Toute l’histoire du monde
églises dressés, les bâtiments religieux construits avant 1905 devenant en effet propriété de l’État. Mais les modérés de la République et de l’Église réussirent à éviter les heurts frontaux. Les « inventaires » furent abandonnés.
La laïcité française, idée originale, est isolée dans une Europe où la reine d’Angleterre reste le chef de l’Église anglicane et où les Allemands paient des impôts « religieux », comme les Italiens, les Espagnols et les Polonais. En fait, beaucoup d’États sont dépourvus de religion officielle. C’est le cas des États-Unis. Mais seule la
France (avec le Mexique) est parfaitement neutre et ne confère aucune marque de reconnaissance à une religion particulière. Et, surtout, peu d’États protègent les agnostiques.
La Belle Époque fut aussi celle de la deuxième révolution industrielle. La première, dominée par l’Angleterre, avait été celle du charbon, des chemins de fer et de l’acier. La seconde fut celle de l’électricité, que l’on sut alors transporter. L’électricité n’étant pas une énergie, mais une façon commode de transporter l’énergie, il faut toujours que la production corresponde, dans l’instant, à la demande. Ce fut aussi la généralisation de l’usage du pétrole, beaucoup plus facile à manipuler que le charbon. À partir du pétrole sera inventé, en 1883, le moteur à explosion.
Le moteur à explosion permettra l’automobile et l’aviation. Les calculs techniques étaient faits depuis longtemps, mais il manquait auparavant à un Léonard de Vinci un moteur assez puissant et assez léger pour animer ses machines.
Les États-Unis et la France furent les pays phares de la seconde révolution industrielle. En 1903, les frères Wright firent voler en Amérique le premier avion (ainsi nommé par le Français Clément Ader), mais la France a été la patrie de l’aviation : en 1909, Blériot franchit la Manche et, en 1913, Roland Garros traversa la Méditerranée.
L’automobile se répandit partout. L’Américain Edison imagina le microphone et le phonographe. La photographie avait été inventée par Niepce et Daguerre ; les frères Lumière projetèrent leurs premiers films (dont L’Arroseur arrose) en 1895.
En 1898, Pierre et Marie Curie mirent en évidence la radioactivité et, dès 1905, Einstein formula sa conception de la « relativité générale » (en Allemagne et en Suisse). Freud, à Vienne, inaugura les premières cures de psychanalyse à partir de 1895. La télégraphie sans fil – la TSF – fut mise au point par Édouard Branly. L’ère de la radio commençait.
Pour fêter dignement le centenaire de la Révolution, la République organisa à Paris en 1889 une exposition universelle pour laquelle l’ingénieur Eiffel édifia une tour (qui devait être provisoire) sur le Champ-de-Mars. Tous les maires de France furent conviés à un grand banquet dans le parc des Tuileries.
Par ailleurs, à cette époque, on franchissait facilement les frontières sans passeport (Le Tour du monde en quatre-vingts jours de Jules Verne). Cette fin du XIX e siècle fut infiniment plus « mondialisée » que nous ne le sommes. Il y avait moins de paperasses, davantage de commerce international et de migrations.
La France, dépassée en hégémonie par la Grande-Bretagne et menacée par l’Allemagne, brilla cependant d’un vif éclat.
Dans les brasseries du quartier de Montparnasse à Paris se retrouvaient les plus grands peintres : Corot, Manet, Monet, Picasso, Degas, Seurat, Toulouse-Lautrec, Van Gogh, Cézanne, les impressionnistes, les cubistes, les fauves… Explosion d’art pictural qu’on peut seulement comparer à celle de la Renaissance italienne.
En littérature, nous avons rencontré Zola et Péguy à propos de l’affaire Dreyfus, mais les génies de Proust (La Recherche du temps perdu commença à paraître en 1913), de Gide (qui publia Les Nourritures terrestres en 1897) et des plus grands poètes – Rimbaud, Verlaine et Wilhlem Apollinaris de Kostrowitzky (qui prit le nom de Guillaume Apollinaire) – illustraient les lettres françaises à l’ombre des grands aînés du Second Empire. Baudelaire et Flaubert venaient juste de disparaître.
Les sommets de la liturgie républicaine furent atteints aux funérailles nationales de Victor Hugo – revenu de son exil avec la République – au Panthéon en 1885. (Enterrement qui fut souvent raconté à l’un des auteurs
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