Toute l’histoire du monde
veulent les « Français africains ».
La colonisation de peuplement, elle, installe outremer une population européenne nombreuse, et de manière qui se veut définitive.
En ce sens, le « sionisme », inventé par Theodor Herzl en 1896 pour donner un refuge aux juifs persécutés, s’inscrit dans ce contexte. Même si, dans le cas de la Palestine, ce mouvement se veut un « retour » et non une conquête. Nous en reparlerons.
Juxtaposant deux peuples, la colonisation de peuplement aboutit parfois à l’éviction de l’un des deux : celui des indigènes. Les Américains ont, de fait, dépossédé les tribus indiennes, les Australiens les Aborigènes, et les Néo-Zélandais, les Maoris ; dans ce cas de figure, les Européens n’ont plus de problèmes. Ou bien celui des colons c’est, nous le verrons, ce qui arrivera en Algérie : les Européens seront chassés de ce pays où ils vivaient depuis un siècle par les indigènes musulmans.
Cependant, le compromis n’est pas impossible. En Nouvelle-Calédonie, Européens et Canaques coexistent sous la protection tutélaire de la France. En Afrique du Sud, Afrikaners et Noirs, cette fois sans intervention extérieure, semblent résolus à vivre ensemble.
La Belle Époque
En France, après la tragédie de la Commune, son vainqueur Adolphe Thiers fut nommé chef de l’exécutif. Il obtint de Bismarck l’évacuation du pays dès 1873 (à l’exception de l’Alsace-Lorraine) en contrepartie d’une indemnité de guerre. Les Prussiens partis, le maréchal de Mac-Mahon lui succéda.
Ainsi, née d’une insurrection de gauche le 4 septembre 1870, la défaite et la Commune avaient poussé la République très à droite – ce que ne contredit pas la Constitution de 1875, votée à une faible majorité, qui aurait pu convenir à une monarchie constitutionnelle.
La restauration monarchique échoua à la suite de l’entêtement du comte de Chambord, qui ne voulait pas conserver le drapeau tricolore. La Troisième République va durer jusqu’en 1940.
En mai 1877, les républicains, ayant gagné les élections législatives, « gauchirent » le régime. Mac-Mahon ayant été acculé à la démission, le pouvoir réel se trouva partagé entre l’Assemblée nationale et celui qu’on appelait alors le président du Conseil, le président de la République n’ayant plus qu’un rôle honorifique.
Cette « République des Jules » (ainsi nommée parce que beaucoup de ses ministres se prénommaient Jules, le plus connu étant Jules Ferry) a connu des crises, mais son œuvre est grande. La crise la plus célèbre et la plus grave fut celle de l’affaire Dreyfus.
Mais, avant elle, les citoyens avaient éprouvé des tentations bonapartistes : un beau général, le général Boulanger (ministre de la Guerre en 1884), les incarna. Vainqueur des élections en janvier 1889, il n’osa toutefois pas marcher sur l’Élysée, prit peur, s’enfuit en Belgique et s’y suicida en 1891.
L’affaire Dreyfus fut autrement sérieuse. Le capitaine Dreyfus, d’une famille juive alsacienne, fut accusé, sur simple ressemblance d’écriture, d’avoir livré des secrets importants à l’attaché militaire allemand. Le capitaine travaillait au 2 e bureau de l’état-major. Arrêté et jugé trop rapidement par un conseil de guerre, il fut envoyé au bagne en Guyane (octobre-décembre 1894). L’« Affaire » éclata en 1896 quand on commença à soupçonner que le coupable n’était pas Dreyfus, mais un autre officier du nom d’Esterhazy. L’état-major refusant de se déjuger et Esterhazy étant acquitté, les intellectuels français se mobilisèrent pour la libération de Dreyfus. En 1898, Émile Zola écrivit dans L’Aurore son éditorial célèbre : « J’accuse ». Le procès fut révisé en 1899 et le capitaine alsacien rétabli en 1906 dans tous ses droits.
Certes, Dreyfus a été victime d’une violente poussée d’antisémitisme, d’ailleurs générale en Europe. En Russie, c’était le temps des « pogroms ». C’est à la suite de l’Affaire que Theodor Herzl en arriva à l’idée qu’il fallait créer en Palestine un refuge pour les israélites. Mais on trouva des « dreyfusards », partisans de la révision du procès, aussi bien à droite (le père de De Gaulle, Lyautey) qu’à gauche (Péguy, Zola),
Ceux qui brandissent aujourd’hui l’« Affaire » dans un procès en sorcellerie (et en antisémitisme) contre la France
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