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Titus

Titus

Titel: Titus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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la vanité ont aveuglés. En ces temps troublés, parce que le Temple a été souillé et détruit, des hommes répètent ses paroles et imaginent qu’il est le Messie. Mais Titus se trompe, Serenus. Le rejeton est une pousse sèche, et l’arbre de notre foi enfonce ses racines au plus profond de l’univers. L’Éternel est notre Dieu, l’Éternel est Un. Titus lui-même le pressent.
    Josèphe avait baissé la voix pour prononcer ces derniers mots.
    On disait que Titus songeait à épouser Bérénice et que, marié à cette reine juive, il se soumettrait peut-être au dieu des Juifs. Puisque son départ pour l’Égypte et Rome devait avoir lieu dans quelques jours, on s’inquiétait de savoir s’il serait accompagné de Bérénice, et comment l’empereur Vespasien accueillerait son fils, ainsi flanqué d’une reine d’Orient appartenant au peuple et à la religion que Rome venait de vaincre.
    Au moment où, arrivant de Césarée, nous avions retrouvé les mines de Jérusalem, j’avais entendu Titus maudire les brigands, les fous qui avaient déclenché la guerre contre Rome et l’avaient ainsi contraint, lui, à détruire cette ville, ce Temple, ce lieu de richesses et de splendeurs qui brillait aussi pour la gloire de l’Empire et qui, au terme d’une guerre dont l’issue avait dès l’origine été certaine, n’était plus que désolation.
    Titus s’était emporté, demandant que l’on fît embarquer aussitôt Jean de Gischala, Simon Bar Gioras et les sept cents prisonniers choisis pour leur beauté afin qu’ils rejoignent au plus vite l’Italie. Ils défileraient devant le peuple de Rome le jour de la célébration du triomphe des armées romaines en Judée.
    —  Judaea capta , Judée captive, avait-il répété.
     
    Léda était ma captive, mais je m’étais séparé d’elle au moment où, avec Titus, nous quittions Jérusalem pour Alexandrie.
    Nous devions cheminer dans le désert de Judée, et Léda aurait été contrainte de marcher parmi les prisonniers et les esclaves.
    Je l’avais donc confiée à des marchands qui se rendaient à Alexandrie par la voie maritime.
    J’avais aussi craint que les sicaires et les zélotes qui s’étaient réfugiés dans les cités fortifiées d’Hérodion, de Macheronte, d’Hébron et de Massada ne tentent d’attaquer notre arrière-garde, avec laquelle marchaient les prisonniers. Mais nous traversâmes la Judée puis le Sinaï sans encombre, et à Memphis Titus offrit des jeux. Une fois encore je vis les prisonniers déchirés, dépecés par les fauves ou bien contraints de s’entretuer.
    Au moment où il s’apprêtait à regagner les gradins, Titus, d’un geste lent et avec un sourire bienveillant, indiqua à Flavius Josèphe qu’il pouvait ne pas assister à ce spectacle. Josèphe s’inclina et, alors qu’autour de lui les tribuns le regardaient avec mépris, il s’est éloigné.
    J’ai dû suivre Titus dans l’amphithéâtre. Le spectacle, dans cette petite arène, m’a paru encore plus cruel.
    Il y avait comme une intimité infamante entre nous, ce peuple qui applaudissait, et ces êtres qui allaient mourir.
    — C’est l’assemblée des méchants, me dit Flavius Josèphe lorsque je le retrouvai. Nous sommes le seul peuple de l’Empire à refuser cette sanglante idolâtrie, et le crime des zélotes et des sicaires contre notre foi est d’avoir souillé le Temple de sang humain, d’avoir tué leurs frères, d’avoir oublié l’enseignement de notre Loi qui veut qu’on ne sacrifie pas l’homme, mais l’animal. Ils ont été sacrilèges. Nous sommes un peuple qui fréquente les lieux de culte et les synagogues, non les amphithéâtres et les cirques.
     
    J’écoutais Flavius Josèphe sans me lasser, souvent surpris ou dérouté par ses propos.
    Il disait tout à la fois que Dieu avait choisi les Romains et leur avait donné la victoire, et que le peuple juif était supérieur à tous les autres, que la religion de son dieu ne pouvait être comparée à aucune autre, qu’elle était l’unique, comme l’Éternel était Un.
    À Alexandrie je le sentis fébrile, impatient de gagner Rome, cœur de l’Empire du genre humain.
    Je le voyais, l’entendais flatter Titus, et à Memphis il me parut satisfait de voir Titus ceindre le diadème. Il l’assura que l’avenir lui réservait la plus haute des dignités, qu’il succéderait à son père l’empereur Vespasien.
    C’est Titus qui l’interrompit et qui, se tournant

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