Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Toulouse-Lautrec en rit encore

Toulouse-Lautrec en rit encore

Titel: Toulouse-Lautrec en rit encore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Alaux
Vom Netzwerk:
représentant le Mont-Saint-Michel, le tout baignant dans une écœurante odeur de cire d’abeille.
    Albin Couderc finit par réapparaître, la mine satisfaite de l’homme qui a soulagé sa vessie. À moins que l’adjoint de Coustot n’ait arraché un nouvel indice à ce théâtre provincial où la naphtaline disputait à l’encaustique un confort de bon aloi ?
    — Pardonnez mon indiscrétion, mais votre collection de chaussures est impressionnante ! J’ai totalisé trente-six paires, mais je suis certainement loin du compte, souligna Couderc, faussement enjoué.
    — C’est ma faiblesse… confessa Denise Combarieu. Les étagères croulent sous le poids de mes mocassins, de mes vernis, sans parler des talons aiguilles, c’est ma marotte ! Dans une vie antérieure, j’ai dû être une sorte de Cendrillon avec des pantoufles de vair !
    — Vous auriez dû libérer vos étagères de l’imposante machine à écrire qui encombre vos rayonnages. Celle-là même dont vous avez dit à M. Cantarel que vous ne saviez pas où elle était…
    Tout à coup, le teint de Mlle Combarieu se confondit avec la porcelaine des tasses à café désespérément vides qui habillaient le plateau d’argent.
    — Ce modèle Japy est bien celui sur lequel, pendant des années, vous avez tapé le courrier de M. Dorléac ? Une machine, certes obsolète, mais qui est encore dans l’inventaire de la mairie d’Albi. Vous savez, mademoiselle, que vous êtes coupable de détournement de biens publics et de recel ? Voilà qui est de nature à entacher sérieusement votre intégrité auprès de M. le conservateur qui ne jure que par vous !
    — C’est René qui l’avait entreposée ici. Il disait que cela pouvait toujours servir…
    — Justement, vous avez su vous en servir quand il s’est agi d’intimider ce pauvre M. Dupuy ! s’indigna le commissaire en essayant de soutenir, mais en vain, le regard de la femme au chignon trilobé.
    — Je… Je…
    — C’est bien vous, n’est-ce pas, qui avez déposé dans la boîte aux lettres de Dupuy ce courrier injurieux accompagné de menaces de mort ?
    — Il nous devait de l’argent ! Cent mille francs, ce n’est pas rien !
    — Quand vous dites « nous », dois-je comprendre René et vous ?
    — Oui… Enfin, non !… C’était mon argent. Je lui avais prêté cette somme quand il s’est acheté la maison du Puits-Vert. Il devait toucher une part d’héritage dans les mois qui suivaient cette acquisition. Mais il ne m’a jamais remboursée, ni intérêts ni principal. Il faisait comme si nous étions quittes ; il était sourd à toutes mes réclamations. Il entendait ce qu’il voulait, commissaire. C’était un drôle de loustic, le Dupuy. J’ai appris à le connaître, moi !
    — Était-ce une raison suffisante pour le menacer de mort ?
    — J’étais à bout d’arguments, commissaire ! Le jour où il nous a découverts, René et moi, dans les réserves du musée, il s’est mis à nous faire chanter. C’était son silence contre l’annulation de la dette.
    — C’est alors que vous avez eu l’idée de signer vos menaces des initiales des fils Labatut ? anticipa Coustot.
    Denise, qui avait perdu toute sa superbe, baissait régulièrement la tête, laissant deviner les épingles à cheveux qui bâtissaient son impeccable chignon :
    — Parce que Dupuy les craignait. Enfin, surtout Jean…
    — Les fils de René étaient-ils dans la combine ? demanda Couderc.
    — Bien sûr que non ! Tout ça, c’était pour nous préserver, René et moi… Pour que Dupuy ferme sa gueule !
    — Calmez-vous, mademoiselle Combarieu !
    — Vous reconnaissez la gravité de vos actes ?
    Les yeux de la secrétaire s’embuèrent.
    — Le surlendemain de la mort de Dupuy, j’ai bien essayé de retirer la lettre que j’avais glissée dans la boîte aux lettres, mais elle n’y était plus.
    — Dites-moi, mademoiselle, votre amant était-il au courant de ce chantage odieux sur Dupuy ?
    — Non. René était en retrait de cette affaire. C’est moi seule qui ai eu cette idée. Je l’assume entièrement. C’est quand je lui ai dit ce que j’avais fait qu’il est parti dans une colère folle. Nous nous sommes disputés violemment et promis de ne plus nous revoir. Je ne pouvais pas imaginer que…
    À présent, la fille de maître Combarieu sanglotait.
    — C’est ma faute ! Je ne sais pas ce qui m’a pris !
    Coustot posa la main sur

Weitere Kostenlose Bücher