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Titus

Titus

Titel: Titus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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jetèrent sur les machines de siège, et le feu prit dans l’air sec et brûlant.
    Nos soldats reculèrent, se débandèrent. La témérité et la hardiesse juives avaient raison de la discipline romaine.
    Je me suis précipité et une flèche m’a déchiré la cuisse, me forçant à m’agenouiller.
    J’ai pensé à cet instant que Dieu ne voulait pas que je donne la mort, qu’il me contraignait à le prier à genoux.
    Je l’ai fait au moment où Titus chargeait les Juifs à la tête des cavaliers d’élite des légions.
    On eût dit qu’avec son glaive il moissonnait les corps, et douze tombèrent, tranchés par sa lame. Les Juifs refluèrent, rentrèrent dans leur cité.
    Alors je vis Titus s’approcher des quelques prisonniers juifs, la plupart blessés, qu’entouraient les légionnaires, tenant leur glaive prêt pour l’égorgement.
    Titus a tendu le bras vers l’un de ces Juifs, le plus grand, le plus fier.
    Il a lancé un ordre au centurion.
    Celui-ci a saisi le prisonnier cependant que des charpentiers confectionnaient en hâte une croix.
    J’ai fermé les yeux.
    Quand je les ai rouverts, le Juif était cloué sur la croix dressée face au rempart.

 
     
25
    Je suis resté agenouillé non loin du corps de ce Juif crucifié.
    J’ai entendu les cris de fureur et de haine qui montaient des remparts.
    J’ai vu ces hommes qui se pressaient face à la croix, brandissant leurs armes ou levant le poing.
    La mort nourrissait la vengeance qui engendrait la mort.
     
    Je me suis redressé.
    Le sang de ma blessure avait séché et j’ai marché en boitant jusqu’à Titus. Je voulais lui dire ce que je ressentais, lui apprendre qu’un autre Juif, il y avait à peine huit lustres, avait été lui aussi crucifié sur cette terre de Judée, peut-être seulement à quelques centaines de pas de la croix qu’on venait de dresser.
    Et ce Juif, Christos, était ressuscité.
    Et peut-être en serait-il ainsi de tous les hommes injustement tués, et leurs disciples formeraient une invincible cohorte.
    Titus m’a aperçu, est venu vers moi.
    Il a posé la main sur mon épaule, a penché la tête, a vu le sang qui maculait ma cuisse.
    — Nous allons te venger, Serenus, a-t-il murmuré. Pour chaque goutte de sang romain, nous allons faire couler des torrents de sang juif.
    J’ai tenté de répondre, mais il s’était déjà détourné, avait levé le bras, et les coups sourds des béliers heurtant la première enceinte ont résonné comme le tonnerre.
     
    L’un des béliers était poussé par plus de cent hommes qui se protégeaient des flèches et des pierres en juxtaposant au-dessus de leurs têtes leurs boucliers.
    Ce bélier, on le dénommait le Vainqueur, car rien ne lui résistait. À chaque fois que sa masse énorme frappait la première enceinte, elle oscillait.
    Je devinais que, de l’autre côté, les Juifs tentaient de l’étayer.
    Alors j’ai vu s’avancer les hélépoles, des tours montées sur roues, bardées de fer et plus hautes que l’enceinte. Les archers et les frondeurs qui se trouvaient à leur sommet pouvaient atteindre les Juifs qui travaillaient à soutenir l’enceinte.
    Brusquement, dans un nuage de poussière, une partie de la première enceinte s’est effondrée, et nos soldats se sont rués à l’intérieur de la ville.
    C’était le 25 du mois de mai. Le premier rempart venait de tomber.
     
    Je suis entré dans Jérusalem aux côtés de Titus et de Falvius Josèphe. Les combattants juifs et la population s’étaient réfugiés derrière le deuxième rempart, qui s’appuyait à l’une des tours de la forteresse Antonia, laquelle dominait et défendait le Temple.
    Titus s’était assis parmi les gravats.
    Autour de lui, les légionnaires rasaient les maisons de ce quartier de la ville nouvelle et ils avaient déjà abattu la première enceinte. Jérusalem avait cette plaie ouverte au flanc.
    Mais les Juifs ne renonçaient pas. Leurs flèches, tirées du deuxième rempart, tombaient à quelques pas de Titus qui ne bougeait pas, fixant la tour Antonia. Il paraissait ne pas même voir les Juifs qui surgissaient des portes du rempart et tentaient de nous repousser hors de la ville.
    Mais il était trop tard : l’agonie me semblait avoir commencé. Je savais qu’elle serait longue et cruelle.
    — Les Juifs sont endurants dans le malheur, a murmuré Titus en se tournant vers Flavius Josèphe.
    On entendait les chocs et les cris d’un de ces combats qui se livraient

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