Toute l’histoire du monde
française ?
La campagne de France
L’effondrement de l’armée française en mai 1940 fut un événement qui frappa le monde de stupeur. Il marque encore la psychologie actuelle des Français.
La véritable cause de cet événement est toujours mal admise.
La France passait dans le monde entier pour la nation militaire par excellence, celle de Condé, de Kléber et de Napoléon, dont les soldats avaient montré à Verdun autant d’héroïsme que les spartiates aux Thermopyles. C’était à l’École de guerre de Paris que la crème des officiers américains venait prendre des cours.
L’annonce de l’anéantissement, en quatre semaines, de son armée produisit une onde de choc sur toute la Terre. Roosevelt raconte qu’il ne voulut pas y croire. Il y eut alors partout, et en France d’abord, un effet de « sidération ». Même Hitler fut surpris – jusqu’à danser de joie, ce qui n’était pas son genre. La planète entière en resta « bouche bée ».
Pour l’expliquer, on dit souvent que les Français n’avaient pas d’armes modernes ou, pis encore, que les soldats furent lâches. On connaît l’ignoble phrase de Céline : « Six mois de belote, trois semaines de course à pied. »
Rien n’est plus faux.
Les armes, d’abord. Les armées allemande et française étaient comparables et aussi modernes l’une que l’autre. Égales en effectifs – trois millions d’hommes, bien que l’Allemagne soit alors deux fois plus peuplée que la France -, elles étaient l’une et l’autre « duales ».
Les deux tiers des mobilisés, de chaque côté, allaient à pied ou en charrettes à chevaux, comme en 14 ; mais chacune des deux armées comprenait un corps de bataille d’un million de soldats jeunes, bien armés, mécanisés.
Les choix stratégiques étaient différents. La France accordait beaucoup d’importance à la ligne fortifiée qui portait le nom de l’ex-ministre de la Guerre Maginot, dressée à l’Est, face à l’Allemagne, avec ses forteresses imprenables (chemins de fer souterrains, etc.) – et que les Allemands, d’ailleurs, n’essayèrent pas de prendre. Au sud de la Belgique, il n’y avait pas de fortifications. Mais les Français savaient depuis 14 que la neutralité belge serait violée. Ils avaient donc massé là leur corps de bataille, combatif et moderne.
On comptait le même nombre de chars d’assaut des deux côtés (et, en matière de chars lourds, les Français surclassaient les Allemands, qui à l’époque n’en possédaient pas) : à peu près un millier de blindés dans chaque camp.
Cependant, il existait un problème d’emploi : en France, les chars étaient répartis dans les régiments et divisions ; en Allemagne, ils étaient regroupés en divisions blindées, les Panzerdivisionen. Le commandement allemand appliquait les théories d’un colonel français, Charles de Gaulle, qui avait publié livres et articles à ce sujet.
Après une guerre héroïque en 14 et une captivité emplie d’évasions en Allemagne, de Gaulle participa à l’instruction de l’armée polonaise qui contint l’Armée rouge. Il avait compris que le « moteur cuirassé » permettait aux armées de réinventer ce qu’avait été la cavalerie sous Napoléon : rapidité, choc. Pour cela, il fallait regrouper les chars en divisions spéciales. Il préconisait de créer une dizaine de divisions blindées, accompagnées d’infanterie portée. Il s’était beaucoup battu pour diffuser ses idées. Protégé au début par Pétain, il s’en était séparé sur cette question précise, le Maréchal étant un partisan acharné de la guerre de tranchées.
De Gaulle n’eut pas davantage de succès avec les hommes politiques – qu’il harcela tous, qu’ils fussent de gauche ou de droite. Le président du Conseil, Léon Blum, le reçut. Seul Paul Reynaud, un libéral de droite, l’écouta.
La grande souffrance de De Gaulle fut de voir ses idées appliquées en Allemagne. Les généraux allemands, dont Guderian, le lisaient. Hitler, dans son génie, avait compris l’importance des blindés. Il ne faut pas croire que les méchants sont stupides. Le Führer fut un génie du mal, mais il sut créer les Panzerdivisionen. En 40, l’Allemagne en alignait dix.
Ce n’est pas la même chose d’avoir mille chars dispersés et d’en avoir mille regroupés en dix Panzerdivisionen.
Mais cette erreur d’emploi des blindés ne réglait pas forcément le sort de la
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