Toute l’histoire du monde
rendirent (Challe) ou se lancèrent dans la folie terroriste de l’OAS (Salan). En juillet 1962, après des accords négociés à Évian, l’Algérie accéda à l’indépendance.
Ce fut une grande tragédie. De Gaulle avait espéré que les « Européens » pourraient rester dans le pays de leur enfance et contribuer au développement de l’Algérie. Le fanatisme des gens de l’OAS et aussi, il faut le dire, la courte vue des dirigeants du FLN ne le permirent pas (la grandeur d’un Nelson Mandela fut d’avoir réussi à conserver les Afrikaners en Afrique du Sud). Un million de pieds-noirs s’enfuirent vers cette métropole qu’ils n’avaient jamais vue pour la plupart, mais où ils s’insérèrent remarquablement. La France y a gagné, mais l’Algérie y a perdu.
Ce fut une amputation. Était-elle évitable ? Aucun autre dirigeant que de Gaulle n’aurait pu résister à une insurrection militaire. Les travailleurs algériens continuèrent d’émigrer en France.
L’indépendance de l’Algérie marqua la véritable fin de l’ère coloniale.
Au Congo belge (devenu Zaïre, puis redevenu Congo), les Belges partirent avec précipitation. Comme ils n’avaient formé aucun cadre africain, ils laissèrent derrière eux le chaos.
Les Portugais, jusqu’à la chute de Caetano en 1975, seront les derniers à se battre pour conserver leurs colonies africaines de Guinée-Bissau, d’Angola et de Mozambique.
En Afrique du Sud, pays dans lequel existait, avec le peuplement hollandais, une espèce d’« Algérie française » du Cap, la sagesse des parties, le génie de Mandela et peut-être l’appartenance commune des adversaires à la même religion aboutirent à un compromis, qui mit fin à l’apartheid en 1991. Mandela devint président en 1994. La décolonisation semblait achevée.
Dix ans plus tard, l’Afrique Noire est menacée par l’anarchie. Les États, issus de circonscriptions coloniales, y sont artificiels. L’exode de ses cerveaux, le sida, les guerres civiles ravagent le sous-continent. La communauté internationale s’en lave les mains comme au Rwanda en 1994 (malgré une intervention française symbolique) au risque d’être accusée de complicité de génocide ; ou bien elle s’interpose militairement, comme en 2004 où la France est intervenue en Côte d’Ivoire, au risque d’être soupçonnée de néo-colonialisme.
En Afrique, plus qu’ailleurs, beaucoup de peuples n’ont pas encore digéré la modernité.
Israël et les Palestiniens
Le conflit israélo-palestinien n’est pas un western, c’est une tragédie. Dans un western, il y a les bons et les méchants ; dans une tragédie, tout le monde a raison (ou tort).
Le judaïsme antique avait deux faces : une religion traditionnelle où les prêtres faisaient des sacrifices d’animaux dans un temple ; une religion d’assemblée où les croyants se réunissaient dans des synagogues pour écouter et méditer les Écritures.
En l’an 70 de notre ère, le futur empereur Titus avait écrasé une insurrection juive en détruisant le temple de Jérusalem.
En l’an 135, l’empereur Hadrien dispersa les juifs, à la suite d’une nouvelle insurrection.
Le judaïsme devint alors une religion dispersée – la diaspora -, sans Temple, gardant seulement la nostalgie de la Palestine (« l’an prochain à Jérusalem »). Ce que nous voyons au journal télévisé, ce sont les soubassements du Temple détruit, le mur des Lamentations ; et les mosquées qui furent construites sur son esplanade, le dôme d’Omar et El-Aqsa. Les juifs restés en Palestine sont devenus chrétiens, puis musulmans (à l’exception d’une petite communauté autorisée à revenir en 394). Ceux de la diaspora se sont établis un peu partout dans le monde autour des synagogues qui s’y trouvaient déjà (voir les épîtres de Paul).
Il y eut beaucoup de conversions au judaïsme, depuis les tribus berbères du Maghreb (le directeur du Nouvel Observateur , Jean Daniel, est un indigène maghrébin) jusqu’aux castes dirigeantes du royaume turc des Khazars. Il y aura même un État juif sur la Volga. On ne saurait déduire de leurs faciès la religion de Smaïn, de Djamel Debouzze ou d’Enrico Macias, et le Kabyle Zinedine Zidane est physiquement plus « européen » que Gérard Darmon. D’où la difficulté d’expliquer que Sharon, de type slave, est plus sémite qu’Arafat, lequel correspond trait pour trait à la caricature du juif
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