Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Titus

Titus

Titel: Titus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
d’honorer Dieu l’Éternel, Dieu Un.
    J’ai empoigné son bras au-dessus du coude. Mes doigts, mes ongles se sont enfoncés dans sa chair. Elle ne s’est pas débattue. Elle n’a pas baissé les yeux lorsque je lui ai répondu :
    — Ton dieu t’a abandonnée, il a laissé les Romains vaincre ton peuple et détruire le Temple, parce que toi et les tiens vous l’aviez souillé. Vous avez tué les vôtres. Des femmes ont, par votre faute, perdu la raison, dévoré leurs propres enfants ! Alors votre dieu vous a jetés à fond de cale, il t’a livrée à moi, et si je le voulais je te renverrais parmi les tiens ou je te précipiterais par-dessus bord.
    Je la tenais ferme, car tout son corps tremblait, et j’ai pensé qu’elle était capable, pour me fuir, clamer sa liberté et son courage, de bondir dans l’écoutille ou de plonger dans la mer.
    — Tu vas voir Rome, celle qu’on appelle la Ville forte, tu vas découvrir la cité puissante que les dieux ont choisie comme capitale du genre humain, tu vas assister au triomphe des vainqueurs de ton peuple.
    Elle s’est raidie, essayant de dégager son bras de mon étreinte. Et, n’y parvenant pas, elle m’a craché au visage.

 
     
38
    Dans mon souvenir, il me semble que jamais je n’ai lâché le bras de Léda.
    Je l’ai forcée à marcher près de moi dans les rues de Rome en ce jour où l’on célébrait le triomphe de l’empereur Vespasien et de son fils Titus sur les Juifs de Judée.
    Léda baissait la tête pour ne pas voir ces centaines de prisonniers dont elle aurait peut-être reconnu les visages et qu’on avait revêtus de beaux vêtements afin qu’on ne remarquât pas les blessures que les supplices avaient infligées à leurs corps.
    Au milieu de ces hommes aux visages gris, j’ai aperçu Jean de Gischala et Simon Bar Gioras. C’était ce dernier qui devait être égorgé près du Forum au terme du défilé triomphal. Il était déjà dénudé, une corde lui enserrant le cou.
    Mais ce n’était encore que l’aube, le rassemblement au champ de Mars des cohortes et des centuries qui allaient participer aux cérémonies après que Vespasien et Titus, vêtus de soie et couronnés de lauriers, la tête recouverte d’un pan de leur tunique, auraient récité les prières et accompli les sacrifices en l’honneur des dieux de Rome.
    J’ai entraîné Léda parmi la multitude qui avait envahi les rues de Rome et qui saluait le cortège, succession de spectacles, de chars sur lesquels était entassé le butin pris en Judée. J’aperçus la table d’or, le chandelier d’or à sept branches, les tissus brodés, les étoffes les plus rares. Puis venaient des animaux de toutes espèces, parés d’ornements, leurs gardiens costumés de vêtements teints en pourpre, entretissés d’or.
     
    C’était la richesse et la force qui défilaient.
    J’étais à la fois surpris et grisé par tant de magnificence.
    Je voyais s’avancer des décors hauts de quatre étages représentant toutes les scènes de la guerre de Judée, les batailles, le siège des villes, l’incendie et la destruction du Temple, et même les supplices, cette forêt de croix dressées face aux remparts de Jérusalem.
    La foule innombrable acclamait Vespasien et Titus, chacun debout sur un char, et le fils cadet, Domitien, monté sur un cheval blanc, caracolait autour d’eux.
     
    J’ai serré le bras de Léda. À plusieurs reprises, avec une sorte de rage, j’ai même pris son menton dans ma main gauche, puis l’ai forcée à lever la tête pour qu’elle vît le butin, les statues des dieux, les décors de quatre étages, ces colonnes de prisonniers.
    Je voulais qu’elle mesurât notre puissance, qu’elle admît que ç’avait été folie de se rebeller contre Rome, que Flavius Josèphe avait eu raison de condamner Simon Bar Gioras, que nous étions assis aux côtés de Titus entouré de Bérénice, Tibère Alexandre, Agrippa et de bien d’autres Juifs, et que l’autre allait être égorgé, agenouillé face au temple de Jupiter Capitolin.
    J’espérais qu’elle me serait reconnaissante de l’avoir affranchie, d’avoir ainsi fait d’elle une citoyenne de Rome, capitale de l’Empire invincible, le plus glorieux de tout le genre humain.
     
    Je lui ai montré dans la foule ces esclaves juifs enchaînés dont certains avaient commencé à creuser les fondations d’un grand amphithéâtre dont l’empereur Vespasien avait décidé la construction et qui

Weitere Kostenlose Bücher