un petit morceau de tissu blanc sale fixé
à son extrémité.
    Fabius se tenait à côté de moi, et durant les longues
minutes que mit le Hun à passer devant nous, je le sentis convulsé de tics
nerveux. Quant au charismatique Becga, ignorant sans doute que ce Hun ou l’un
des siens serait peut-être son nouveau maître, il le regarda passer sans
curiosité apparente par le trou du clayonnage. Dès que le cavalier ne fut plus
à portée d’oreille, Wyrd se leva et dit :
    — Je vais le suivre en rampant, histoire de m’assurer
qu’il pénètre bien dans la garnison, et que le légat l’y

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