Toute l’histoire du monde
interviendra plus tard, celle du capitalisme libéral dès 1929.
Les bénéfices de la Bourse ne peuvent atteindre les 15 % l’an (qu’exigent les Fonds de pensions américains). Une économie prospère progresse normalement au tiers de cette norme. Les périodes de construction (Chine) ou de reconstruction (France) peuvent pousser la croissance à 10 %. La France pompidolienne et le Japon des années 1980 enregistreront des pointes à 8 %. Le surplus est pure spéculation. Or la spéculation, comme le gain aux jeux de hasard, ne peut durer. En 1929, il y avait en Amérique des enrichissements formidables.
Le 24 octobre, cette bulle spéculative explosa. Tout reposait sur la confiance, et celle-ci disparut d’un coup. On en connaît les raisons : surévaluation des actifs, abus du crédit à la consommation, spéculations hasardeuses. La crise boursière de Wall Street fut d’autant plus grave que n’existait aucune des institutions interétatiques créées depuis (Fonds monétaire international, etc.).
Les faillites se multiplièrent (firme Hatry, Photomaton) et se diffusèrent (Kredit Anstalt à Vienne). Des hommes d’affaires se suicidèrent, se jetant du haut des gratte-ciel. Les prix baissèrent d’un coup de 20 %. Le commerce mondial s’écroula. Aux États-Unis, le quart de la population active se retrouva sans ressources. En Allemagne, on compta jusqu’à 6 millions de chômeurs (à l’époque, il n’y avait pas d’indemnités) et la crise fut aggravée par une hyper-inflation déjà ancienne (1923). Le roman de Steinbeck Les Raisins de la colère décrit l’ambiance de 1929. Seule l’URSS, qui vivait en autarcie dans une économie dirigée, ne fut pas touchée.
Que faire ? L’administration républicaine se révélait incapable de stopper l’hémorragie. Franklin Delano Roosevelt, démocrate, fut élu à l’automne 1932. Il sera constamment réélu jusqu’à sa mort en 1945. Il s’entoura de personnalités ( brain trust ) et proclama le « New Deal » (la « nouvelle donne ») en disant dans un discours célèbre : « We have a rendez-vous with History. »
En cent jours, la nouvelle équipe fit preuve d’un impressionnant volontarisme : dévaluation du dollar ; contrôle du crédit ; loi agricole (Agricultural Adjuste-ment Act – AAA) ; loi industrielle (National Industrial Recover Act – NIRA) afin de lutter contre la baisse des prix ; accords sociaux par branches professionnelles ; politique de grands travaux, en particulier l’équipement de la vallée du Tennessee (Tennessee Valley Authority -TVA).
Les économistes commençaient à se rendre compte que le libéralisme total était une utopie. Le plus connu d’entre eux, l’Anglais John Maynard Keynes, publia sa Théorie générale en 1936. Il y préconisait l’intervention de l’État pour assurer le plein emploi, allant jusqu’à préconiser le déficit budgétaire. Roosevelt n’a jamais rencontré Keynes.
Roosevelt « relançait » d’un côté, et cherchait à réduire les dépenses de l’autre. Il avait pourtant compris que l’économie n’est pas une science, mais un art d’exécution. Son respect exagéré des équilibres budgétaires fit du New Deal un demi-échec (ou une demi-réussite) : en 1939, le revenu national américain n’avait pas retrouvé le niveau de 1929 et il restait 20 % de chômeurs. Roosevelt a, par ailleurs, inventé un style politique moderne : causeries au coin du feu, équipes d’experts, communication…
Depuis 1929, les États-Unis ne sont plus une puissance vraiment libérale. La Banque fédérale, la FED (contrairement à l’actuelle Banque européenne), poursuit un objectif de plein emploi, et non de simple stabilité monétaire. Et le gouvernement américain ne craint pas de creuser ses déficits pour « relancer ».
En France, la crise sera moins forte – assez cependant pour créer une agitation politique. Le 6 février 1934, les organisations d’extrême-droite, « les ligues » (dont l’Action française de Maurras) suscitèrent une émeute place de la Concorde ; il y eut des morts.
Aux élections de mai 1936, les partis de gauche l’emportèrent. Ce fut le « Front populaire ». Les socialistes gouvernèrent avec le soutien des communistes et l’accord des radicaux.
Léon Blum devint président du Conseil pendant un an (juin 1936-juin 1937). S’inspirant de Roosevelt, il conclut avec les syndicats les « accords de Matignon » du 7
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