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Toute l’histoire du monde

Titel: Toute l’histoire du monde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Claude Barreau , Guillaume Bigot
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oublient que les intellectuels français, le prétoire, l’armée et l’opinion publique rendirent justice à Dreyfus ! Dans quel autre pays, en ce temps-là, aurait-on ainsi donné tort à la raison d’État ?
    Malgré les crises, les œuvres de la « République des Jules » furent nombreuses. La première et la plus connue revint à Jules Ferry, qui en 1881 fit voter une loi rendant l’instruction publique obligatoire jusqu’à quatorze ans. C’était là une première mondiale. Les gendarmes venaient chercher les récalcitrants. Chaque municipalité fut contrainte de construire une école (un côté pour les garçons, un côté pour les filles – la mixité n’existait pas). En même temps, l’État ouvrit dans chaque département une école normale pour former les instituteurs (et institutrices). Ces instituteurs, que Péguy appelle les « hussards noirs de la République », apprenaient aux enfants lecture, écriture, calcul et sciences naturelles, mais aussi civisme et amour de la patrie. Rue d’Ulm, à Paris, on créa l’École normale supérieure pour former les maîtres des maîtres. Les Français devinrent un peuple entièrement alphabétisé. Les journaux quotidiens tiraient alors à un ou deux millions d’exemplaires (contre 200 à 300 000 aujourd’hui).
    La Troisième République fit de la Marseillaise le chant national, et du 14 juillet, la fête nationale. L’État prit le visage de « Marianne » comme symbole.
    En 1901, on vota une loi fondamentale (et toujours en vigueur) qui reconnaît la totale liberté d’association des citoyens. Il suffit d’avoir un président, un secrétaire et un trésorier, et de déposer les statuts et l’objet de l’association à la préfecture. Ainsi existe-t-il encore des milliers d’associations en France.
    À l’Assemblée, le pays trouvait son assise politique : deux droites (une droite libérale, une droite bonapartiste), deux gauches (une gauche libérale, une gauche autoritaire).
    La République sut aussi faciliter la promotion sociale et recruter un nouveau personnel dirigeant : l’instituteur de village détectait le bon élève et l’envoyait en internat à la préfecture ; s’il était doué, l’élève « montait » à Paris pour intégrer les grandes écoles.
    Cependant, appuyée sur la petite classe moyenne des villes et des campagnes, la République ne fut pas aussi clairvoyante en matière sociale.
    Elle avait autorisé les syndicats en 1884, mais sous-estima les misères de la condition ouvrière. L’industrialisation était violente. La répression de la Commune avait laissé de mauvais souvenirs aux ouvriers ; réciproquement, les républicains craignaient les pétroleuses. Aussi la Deuxième Internationale, créée en 1889, fut-elle beaucoup plus revendicatrice que la première, et l’agitation ouvrière continuelle. La CGT fut fondée en 1895 (le Labour Party anglais en 1901), peu avant la SFIO de Jean Jaurès (1905), SFIO signifiant Section française de l’Internationale ouvrière.
    Le « marxisme » devint une mode intellectuelle contraignante et les grèves furent nombreuses. Paradoxalement, le pape Léon XIII, dans son encyclique Rerum novarum , parut alors plus ouvert à la question sociale que ne l’étaient les républicains. Léon XIII recommanda cependant aux catholiques de se rallier au régime et d’abandonner leurs illusions monarchistes : ce fut la consigne du « Ralliement ».
    Malgré cela, le conflit entre l’Église et la République domina une époque où « cléricaux » et « anticléricaux » s’opposaient facilement.
    En 1905 fut votée la fameuse loi de « séparation de l’Église et de l’État ». Depuis Henri IV, la citoyenneté en France n’était plus liée à la religion, mais le concordat napoléonien (œuvre légitime, mais de circonstance) continuait d’assurer à l’Église catholique un statut particulier (ses prêtres étaient payés par l’État). La Séparation y mit fin. Finalement, l’Église y gagna.
    Toutes les croyances en France, et même l’incroyance, sont autorisées, ce qu’on appelle la « laïcité ». Cela ne signifie pas que l’État n’ait aucun rapport avec les cultes, le ministre de l’Intérieur étant obligé de débattre avec les religions des questions pratiques que pose leur libre exercice.
    Cette réforme fut, cependant, imposée de façon trop violente. Les congrégations furent bannies et les « inventaires » des

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