Toute l’histoire du monde
Popular », le général Franco souleva les garnisons du Maroc espagnol (lors de l’établissement du protectorat français, une petite zone au nord avait été accordée à l’Espagne, qui garde encore aujourd’hui Ceuta et Melilla) et prit la tête d’un « pronunciamiento militaire » – expression célèbre de De Gaulle -, appuyé par la droite espagnole (la Phalange de Primo de Rivera). L’Espagne se trouva coupée en deux : l’Ouest (à l’exception du Pays basque) aux putschistes ; l’Est, avec Madrid et Barcelone, à la République du Frente Popular. Immédiatement, Hitler et Mussolini soutinrent les nationalistes (de cette époque date la fortune du mot « fascisme »). Hitler envoya la Luftwaffe, qui bombarda Guernica ; le Duce, des troupes italiennes aux côtés de Franco.
Face à la provocation d’un coup d’État soutenu par l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste contre la République espagnole, les démocraties anglaise et française se montrèrent molles. Certes, le gouvernement du Front populaire essaya d’aider les républicains. Il leur fit passer clandestinement des avions. C’est ainsi qu’André Malraux, jeune écrivain célèbre qui venait de recevoir le prix Goncourt, se retrouva chef de l’escadrille « Espagna », alors qu’il ne savait pas piloter – mais montait bravement dans les avions comme observateur. (Malraux n’apprit jamais non plus à conduire une automobile.) Il était l’ami d’un certain Jean Moulin, chef de cabinet du ministre de l’Air Pierre Cot. Malraux écrivit un livre sur l’Espagne : L’Espoir. Il put y tourner aussi un film portant le même titre. Indécis, Léon Blum refusa d’engager la République française au secours de la légitimité républicaine espagnole, et le Front populaire français aux côtés du Frente Popular.
En Espagne, la guerre civile était sanglante ; les deux parties représentaient des conceptions du monde inconciliables. Beaucoup d’intellectuels (à l’époque, ils savaient se battre) s’engagèrent du côté républicain, tels Malraux ou l’Américain Hemingway {Pour qui sonne le glas) y ou du côté franquiste, tel Bernanos. Cependant, Bernanos, dégoûté par la cruauté des fascistes espagnols, les quitte vite pour écrire contre eux le terrible réquisitoire des Grands Cimetières sous la lune. Les écrivains espagnols se divisèrent : Federico Garcia Lorca et Miguel de Unamuno.
Contrairement aux démocraties, l’Union soviétique ne craignit pas de s’engager aux côtés des républicains, les prenant en main du même coup et éliminant les anarchistes. Ce fut l’aventure des « Brigades internationales », dirigées en fait par les Russes, mais dans lesquelles s’engagèrent des milliers de jeunes communistes de tous les pays.
L’Espagne servait ainsi de banc d’essai à Hitler, Mussolini et Staline ainsi qu’à leurs idéologies. Rassurées par l’inaction des démocraties, l’Allemagne et l’Italie, qui avaient quitté la SDN, signèrent entre elles un pacte qu’on appela l’« Axe ».
Ce fut l’erreur de Mussolini. Jusque-là, les Italiens l’avaient soutenu. Mais ils n’aimaient guère les Allemands et détestaient Hitler, et les dérives de Mussolini inspirées par lui. L’antisémitisme leur est étranger. Les Italiens passèrent de l’enthousiasme à une passivité mécontente et beaucoup d’intellectuels, dont Malaparte, rompirent avec le Duce.
À l’Axe se joignit alors le Japon par le « Pacte anti-Komintern ». L’empire du Mikado, très impérialiste, voyait dans les querelles occidentales l’occasion d’occuper la Chine sans qu’on l’en empêche. De fait, il occupa toute la Chine orientale avec Pékin, Nankin, Canton. Tchang Kaï-chek se réfugia dans les montagnes de l’ouest et un chef communiste encore peu connu, Mao Tsé-toung (qui se réconcilia avec Tchang), dans celles du nord.
En réalité, le Japon se souciait peu d’affronter l’URSS ; il voulait seulement avoir les mains libres en Asie du Sud-Est. De fait, l’URSS et le Japon ne se firent jamais la guerre. Car on ne peut appeler ainsi l’intervention tardive et symbolique de Staline : le 9 août 1945 seulement, il fit occuper la Mandchourie et l’île de Sa-haline. Jamais la frontière russo-japonaise ne fut troublée pendant la Seconde Guerre mondiale. Staline savait parfaitement que le « Pacte anti-Komintern » n’était, dans l’esprit des Japonais, pas dirigé
Weitere Kostenlose Bücher