Toute l’histoire du monde
juin 1936 : congés payés, quarante heures (auxquelles on renonça dès 1939), conventions collectives. Ce fut un échec : le PNB de 1939 sera inférieur à celui de 1929 ; le chômage resta élevé. Mais le « Front popu », avec ses occupations d’usines et ses ouvriers et ouvrières se rendant en tandem à la plage, laissa un souvenir ému dans la mémoire populaire.
En Grande-Bretagne, le travailliste MacDonald essaya la même politique. Il fut rapidement congédié par la gentry.
Pour Mussolini, ni l’intervention de l’État ni les grands travaux n’étaient une découverte. La crise le poussa quand même à instaurer en Italie une autarcie imbécile.
L’Union soviétique, monde à part, ne fut pas concernée.
En Allemagne, la crise eut des conséquences tragiques. Pour en sortir, le vieux président Hindenburg ne craignit pas de nommer chancelier, en janvier 1933, Adolf Hitler. Hindenburg s’inspirait de l’exemple du roi d’Italie, lequel avait appelé Mussolini en 1922. Mais Hitler n’était pas Mussolini, ni le parti nazi le fascisme italien – quoique, par une confusion de langage, on appelle depuis 1936 « fascisme » toute poussée populiste.
Adolf Hitler (1889-1945), d’origine autrichienne, ancien combattant de 14, était un extrémiste qui avait fondé en septembre 1920 le parti « national-socialiste ». Emprisonné pour activité séditieuse par la république de Weimar en 1924, il avait décrit en cellule, dans son livre Mein Kampf, l’« ordre nouveau » qu’il prétendait imposer à l’Allemagne et à l’Europe. La crise économique, avec ses millions de chômeurs, lui servit de tremplin.
Dès le début de 1933, Hitler appliqua son programme : en juin, il proclama le parti nazi (national-socialiste) « parti unique » et créa la Gestapo, n’hésitant pas à faire assassiner des compagnons de lutte trop indociles, tel Röhm (la nuit des Longs Couteaux en juin 1934). À la mort d’Hindenburg, il devint le seul maître, le « Führer ». Les opposants furent traqués.
Hitler, peu embarrassé de contrôle parlementaire et d’orthodoxie libérale, laissa le Dr Schacht, son ministre de l’Économie, faire du déficit. Cela marcha. Le chômage disparut et le peuple désorienté prit Hitler pour un sauveur. Hitler lança de grands travaux (les autoroutes) et la machine de guerre allemande.
Ce n’est pas sa politique économique qui différencia Hitler de la politique interventionniste du New Deal. C’est son idéologie.
Le nazisme fut, comme le communisme, une religion. Aujourd’hui, nous avons tendance à mettre les deux dans le même sac sous le nom de « totalitarisme ». Mais il y a des différences essentielles. Les bolcheviks aspiraient au bonheur de l’humanité, fût-ce en tuant les hommes ; le nazisme ne voulait que celui de la race des seigneurs.
Adolf Hitler nourrissait une véritable obsession antisémite. Or, les juifs allemands étaient peut-être les plus allemands des Allemands. Cela ne les disculpait pas aux yeux de Hitler. Il développa un délire raciste et se mit à persécuter les juifs. La plupart des grands intellectuels allemands et juifs, dont Einstein, durent s’enfuir.
Autre différence : le marxisme se disait rationaliste et se réclamait des Lumières et du progrès ; le nazisme se voulut profondément antirationnel. Il exalta l’instinct vital, brûla les livres et exploita les passions les plus obscures de l’être humain : la haine de l’autre, le plaisir sadique, l’anéantissement dans le collectif.
D’une certaine manière, le communisme de Lénine était prévisible : poussée à haute température du despotisme éclairé et du désir d’égalité de la Révolution française. Par ailleurs, l’espérance communiste étant une laïcisation du messianisme judéo-chrétien, on enseignait à peu près la même morale dans les écoles catholiques qu’aux jeunesses communistes : le travail, l’effort (le stakhanovisme), le respect des adultes…
Le nazisme, au contraire, était imprévisible : religion de la mort ; resurgissement inouï dans l’Allemagne moderne de la religion assyrienne, mais resurgissement caricatural, sans l’art ni la poésie, mais toujours avec les sacrifices humains pratiqués à une échelle inconnue de Téglath – Phalazar et d’Assurbanipal.
Le nazisme fut aussi une exaltation de la jeunesse. Certes, ni les jeunes communistes ni les scouts de Baden-Powell n’ignoraient
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