Toute l’histoire du monde
bataille. La France possédait par ailleurs beaucoup moins d’avions que n’en avait la Luftwaffe. Mais l’alliance franco-anglaise en alignait autant : le succès de la RAF au cours de la bataille aérienne d’Angleterre le prouvera.
Quant au courage des soldats, il était grand de chaque côté. Certes, ni les Français ni les Allemands, à l’exception des Hitlerjugend, n’étaient partis en 39 la fleur au fusil comme en 14. Mais les Français firent leur devoir.
On compta de part et d’autre des dizaines de milliers de morts en un mois, autant que pendant les mois difficiles de la guerre de 14. Il y eut très peu de déserteurs. Nous connaissons le moral des troupes par le service du courrier, qui ouvrait les lettres. Il était bon. L’armée française de 40 n’était pas indigne de la République.
Il faut récuser une légende dont le poids pèse sur l’inconscient des Français : la France ne fut pas battue en mai 1940 faute d’armes ou de courage. Elle fut battue par le génie du commandement allemand opposé à la profonde bêtise du commandement français ! Malgré le mauvais emploi des chars français, la bataille était loin d’être jouée – et les généraux nazis en avaient conscience.
C’est l’intelligence foudroyante du plan de bataille hitlérien qui terrassa la bêtise épaisse de la plupart des grands chefs français, dont Gamelin est l’exemple type -sans parler de l’amiral Darlan, dont la flotte se sabordera plus tard inutilement. Car les amiraux français se montrèrent encore plus nuls que les généraux ; ce qui explique qu’on en verra tant parader à Vichy. Les Juin, de Gaulle, de Lattre, Leclerc étaient pourtant déjà à l’œuvre en 40, mais à des postes subalternes. Hitler, lui, avait su promouvoir Guderian, Rommel et les autres.
La campagne de France en 40, ce fut Austerlitz à l’envers.
D’abord, le piège : attirer le corps de bataille français loin du théâtre véritable. Les paras allemands sautèrent sur Liège et Gamelin tomba dans le piège, envoyant l’ensemble de son corps de bataille à 200 kilomètres au nord.
Ensuite, la surprise : les Panzerdivisionen regroupées forcèrent la porte là où on ne les attendait pas, jugeant leur progression impossible sur ce terrain : la forêt des Ardennes, montueuse, touffue, quasi dépourvue de routes (comme Hannibal passant les Alpes avec ses éléphants). Le corps de bataille allemand déboucha donc à Sedan, alors que celui des Français était en Belgique. Puis il fonça vers l’ouest, où il n’y avait plus rien pour l’arrêter, entre le 10 et le 16 mai.
Il faut rappeler ici que les gouvernements avaient quand même changé chez les Alliés. En France, Paul Reynaud était arrivé au pouvoir en mars. On avait poussé la formation de divisions blindées. C’était trop tard. On réussit malgré tout à en aligner quatre. Seule la plus hâtivement constituée, la 4 e division, put combattre dès le 17 mai au nord de Laon, à Montcornet, puis vers Abbeville. Le colonel de Gaulle, qui la commandait, y gagna ses galons de général à titre provisoire. Mais les Panzer atteignaient la Manche.
Le corps de bataille français – comprenant le corps expéditionnaire anglais – était coupé, et la bataille décisive perdue. Belges et Hollandais capitulèrent.
La Navy réussit à rembarquer sur les plages de Dunkerque 330 000 hommes, dont 200 000 Anglais, sans leur matériel. L’armée alliée était anéantie.
Voyant cela, Mussolini, à son déshonneur, déclara la guerre à la France : le « coup de poignard dans le dos ».
En plein désastre, Winston Churchill fut élu Premier ministre le 10 mai. Le 13 mai, il déclarait aux Communes : « Je n’ai à vous offrir que du sang, des peines, des larmes et des sueurs. »
Paul Reynaud remania son cabinet et y fit entrer de Gaulle, qui quitta sa division pour devenir ministre, sous-secrétaire d’État à la Guerre. Ce choix se révéla important pour la suite. Car le fait que de Gaulle soit ministre lui permit de rencontrer Churchill à plusieurs reprises et lui donna les moyens matériels de l’action.
Mais, après Dunkerque, les grands chefs français baissèrent les bras. Weygand, rappelé de Syrie, n’avait pas la largeur de vue nécessaire. Une fois Gamelin congédié, il essaya un combat pour l’honneur sur la Somme. Le 14 juin 1940, la Wehrmacht défilait dans Paris abandonné pour Bordeaux par un gouvernement
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