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Titus

Titus

Titel: Titus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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palissades, déferlant vers nous, lançant leurs javelots, tirant tant de flèches qu’elles formaient une nuée noire, comme un vol serré d’oiseaux de mort.
    Notre troupe s’est brisée. Les uns ont tourné bride et se sont enfuis. Les autres, dont j’étais, se sont serrés autour de Titus qui faisait face, glaive levé, poussant son cheval contre les Juifs avec tant d’audace que leurs rangs s’ouvraient et que nous nous précipitions derrière lui dans cette brèche.
    J’ai vu – ou ai cru voir – parmi les Juifs des jeunes femmes. Et j’ai pensé que Léda Ben Zacchari était sans doute l’une d’elles.
    Mais, derrière nous, les rangs des Juifs se refermaient, leurs traits nous frappaient dans le dos, et je voyais certains des cavaliers proches de moi se coucher sur l’encolure de leur cheval, accrochés à la crinière, une flèche fichée dans l’épaule ou le dos. Je ne quittais pas Titus des yeux ; flèches et javelots passaient en sifflant près de lui, le frôlant sans jamais l’atteindre comme si un dieu retenait, écartait chaque trait.
     
    Nous avons galopé, longtemps poursuivis par les cris de triomphe et les injures des Juifs.
    Ils avaient remporté le premier engagement et mis en fuite des cavaliers d’élite.
    Ils avaient humilié Titus, fils de l’empereur, qui commandait à quatre-vingt mille hommes venus de toutes les provinces de l’Empire.
    Quand nous nous sommes arrêtés au sommet du mont Scopus, là où deux légions avaient commencé à aménager ensemble un unique camp, une troisième s’installant à faible distance, la nuit était tombée.
    Mais, à l’horizon, les lumières de Jérusalem et l’immense lueur qui enveloppait le Temple nous défiaient.
     
    Toute la nuit j’ai vu les lampes briller sous la tente de Titus.
    Et les trompettes ont sonné dès l’aube.
    Nous avons chevauché, longeant à nouveau la première enceinte, mais en nous tenant à distance, suivis par la X e légion à laquelle Titus a ordonné de construire son camp sur le mont des Oliviers, à l’est de la ville, séparé d’elle par le profond ravin du Cédron.
    Les légionnaires se sont dépouillés de leurs armes et ont commencé à aplanir le terrain au sommet du mont, à tracer les allées, à dresser les palissades. J’étais aux côtés de Titus quand les cris ont retenti. C’était une multitude encore plus dense, plus résolue, plus hurlante que celle de la veille.
    Elle avait traversé le ravin du Cédron plongé dans la pénombre, puis gravi la pente du mont des Oliviers et surpris les soldats occupés aux travaux de terrassement.
    J’ai couru près de Titus, glaive levé, pour repousser l’assaut. J’ai prié Christos pour qu’il écarte de moi les corps de ces combattants juifs que Falvius Josèphe traitait de brigands, de fous, de criminels.
    Mais je ne voyais en face de moi que des hommes jeunes, déterminés à mourir pour sauver leur cité.
    Et, une fois encore, j’ai aperçu ou cru apercevoir parmi eux des femmes, l’une d’elles pouvant être Léda.
    Ils nous ont forcés à reculer. Ils ont encerclé Titus quelques instants. Puis nous les avons repoussés.
     
    C’était l’heure où le soleil est au plus haut. Sa chaleur brûlait ma peau écorchée, ruisselante de sueur.
    Réussirions-nous à prendre cette ville sacrée, défendue avec tant de courage et de ruse ?
    Elle ne serait à nous qu’après que nous aurions exterminé tous ses défenseurs. Je les entendais crier de joie, heurter leurs boucliers pour rythmer leurs danses.
    Ils se moquaient de nos soldats qui avaient fui. Sur l’autre côté de la ville, ils les avaient attirés vers l’enceinte en leur faisant croire qu’ils étaient prêts à se rendre, à ouvrir les portes. Les légionnaires s’étaient précipités, n’écoutant pas les ordres de leurs centurions. Et ils avaient été massacrés.
    Les survivants étaient honteux d’avoir désobéi à leurs officiers et d’avoir été vaincus.
     
    J’ai écouté la harangue que Titus leur adressait, debout sur l’estrade dressée sur le forum du camp du mont Scopus.
    Il parlait bras croisés, casqué, sa cuirasse d’or étincelant sous le soleil.
    — Les Juifs, dit-il, combattent avec la force du désespoir. Ils sont courageux et rusés. Leurs embuscades sont soigneusement préparées et leurs stratagèmes sont couronnés de succès grâce à l’obéissance de tous. Vous, soldats de Rome – il a tendu le bras vers eux –

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